Davis 16ans, Trafique de stupéfiants, Angel 15 ans Vol de voiture avec violence, Butch 17 ans agression sur un officier de probation. Une même sentence : La prison pour délinquants juvéniles d’Enola Vale. Arrivés au centre, ils devront choisir leur camps : Bourreau ou victime.
Le réalisateur français Kim Shapiron s’était déjà fait remarquer avec son premier film «Sheitan» en 2006. Le réalisateur aime mélanger avec subtilité, violence pure et reflexion surprenante pour un réalisateur de cet âge (tout juste 30 ans). Fils de Kiki Picasso, un graphiste, peintre célèbre, Kim Shapiron possède un sens inné de la mise en scène plus proche de la réalité sans en oublier un goût évident pour bousculer les idées et donner un rythme soutenu à son propos quitte à se mettre lui-même en danger. Car le tournage de «Dog Pound», ne fut pas de tout repos, en particulier parce qu’il a fait le choix pour donner plus de réalisme, de filmer dans une véritable prison juvénile, avec de véritables prisonniers, même si le risque de voir le tournage virer au cauchemar pouvait parraitre évident. Le réalisateur souhaite avant tout donner du réalisme à son propos pour ne pas sombrer dans la caricature inévitable des films de prisons.
Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y parvient aisément, car le spectateur sombre littéralement dans l’horreur de cette emprisonnement, dont on peut évidemment se poser la question de la pertinence d’une telle peine aux vues des faits reprochés. Kim Shapiron pose le débat avec froideur et tente avec beaucoup d’intelligence de dépeindre le calvaire de ces trois jeunes venus affronter une réalité sordide dont ils vont chacun, à leur manière, tenter de se sortir. Et c’est là toute la force du scénario de «Dog Pound» que d’appuyer là où ça fait mal car, même si l’on peut reprocher au film d’avoir un discours volontairement choquant, il n’en demeure pas moins particulièrement crédible, en ne forçant pas plus que de raison le trait sur l’un ou l’autre des protagonistes. Les gardiens ne sont pas tous mauvais, les prisonniers ne sont pas tous gentils et innocents. Tout cela participe à un grand meltin’pot de violence et de tristesse.
Le réalisateur se repose d’ailleurs sur la force de sa distribution, à commencer par Adam Butcher (The bridge) que l’on avait encore jamais vu à ce point crédible dans un scénario. Car, non content d’avoir vécu la prison pendant le tournage, l’acteur du haut de son jeune âge transcende son rôle et se laisse littéralement porter par ses émotions, au point d’en faire ressentir au spectateur toute l’horreur. La composition de Butcher a cela de térrifiante, qu’elle n’est pas sans rappeller celle de Brad Davis dans «Midnight Express». Chacun des comédiens participent à la réussite de «Dog Pound» notamment le méchant, qui se trouve être dans la vraie vie un véritable méchant, issue de ces prisons juvéniles. Le jeune homme utilise son expérience pour donner plus de réalisme à son personnage et cela paie dès les premières minutes..
En conclusion, «Dog pound» est un véritable film coup de poing, parfaitement maitrisé par son jeune réalisateur Kim Shapiron, qui prouve avec ce nouveau film toutes les qualités que l’on pensait de lui. A voir doublement pour l’impeccabilité de sa distribution et la force de son scénario.