Apocalyse Now

Catégorie
Cinéma
Genre
Pays
USA
Date de sortie
29/04/2011
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Coffret
Producteurs
Francis Ford Coppola
Scénaristes
John Millus et Francis Ford Coppola
Compositeur
Francis Ford Coppola
Edition
Coffret
DureeFilm
154
Support
Critique de Emmanuel Galais
Le capitaine Willard est chargé par ses supérieurs de retrouver le Colonel Kurtz, un ancien béret vert régnant sur une armée de fanatiques quelque part au-delà de la frontière cambodgienne.
 
« J’aime l’odeur du Napalm, au petit matin ! », une réplique fulgurante interprété par un Robert Duval saisissant de cynisme, totalement déconnecté d’une réalité sanguinaire qui l’entoure. Un personnage qui, à lui seul, pourrait résumé le film de Francis Ford Coppola, comme le symbole de sa détermination, de la folie de l’image que le réalisateur souhaite donner à son œuvre. Car après avoir triomphé avec « Le Parrain », Coppola souhaite, à la sortie de la guerre du Vietnam, donner une vision de ce conflit et de toute sa folie. A la différence de ses collègues qui dépeignent le conflit sous ses aspects les plus violents, Francis Ford Coppola choisit d’amorcer l’exploration par le versant psychologique, avec un regard cynique et décalé, dont la folie transpire à chaque plans. Le metteur en scène remonte l’esprit humain à travers l’horreur de cette guerre comme son héros navigue sur le fleuve qui doit le rapprocher du Colonel Kurtz.
 
Pas à pas, le scénario déroule son intrigue initiatique et chaque étape du voyage de Willard est un rapprochement vers la synthèse de toute cette folie guerrière. Les américains se sont embourbés dans un conflit qui les a dépassé, entrainant une jeunesse non préparée, lui supprimant tous les repères. Le Colonel Kurtz est le point de chute de cette odyssée à travers l’horreur où les hommes doivent apprendre à vivre, à survivre, où le danger est partout dans la moindre rizière, dans le moindre recoins de la jungle. Si le personnage du Lieutenant Colonel Kilgore est une première image de la folie, marquante avec la « Chevauchée des Walkyries » de Wagner et le surf sur fond de jungle brûlée au napalm, l’ensemble des personnages qui accompagnent Willard dans sa mission, sombrent un peu plus dans une démence qui les abandonnera au bord de la route.

Le réalisateur, plongé dans un tournage aussi chaotique que le sujet qu’il a décidé de traiter, se retrouvant dans les mêmes limites que ses personnages, parvient à donner à son film une envergure manichéenne aussi percutante qu’envoutante. Pour cela il se repose sur une distribution qui pousse au plus loin les frontières du jeux, notamment Martin Sheen (Les infiltrés) qui n’hésitera pas à dépasser ses limites pour pouvoir donner une composition qui aille aussi loin que l’image du réalisateur le demande. Et malgré une crise cardiaque, l’acteur parviendra à se dépasser et signe là l’une de ses meilleures prestations. Inutile de parler de Marlon Brando (Le Parrain) dont le charisme et la justesse de jeu sont mis à merveille en surbrillance par la mise en scène particulièrement inspirée de Coppola. Il suffit pour cela de voir cet incroyable première rencontre entre Willard et Kurtz, et cette éclairage minutieux du personnage de Brando, entre or et noir, pour mieux appuyé le mysticisme du Colonel.

Car il faut être honnête, « Apocalypse Now » trouve sa force et sa grandeur dans l’alchimie qui existe entre le réalisateur, son histoire et ses comédiens, notamment Brando, qui n’apparait que très tardivement dans le film mais dont l’ombre est aussi pesante que celle de son personnage. Ce film se détache des autres productions autour du conflit Vietnamien, par une approche psychologique intelligente et minutieuse de ce conflit qui ne laissa personne indemne. Comme le Colonel Kurtz, Coppola s’interroge sur les effets de la guerre sur les hommes, cette frontière entre le bien et le mal qui se désintègre à mesure que Willard arrive au bout de son périple.

En conclusion, « Apocalypse now » est un film passionnant qui aborde avec grandeur les différents aspects de ce conflit, qui plongea les hommes dans une folie palpable à chaque moment. Doté d’une mise en scène rigoureuse, douloureuse parfois, le film devient très rapidement un symbole.

Apocalypse Now Redux :

Bien sur tout l’empirisme de l’œuvre de Coppola prend son sens dans cette version Redux (Une nouvelle mouture intégrant de 49 Minutes de scène supplémentaire), le film y gagne en profondeur. Sans être plus explicite dans sa généralité, cette version longue permet au spectateur de mieux accéder aux méandres de la folie du colonel Kurtz.

Plus explicite que celle d‘origine, la version redux offre plus de possibilités dans le voyage initiatique de Willard, autant que dans l’expérience du spectateur, notamment avec la scène d’ouverture qui personnalise l’audience, et rend plus pesante l’atmosphère du film. La vision de Coppola prend plus de volume et parvient un peu plus à dépeindre avec tout ce qui lui manquait dans la version d’origine, l’enlisement du conflit et sa stupidité. La scène des colonies françaises en est le symbole parfait avec ses paradoxes et ses absurdités, qui viennent compléter un tableau déjà bien chargé. Seule ombre au tableau, le personnage de Kurz qui perd en mysticisme avec une scène plus classique, qui ramène un côté humain qui lui fait défaut plus qu’il ne lui sert.

Pour finir, certains jugerons la petite touche d’humour finalement bienvenu, mais pour les puristes du film, toucher à la scène culte du Lieutenant-colonel Kilgore, est un véritable blasphème, car cette dernière ne manquait de rien et perd au contraire de son impact.

En conclusion, la version « Redux » permet à Francis Ford Coppola de renforcer les traits de son œuvre magistrale, aussi singulière que grandiose. L’expérience se prolonge pour mieux impliquer le spectateur dans cette folie sanguinaire que fut la guerre du Vietnam, avec tout ce que cela a pu comporter de stupidité et de blessures psychologique sur une société qui n’avait pas encore, à la sortie du film en salle, pansée ses plaies. Jamais un réalisateur n’avait alors su dépeindre la folie du conflit avec autant de beauté et d‘horreur, ni de justesse et de psychédélisme.
Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1
Le piqué de l’image est particulièrement soignée et le film retrouve ici une nouvelle jeunesse avec des noirs brillants qui offrent ainsi une véritable texture au film. Les contrastes lui font gagner en profondeur et les couleurs mettent en valeur les lumières et les ambiances souhaitées par le réalisateur, particulièrement, lors de l'apparition de Marlon Brando.
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Oui
Oui
Oui
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Oui
Bonne
Bonne
Bonne
Côté son, enfin une bande son à la hauteur du film, en Vo comme en VF, avec un DTS-HD Master Audio qui joue la carte de la multiplicité et offre une mise en ambiance complexe mais parfaitement dosée, Les effest sonores, notamment la scène d'ouverture, qui touche au sublime . Un véritable chef d'oeuvre, destiné à devenir à coup sur LA référence en la matière. rarement un bul-ray n'aur autant eu de sens que celui-ci.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 500 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Répartis sur trois DVD, les bonus de cette édition se devaient d’être à la hauteur du film de Coppola et de ses deux versions présentes sur le premier DVD. Tout d’abord autant le dire tout de suite, le reportage « Heart of Darkness » est certainement l’expérience la plus singulière et la plus référence qu’il m’ait été donné de visionner dans des bonus. Tout bonnement, parce que ce reportage fut à l’initiative de Francis Ford Coppola, alors qu’il n’avait aucune idée de l’ampleur que prendrait le tournage et à quel point il serait proche du sujet traité dans le film. Les obstacles s’accumulent, les drames se succèdent, la folie des personnages prend le pas sur celle du réalisateur dont la détermination devient de plus en plus perceptibles, malgré les doutes de ses proches. Compilés par Fax Bahr et George Hicklenlooper, le tournage, autant que les moments privés tournés par Eleanor Coppola, avec tout ce que cela comportait de doutes et de d’amour entre le réalisateur et son épouse, cameraman officielle et témoin directe de la folie qui s’accumulait. Une fois ce documentaire visionné, on pourrait presque s’en satisfaire tant il se suffit à lui-même.

Ensuite et au risque de se répéter, sur le troisième dvd on pourra retrouver un entretient passionnant entre Coppola et Martin Sheen autour du film, évidemment avec une foule d’anecdotes, un hommage émouvant à Sam Bottoms, disparu en 2008, des suites d’un cancer du cerveau foudroyant. Martin Sheen s’y découvre attachant, d’une profonde humilité et empli de nostalgie face aux souvenirs d’un film qui a changé sa vie, qui a failli la lui prendre d'ailleurs, mais qui fut une grande leçon de cinéma. Puis une interview croisée entre le réalisateur et John Milius, le scénariste d « Apocalypse now », qui revient, bien évidemment sur l’historique de son histoire, avant que Coppola ne s'y penche, et surtout l’influence de « Dr Folamour » de Stanley Kubrick dans son envie d’adapter au Vietnam le livre « Heart Of Darkness » de Joseph Conrad, jugé inadaptable. Toujours intéressant mais un arrière goût de répétition ne cesse de persister.

La première grande surprise de ce blu-ray bonus revient particulièrement à la compilation des casting, où l’on peut apercevoir des essais de Nick Nolte (48 heures), alors au début de sa carrière, ainsi que ceux de Sam Bottoms (Pur Sang, la légende de SeaBiscuit), qui fut choisit pour le rôle Lance, ou encore Laurence Fishburne (Matrix qui avait 14 ans à l’époque). Toujours passionnant de voir les acteurs à la naissance de leur inspiration. Différentes scènes inédites dont la très impressionnante « Barque aux singes », sorte de fantasmagorie macabre où le singe prend le pas sur l’homme, pendant que les tribus chantent, « Light my fire » des Doors. Autre surprise, le générique de fin avec la destruction du camp du Colonel Kurtz. Une fin, un temps envisagé par Francis Ford Coppola, mais finalement abandonné. Autre bonne idée, cette fin est commenté par le réalisateur lui-même.

Le roman de John Conrad avait été auparavant adapté pour ses programmes radiophoniques par l’irremplaçable Orson Welles. Un document datant de 1938.Un bonus nécessaire pour mieux comprendre la beauté et la fascination que ce roman put avoir sur le réalisateur et son scénariste. Puis un court-métrage autour du Colonel Kurtz et de la tribu dont il est devenu le mentor. Le tout compilé avec des images du tournage. Un film hypnotisant, notamment grâce à la voix de Marlon Brando déclamant le texte de T.S. Elliott. Puis pour amorcer le final de ces 5 heures de bonus, on attaque la spécificité technique, avec la mise en ambiance sonore, présenté comme la naissance du 5.1. Un documentaire, un peu technique qui permet de mieux comprendre la démarche autant visuelle que sonore de Coppola, qui souhaitait partager avec son public, l'enfer ultime de son histoire. Technique mais efficace, d’autant qu’il est présenté par le créateur du système lui-même :Ioan Allen. Ce documentaire est complété par l’histoire de l’hélicoptère fantôme. Une sorte de son étalon qui permit de s’assurer du bon fonctionnement de la répartition. Toujours dans la partie techniques, un documentaire impressionnant de chiffres sur le montage et le travail titanesque qu’ « Apocalypse now » représenta pour l’équipe.

Francis Ford Coppola ne fut pas simplement réalisateur et producteur de ce film dantesque, il fut aussi compositeur des séquences additionnelles utilisant tout un tas de percussions, comme le fit de la même manière Jerry Goldsmith sur « Alien ». Bourré d’images d’archives, comme on les aime, puis la bande sonore synthétisée par Bob Moog, à ne conseiller qu’aux amateurs car pour les autres, sortie de son contexte, la musique est un peu anxiogène. Puis pour compléter l’aspect technique, un petit reportage intéressant sur la révolution sonore qu’apporta « Apocalypse now », peut-être le reportage de trop, qui sonne le glas de l’originalité avec une succession de bonus techniques qui ont tendance à redire la même chose mais différemment, avec le mixage final, on en a réellement finit avec les bonus techniques.

On arrive donc à la conclusion avec une réflexion public intéressante sur les deux versions d’Apocalypse now . Une sorte de synthèse de tout ce qui a pu être dit. Et enfin les interviews de Francis Ford Coppola, lors des différentes sorties. Dernier bonus intéressant, l’interview de Claude Berry, distributeur du film en France, datant de 1979 qui permet de mieux comprendre la position du producteur et l’agacement des journalistes.

En conclusion, rarement une édition ne fut aussi remarquable, dans sa confection comme dans son contenu. Complétée par un livret remarquablement écrit par Jean-Baptiste Thoret des Cahiers du cinéma, cette édition en blu-ray est une pure merveille.