Maria est une jeune fille qui rêve de liberté et ne supporte pas les interdits. La mère supérieure du couvent où elle tentait de faire sa vie, l’envoie au service de la famille Von Trapp en tant que gouvernante. Sous l’Autriche de plus en plus fasciste, Maria va découvrir l’amour et le courage.
Donner son avis sur « La mélodie du bonheur », c’est aussi risqué que de le faire avec « West Side Story » ou encore « Annie ». On s’attaque ici à l’une des comédies musicales les plus populaires de l’histoire du cinéma et l’une de celles qui ne cessent d’être rejouées sur scène, avec toujours autant de succès. Alors forcément les gouttes de sueur commencent à perler sur mon front dégarni par des années de réflexions sur des films en tout genre du meilleur comme du pire. Car enfin comment ne pas me tromper ? Comment ne pas passer à côté d’un message hautement subliminal qui me vaudrait les foudres d’un internaute mécontent de l’avis d’un scribouillard de seconde zone derrière un clavier d’ordinateur rongé par la honte d’avoir sali un chef d’œuvre transcendantal et métaphysique, comme cela m’était déjà arrivé avec un film de genre horrifique bavard ? Et bien le meilleur moyen semble être l’honnêteté à tout prix. Alors c’est parti !
Il y a quelque chose d’hypnotisant dans « La mélodie du bonheur », un regard faussement naïf sur une société qui commence à regarder le mal d’un œil un peu fébrile, sachant bien qu’elle ne pourra se refuser à lui. Avec ses chansons édulcorées, ses textes joyeux et l’ensemble parfois en décalage avec la contre lecture du film, à l’image du duo entre Rolf et Liesl qui, sur un ton léger parle des ambitions du jeune homme qui se voit évoluer dans une armée nazie en plein recrutement de sa jeunesse. Toute l’intelligence de la mélodie du bonheur tient en cela qu’elle manie avec subtilité l’émotion et la raison. Mais la comédie musicale de Robert Wise (West side Story), écrite par le tandem Richard Rodgers et Oscar Hammerstein déjà à l’origine de la non moins célèbre : « Le roi et moi », ne s’arrête pas à une simple réflexion sur la montée du nazisme, elle va un peu plus loin en donnant une réflexion sur le courage, l’amour et les choix de l’existence face à une situation qui leur échappe totalement. Sous un visage faussement édulcoré, « La mélodie du bonheur » plonge le spectateur au cœur d’un drame familial, tout en l’entrainant dans les images d’Epinal de l’Autriche au rythme de mélodies joyeuses et naïves.
Et le charme de Julie Andrews y est certainement pour beaucoup, car l’actrice que l’on avait déjà vu dans « Mary Poppins » confirme cet incroyable talent qu’elle a de donner le sourire au gens et de les entrainer avec une facilité déconcertante. Le film est d’ailleurs à découvrir ou a (re) découvrir plutôt en version originale qu’en version française, pour ne pas être gêner par un doublage pas forcément très rigoureux. La comédienne tient le film sur ses épaules et entraine l’ensemble de la troupe dans son énergie contagieuse, et donne à son personnage de Maria Von Trapp la solidité et parfois l’arrogance déconcertante que l’on prêtait à la véritable, qui fait d’ailleurs une apparition fugace dans le film.
Mais « La mélodie du bonheur » c’est aussi une mise en scène énergique et parfaitement dosée qui repose sur un scénario, certes un peu naïf, mais totalement en accord avec le but recherché : Offrir 2h50 de bonheur au spectateur. Le film ne s’offre que de très rare temps de pause et passe aussi bien de la chanson légère « The sound of Music » à celle un peu plus grave « Edelweiss » qui sonne comme une hymne à la résistance. Inspiré du livre autobiographique de Maria VonTrapp, « La mélodie du bonheur » donne certes une version plus édulcorée, mais finalement tout en relief de l'histoire de la famille Von Trapp, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
En conclusion, « La mélodie du bonheur » de Robert Wise est certainement l’un des comédies musicales, avec « West Side Story » les plus remarquables de toute l’histoire du cinéma américain. Sous ses airs faussement naïfs, le film est une réflexion intelligente sur le courage et la résistance face à la dictature naissante.