Claude Bukowski, jeune fermier de l’Oklahoma, désire visiter New-York avant de partir pour le Viet-Nam. A Central Park, il se lie d’amitié avec un groupe de hippies. Cette rencontre va bouleverser sa vie.
Transposition sur grand écran de la pièce de Jérôme Ragni et James Rado, « Hair » bénéficie d’une mise en scène particulièrement inspirée. En effet, après avoir exploré l’univers psychiatrique à travers le regard de Jack Nicholson dans « Vol au-dessus d’un nid de coucou », Milos Forman se lance pour la première fois dans la comédie musicale avec une réflexion intelligente et colorée sur la guerre, et celle du Viêt-Nam particulièrement. A l’époque où la communauté hippies se battait pour que le monde se noie dans un océan d’amour et de paix, au rythme de substances hallucinogènes, le reste du monde se noyait dans un déluge de napalm. Au moment où Francis Ford Coppola donnait une image saisissante de la folie guerrière, le réalisateur d’origine tchèque parvenait à rendre l’aspect dramatiquement léger au conflit.
Comme il le fera plus tard dans « Amadeus », Milos Forman utilise la force de la musique pour mieux renforcer ce discour, et donner ainsi corps à la folie pacifique ou guerrière des personnages de l’histoire. Dans sa mise en scène le réalisateur utilise l’aspect joyeusement décalé de ses personnages pour mieux mettre en relief la dramaturgie du sujet traité. Confrontant, comme dans la réalité, deux mondes qui ne se comprennent pas, Milos Forman utilise les chansons comme autant de chapitre à son histoire qui peut se lire en cinq parties complémentaires : Le tunnel (The tunnel Suite), La vie (I got life), Hare Krishna, Le racisme (Black Boys/White boys) et enfin Laisse entrer le soleil (Let the sun shine in). Des chapitres comme autant de réflexion sur l’existence, sur la société de l’époque. Une ode à la tolérance et à l’humanisme. Milos Forman trouve en cette comédie musicale les raisons d’exprimer son talent et s’entraine à toucher l’apothéose de son art en prolongeant un peu plus sa réflexion musicale.
Mais « Hair » c’est aussi une pléiade de chanteurs, de danseurs et de comédiens transportés par une musique colorée au sens propre comme au figuré, une musique qui embarque le spectateur dans une farandole de couleurs parfois naïve et pourtant si symptomatique d’une génération qui cherchait un moyen de s’échapper d’un monde qui ne semblait pas enclin à leur faire des cadeaux. Le duo Treat Williams (Il était une fois en Amérique) et John Savage (La ligne rouge) fonctionne à merveille, les deux acteurs parviennent à devenir, avec justesse, l’image de cette jeunesse désorientée. Particulièrement lors de la scène finale où les deux acteurs arrivent au point culminant du film, il donnent à l’ensemble la dimension dramatiquement décalée à la comédie musicale.
En conclusion, « Hair » est un chef d’œuvre honnête sans prétention de Milos Forman qui ne manquera pas de marquer d’une certaine nostalgie les amateurs des années hippies. A découvrir d’urgence si cela n’est pas déjà fait.
Même si cela s’arrange en cours de visionnage, l’ouverture du film est un véritable choc visuel. Un grain omniprésent qui forme comme un nuage d’insectes autour de l’image. Passé le choc de l’ouverture, les contrastes se font un peu plus présent, les couleurs un peu plus soutenues, mais dans l’ensemble cette édition est un véritable désastre qui ne trouve absolument pas d’intérêt à nos yeux. D’où la question : A quoi cela sert-il de faire une édition Blu-ray si ce n’est pour redonner une nouvelle jeunesse au film ? Le studio ne semble pas se l’être posé.
Une piste DTS-HD Master Audio, qui tient ses promesses, les ambiances sont reconstruites avec beaucoup de brillance et la musique bénéficie d‘un très bon traitement en VO. Mais le plaisir ne s’arrête qu’à la seule version originale, car cette édition n’offre en VF qu’une minable piste mono criarde et sans relief, dénuée d’intensité, une souffrance de 120 minutes pour les oreilles du spectateur nostalgique. Un véritable désastre !