Evocation d’Elizabeth 1er reine d’Angleterre, fille du très puissant Henry VIII et d’Anne Boleyn. A la mort de sa mère, qui fut décapitée sur ordre du roi, Elizabeth quitte la cour d’Angleterre pour Hatfield House, où elle reçoit une éducation adaptée à son rang. C’est sous la protection de la sixième et dernière épouse d’Henry VIII qu’elle retrouvera sa place à la cour royale. Proclamée reine en 1558 , elle régna dans un monde dominé par les hommes. Elle sut diriger le royaume, maitrisant le jeu du pouvoir. Son règne offrit à l’Angleterre, l’une des plus fastueuses de son histoire.
Il fallait beaucoup de talent et de respect pour traiter l’histoire de ce personnage marquant de l‘histoire de la monarchie Anglaise. « Elizabeth » de Shekhar Kapur est en l’occurrence une véritable réussite, en bien des points. Le premier étant sa réalisation. En effet, le réalisateur donne une vision proche de la réalité de la reine, mais surtout, se garde bien de sombrer dans l’idolâtrie de bas étage. Shekhar Kapur utilise les nuances sociales et humaines d’une reine hors du commun, marquée par les ombres d’une mère et d’un père hors normes. En effet, fille du très célèbre Henry VIII et de sa seconde épouse Anne Boleyn qu’il finit par faire décapiter, Elizabeth souffre des turpitudes de son père et de la mort de sa mère. Dans une société principalement dirigée par les hommes, la reine doit s’imposer et passer à travers les mailles du filet des intrigues. Mais elle doit aussi gérer ses blessures intimes qui feront d’elle une reine sans roi.
La réalisation de Shekhar Kapur a cela de réussit qu’elle parvient avec une certaine pudeur à plonger dans l’intimité d’une femme rongé par le souvenir de ses ancêtres et meurtris par les hommes qui n’ont de cesse que de vouloir l’abattre. Le réalisateur soigne les détails, mais sait aussi nuancer son discours et donne une image de la reine aussi proche de l’icône que des ambigüités de cette femme qui régna pendant 40 ans et offrit à l’Angleterre sa période la plus fastueuse. Jamais dans la caricature, le réalisateur maitrise son sujet et sait marquer ses distances quand le besoin s’en fait sentir, pour nous offrir une reconstitution historique minutieuse et magistralement mise en scène.
Pour cela le réalisateur se repose sur une interprétation impeccable et habitée de sa comédienne principale Cate Blanchett (Le seigneur des anneaux), dont la prestation fut couronnée par une Golden Globe et une nomination aux oscars. L’actrice est littéralement possédée par la monarque, et se laisse aller à une composition résolument impeccable. Rarement un personnage historique ne fut interprété avec autant de justesse et de pudeur et l’on sort de ce film réellement hypnotisé et complètement sous le charme de l’actrice. Bien évidemment le reste de la distribution vient compléter une brochette de talent déjà bien coordonnées au sujet, à commencer par Richard Attenborough (Jurassik Park) et Joseph Fiennes (Shakespeare in love) qui vient confirmer tout le talent romantique de ce comédien.
En conclusion « Elizabeth » est à coup sur l’une des fresques historiques les plus réussit de l’histoire du cinéma. Avec une mise en scène minutieuse et une interprétation habitée. Un véritable chef d’œuvre à découvrir d’urgence pour toute l’intelligence de sa mise en scène et de son scénario impeccable.