Tilt, fourmis quelque peu patte en l'air, détruit par inadvertance la récolte de la saison. La fourmilière est dans tous ses états. En effet cette bévue va rendre fou de rage Le borgne, méchant insecte qui chaque été fait main basse sur une partie de la récolte avec sa bande de sauterelles racketteuses. Fou de rage, ce dernier annonce qu'il reviendra à l'automne prélever le double de sa ration habituelle.Tilt décide alors, pour se faire pardonner, de quitter l'île pour recruter des mercenaires capables de chasser Le borgne.
Ce deuxième long métrage des studios Pixar, s'était fait remarquer à double titre, d'abord parce qu'il devenait inconsciemment, ou consciemment, le symbole de l'opposition et de la guerre ouverte qui s'ouvrait entre Disney et DreamWorks. En effet ce dernier venait de sortir quelques mois plus tôt "Fourmiz" qui sonnait l'entrée en guerre du studio de Kartzenberg et Spielberg en se lançant à corps perdu dans l'animation 3D. Sorti en deuxième position « 1001 Pattes" ne put éviter les comparaisons scénaristiques, notamment entre le personnage principal, un rien maladroit et un rien névrosé, qui tente de sauver la fourmilière prisonnière de l'oppression d'un groupe de sauterelles. Si effectivement de grosses similitudes apparaissent dans la structure du scénario la qualité et l'intelligence du traitement de John Lasseter et Andrew Stanton, font de « 1001 Pattes » un film d'animation rêveuse résolument différent et finalement très éloigné du traitement qu'avait voulu donner DreamWorks à son « Fourmiz ». Il serait injuste de limiter ce film à la simple comparaison de son concurrent direct car cela ferait l'impasse sur toute la qualité de l'animation, tout le travail scénaristique qui permet au film des studios Disney de plonger le spectateur qu'il soit plus jeune ou qu'il soit plus vieux dans une qualité d'histoire rarement atteinte dans ce type de films d'animation. Car si basiquement « 1001 pattes », reprend les mêmes critères que la plupart des dessins animés du studio : A savoir un personnage qui tente de trouver sa place au milieu d'une société qui ne lui correspond pas, les scénaristes ont su trouver une différence de ton qui séparera définitivement la qualité des films Pixar à celle des précédents films de Disney de l'époque. Les dialogues sont savoureux, la construction y est authentique et, que l'on soit grand ou petit, on fini réellement par plonger à corps perdu dans l'histoire de ces insectes qui luttent pour leur survie.
Et la grande réussite de « 1001 Pattes », réside surtout dans la qualité de l'animation et l'avancée technologique qui permit, en utilisant des dégradés de couleurs, jamais utilisés jusqu'ici, et une qualité de lumière rarement égalée, une texture bien particulière qui s'éloigne définitivement de son concurrent « Fourmiz ». Car si ce dernier a joué la carte de la maturité, ce nouveau film des studios Pixar, joue au contraire sur la qualité de l'animation, sur la beauté des paysages et sur l'avancée technologique. On n'y retrouve toutes les qualités des grands péplums ou des grands westerns qui ont fait les plus belles heures d'Hollywood. De la même manière qu'un John Ford ou un Joseph L. Manckiewicz, John Lasseter et Andrew Stanton, font de leurs films d'animation un véritable petit chef-d'oeuvre, tant sur la qualité scénaristique que visuelle. Les perspectives sont grandioses, les tessitures minutieuses, et la photo particulièrement soignée, à la différence de son concurrent, il est pratiquement impossible de ne pas céder aux charmes de tous les personnages qui forment ce dessin animé. Chaque détail est soigné, de la coiffe de la reine à l'utilisation des insectes dans le cirque de Lillipuce, tout a été pensé et embelli par les mots, qui finalement restent propres à Pixar et qui se confirmera dans les futurs projets d'animation.
En conclusion, « 1001 pattes », est un deuxième film d'animation qui réussit le pari de plonger le spectateur dans l'infiniment petit. Résultat infiniment grand. Véritable bijou d'intelligence et véritable trésor de technologie, qui ont fait avancer à grands pas le secteur de l'animation 3D. Ce dessin animé, prouve une fois de plus que l'avenir de l'animation se décidera avec Pixar. C'est aussi le meilleur moyen pour ceux qui ne l'auraient pas vu de découvrir à quel point les animateurs du studio sont capables de recréer un monde comme ils le feront plus tard avec « Némo » d'une crédibilité hors normes.
Pour servir la mise en scène soignée et méticuleuse de ce film d'animation, il fallait un support de choix et le Blu-Ray est assurément ce support. Le piqué est superbe et les contrastes sont d’une grande beauté. Stable et très rarement en défaut, l’image sert à merveille l’œuvre de John Lasseter et Andrew Stanton. L'image est tellement belle, les contrastes tellement précis que cette édition est en passe de devenir une référence.
Un master audio de très grande qualité. Tout en finesse et en force, le master plonge le spectateur au cœur de l’aventure, avec des basses présentes mais parfaitement bien dosées et une spatialisation juste qui trouve le parfait équilibre entre action et dialogues. Pas la peine de garder fébrilement la télécommande, l’ensemble fait preuve d’une grande justesse et l’on aime le bruit de l'environnement des insectes. Un véritable bonheur.