Brisby et le secret de Nimh

La situation est grave : La famille de la souris Brisby doit déménager au plus vite, mais le fils Timothy est très malade et ne peut se déplacer dans le froid. Mme Brisby est contrainte d’aller demander de l’aide à ses voisins, d’étranges rats qui cachent un terrible secret.

Refusé par le studio Disney qui le trouvait trop sombre, « Brisby et le secret de Nimh » marque avant tout une cassure dans l’univers de l’animation. Car Don Bluth (La belle aux bois dormants) quitta le studio avec son projet sous le bras et plusieurs animateurs le suivirent provoquant ainsi un retard dans la production de « Rox et Rouky ». L’animateur et son équipe furent accueillis les bras ouverts par la Fox qui se lança ainsi dans l’animation. Et le constat est saisissant , l’animation n’est évidemment pas sans rappeler celle des précédents films de Disney, notamment « La belle aux bois dormants » sur lequel travailla Bluth mais les personnages évoluent sur des fonds de « mat painting » soignés, largement inspirés des expériences de leurs auteurs.

Côté scénario, effectivement on est assez loin de ce que faisait le studio historique de l’animation, avec une histoire sombre où les personnages sont assez impressionnants à l’image du chat qui ressemble plus à une créature fantomatique qu’à un chat comme « Lucifer » dans Cendrillon. Pour enfoncer le clou, la trame reprend des personnages chers de la culture cinématographique d’avant-guerre, comme dans les films de Charlie Chaplin avec l’héroïne pauvre dont le fils est gravement malade, ou le corbeau solitaire abandonné en manque d’amitié. Les personnages principaux ne cherchent pas une place dans leur société, mais plutôt se battent pour la survie de leur famille. Surprenante réflexion sur la médecine génétique, ce dessin animé de 1982 réussit un parallèle intéressant entre la lutte d’un personnage pour la survie de sa famille dans une société qui ne se préoccupe pas des faibles pour parfaire son évolution autant que des dangers expérimentales de la science lorsqu’elle ne se maitrise pas.

L’animation prend le parti d’un graphisme rigide avec des tableaux colorés mais fixe et des personnages animés en avant plan. Pas de superposition de tableaux comme dans « Bambi », mais un retour aux sources de l’animation avec une simplicité surprenante dans cette course à l’évolution. Don Bluth et Gary Goldman mettent en scène des méchants particulièrement marquants et des personnages secondaires énigmatiques qui peuvent aisément impressionner les plus petits, de la même manière que dans « Taram et le chaudron Magique » un peu plus tard chez Disney.

En conclusion, « Brisby et le secret de Nimh » est un dessin animé qui marque les premières tentatives des studios rivaux de faire concurrence à Disney, y compris en récupérant ses animateurs. Mais le choix particulièrement sombre de l’animation autant que de l’histoire peut tout de même impressionner les petits qui restent la cible principale de ce dessin animé.

Une image impeccable, à la résolution soignée. Les noirs sont intenses et les couleurs parfaitement dosées pour donner une certaine profondeur à l‘animation de ce long métrage.  Seul bémol à l’ensemble, la qualité du support met aussi en avant la simplicité et l’âge de ce film d’animation.

Pour le son en revanche si les chuintements ont été partiellement nettoyés, la piste stéréo reste une déception. Pourtant cela commençait, bien avec les voix envahissantes de l’intro, mais très vite la bande son finit par s’essouffler et l’on perd en spatialisation et en dynamique.