Critique de Nicolas Polteau
Synopsis
10 ans ½, 1m39, les parents, les disputes, les amis, le premier Amour, la rivalité, l’école, l’autorité et ses quelques kilos de trop... Autant de choses qui font le monde de César, qui nous raconte son histoire, ses premiers pas vers l’adolescence. Si César parle peu, par timidité, en revanche il pense énormément. Et forcément, comme ses parents ne prennent pas le temps de lui raconter la réalité, il l’imagine...
Critique subjective
Moi César, 10 ans ½, 1m39 est le deuxième film de Richard Berry en tant que metteur en scène. Son premier passage derrière la caméra s’est déroulé deux années auparavant pour la réalisation de L’Art (délicat) de la séduction. Ce nouveau film s’avère relativement opposé à son premier long métrage. Le parti pris par Richard Berry est ici assez simple : faire un film sur l’enfance avec les yeux d’un seul enfant. C’est à dire se mettre à sa place, au niveau subjectif (voix off) mais aussi matériel. En raison de cette vision novatrice, une partie du film a été tournée à 1m39 de hauteur. Le résultat est probant ! Outre une réalisation technique ingénieuse, le film propose une intrigue plaisante (même si parfois inconcevable). Les spectateurs ainsi que les critiques ne se sont pas trompés en plébiscitant Moi César, 10 ans ½, 1m39 comme un excellent film.
L’enfance : le thème principal du film
Pour Richard Berry, l’enfance est une phase importante de la vie, une sorte de pont entre deux rives. Ses propos le démontrent : « L'enfance est une période essentielle, fondatrice. Même si elle est heureuse, elle est jalonnée d'expériences parfois douloureuses et de circonstances qui fabriquent l'adulte. » Il dit aussi qu’avec l’âge, l’homme oublie ses souvenirs d’enfance : « Peut-être pour oublier, en grandissant, les gens s'éloignent de cette période. Ils font taire cette petite voix sans compromis et pleine de bon sens avec laquelle ils commentaient le monde. » Ce thème lui tient particulièrement à coeur, et à travers ses expériences passées mais également celles de sa fille, il a donc décidé de réaliser un film sur le sujet. Il s’est consacré à développer les liens entre les enfants et les parents mais surtout, les relations entre les enfants (amitié, rivalité, amour) avec tous les lieux qui sont de mises (école, maison).
Presque tous les ingrédients sont réunis !
Pour réaliser ce projet ambitieux, Richard Berry s’est entouré non seulement d’une équipe technique compétente mais également d’un groupe d’acteurs convaincant ! Tout d’abord du côté technique. On retrouve le directeur de la photographie, Thomas Hardmeier, qui a su enjoliver l’image avec des cadrages appropriés : vue en contre-plongée pour se mettre à la place de l’enfant, utilisation judicieuse de la grue et de la steadycam. Signalons aussi la remarquable composition de Reno Isaac qui nous rappelle de temps à autre la formidable bande originale duFabuleux destin d’Amélie Poulain, une comparaison flatteuse. Autre point de satisfaction, la performance des comédiens, et notamment, celle des enfants. Mention spéciale à Jules Sitrukqui est vraiment très touchant dans le rôle de César. N’oublions pas la pléiade de seconds rôles tous aussi bons les uns que les autres, comme par exemple Maria de Medeiros (Pulp Fiction),Jean-Philippe Ecoffey (La Reine Margot), Jean-Paul Rouve (Monsieur Batignole), Jean Benguigui(Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre)... Cependant quelques défauts subsistent, du côté du scénario par exemple. La dernière partie du film s’enlise dans une intrigue secondaire pas toujours captivante, notamment l’improbable voyage à Londres. On a dû mal à s’imaginer trois enfants de 10 ans organisant un week-end à Londres, sans que leurs parents ne s’aperçoivent de la supercherie. C’est difficile à croire !
Verdict
Malgré quelques passages pour le moins improbable (voyage à Londres), Moi César reste un film émouvant, profondément humain où la magie de l’enfance est parfaitement cernée. Le portrait de Richard Berry rappellera sans nul doute de bons souvenirs à certains parents !