Maria Ramirez est une jeune délinquante américaine mineure. Fraîchement sortie de prison, elle est parrainée par la bienveillante maman de Honey qui est bien décidée à la réinsérer dans la société par la voie usuelle (le travail) mais surtout la tenir éloignée des milieux mal fréquentés. Sur la voie du salut, Maria est retrouvée par son ex’Luis qui lui rappelle le bon vieux temps ...
Les retrouvailles tournent finalement court et la demoiselle, vengeresse, veut lui clouer le bec sur le meilleur terrain de guerre qui soit : le Dance Battle Zone, une émission populaire télétransmise en direct-live.
BRONX QUI BEAT
Depuis que l’art de la danse de rue n’est plus cantonné aux clips, bande-démos ou montages issus de festivals municipaux et a été rattrapé par le cinéma, il y a de quoi s'amuser.
A défaut d’offrir la crème des intrigues, les parti-pris pour toutes ces productions misant exclusivement sur les capacités physiques des acteurs/artistes : soit assumer de ne rien raconter d’autre que la performance (moins immersif mais plus authentique), soit effectuer une approche de documentariste/reporter (nourrir les esprits, démystifier les zones obscures ou apporter à ses témoins un moment d'expression), soit désespérément tenter de monter une situation fictive autour de la discipline et faire vivre des évènements bien réels pour impliquer davantage le public.
Dans ces cas-là, on accepte que les premiers films de genre ne racontent rien (de bon) tant que les numéros sont entrainants … mais quand les titres s'accumulent, la majorité des techniques ont été exposées et qu’on veut se faire remarquer, il en ira d’autres questions.
Honey 2 fait parties de chacune des dernières catégories précitées.
Suite de Honey (sans blague) avec Jessica Alba, cette dernière revient dans cet épisode le temps d'une apparition dans un cadre photo à côté de la télé de sa maman et d’allusions indirectes (quelques dialogues, sa salle de danse). Le nouveau personnage central sera la jeune Maria (Katerina Graham).
Honey 2 : Dance Battle ne s'embarrassera jamais de questionnements surfaits et jouera la carte de la sureté professionnelle, amenant beauté, accessibilité, permission aux danseurs de s'exprimer dramatiquement et aux acteurs corporellement.
Et pour ce faire, la vidéo se mettra sur son 31 : filmé comme un beau bonbon sucré (décors, coiffures, vêtements, ... par ailleurs différentes d’une séquence à l’autre …), constamment rythmé au son d'une BO dont la tracklist a pour mission d'envoyer le bois au maximum, composé d'un casting de corps forgés par la puissance du déhanchement (les lascars ont des abdos de partout ; les filles, sexys, affichent sous leur jour le plus charmeur leurs croupes fatales sous des tenues bien moulantes).
Une fois tout cela réuni, Bille Woodruff et son équipe technique peuvent faire place à la danse !! Et dès le début, le ton est donné : il y en aura tout les très souvent, au rythme mathématique d'au moins une toutes les 4 minutes.
Cet opus mettra à l’honneur le Turf, un mélange spécifique de figures libres et de mouvements chipés de différentes spécialités (illustré par un passage, bref mais très clair). Devenant plus ou moins le cheval de bataille de Maria, cela occasionnera des chorés pas forcément pétulantes mais très physiques et techniques.
Les autres crews auront leurs propres touches, plus classiques mais non moins énergiques : certains d'entre eux effectueront des numéros tellement impressionnants qu'il peut être surprenant que les voix impénétrables du script, souhaitant que certaines équipes s'affrontent ABSOLUMENT en finale, les inconsidèrent cruellement …
Les finalistes disposeront d’une mise en scène de leurs chorégraphies bien meilleures, une garde robe qui ne fera jamais dans l’artisanal, de plus audacieuses figures ... Le travail fourni est évident, leur rendu est toujours chouette mais leur supériorité sera laissée à l'appréciation de chacun ...
Quoi qu'il arrive, ledit Turfing a une place démonstrative et jamais didactique. Par ailleurs, les galères des danseurs, la vie dans les quartiers difficiles/défavorisés, les problèmes d'argent, ... tout ce qui rendrait l'intrigue trop lourde ne sera jamais trop abordé.
Dance Battle est présenté comme un joli songe, où tout semble facilement possible avec l’Amour, le travail acharné, la sueur, une bonne dose de caractère et un solide esprit d’équipe. Maria correspond à l’identification positive de personnes au départ dans la vie rude misant tout sur leur talent, aux relents d'expression et de passion.
Sa rencontre avec le futur HD Crew, un groupe de kids connectés qui en ont (du potentiel) mais volontiers cabochards, se serait très bien terminé en pugilat mais comme elle est trop bonne (en danse), ils accèptent qu'elle mène la toupe vers les sommets (des duels des plateaux TV), le Dance Battle Zone (show animé par Mario Lopez, un nom bien connu pour qui a vécu les années Sauvés par le Gong (et un peu Pacific Blue)).
La TV (et surtout l’émission D.B.Z) n’est pas perçue comme néfaste mais comme moyen indiscutable de montrer aux yeux du peuple sa différence, ses tripes, son style. Cette pureté objective est attestée par la participation de vraies personnalités ayant roulé leur bosses dans cet art et pouvant faire évoluer des nouveaux talents en jugeant les performance en toute impartialité.
Pour atteindre son but, la mise en scène soulignera toujours ce qui doit être compris en un éclair (images sombres et musique dramatique pour l’oppression/tristesse ; images et musiques allègres pour les sentiments positifs ; …) ; l'histoire sera rapiécée par une somme incroyable de raccourcis, clichés et épures, à un tel point que les repères temporels seront nuls, rendant les canevas évolutifs (attaque, riposte, bluette, gain du respect, doutes, courage des ainés/amis, s’entraîner dur et tard) presque honteux ; les héros gentils ont un grand cœur qu’ils cachent derrière de la frime ou un air timoré, la rivalité avec le(s) méchant(s) - aussi redoutable(s) en rythmique qu'en fréquentation - occasionnera un lot de rebondissements qui ne seront pas de toute dernière fraîcheur.
CONCLUSION :
Honey 2 : Dance Battle est un gros clip retraçant la story successful de n'importe quel groupe aperçu dans l'(excellente) émission sur la chaîne France O Dance Street ! Les numéros s’enchainent (danses correctes mais il n'est pas conseillé d'avoir vu auparavant celles de Street Dancer ou aucunes des Sexy Dance), le scénario n’avance qu'à pas de morceaux obligés (ça aurait largement pu être amputé d'une 1/2 heure) et ses problèmes structurels feraient presque passer le gentil & sincère Défi de Bianca Li pour un must du genre.
Une suite à contempler pour ses vertus plastiques, facile à consommer mais plus long à digérer.
NB : tout le long du film, une question cruciale : pourquoi est-ce que le 8e apparemment membre des HD Crew (Luke Broadlick) squatte les scènes de danse mais ne participe JAMAIS aux scènes dialoguées de groupe ?
La piste son DTS HD Master Audio Anglaise déménage sérieux !! Vous devrez apprécier tout particulièrement la puissance des basses qui feront trembler les vitres et toutes les enceintes qui seront mises à contribution pour que la spatialisation soit au poil, même dans les scènes moins secouées.
Autrement, les 5 autres pistes DTS 5.1 (Française, Italienne, Allemande, Espagnole, Japonaise) seront fatalement un peu moins précises mais apporteront suffisamment de tonus (notamment les musiques dopées à la vitamine) pour que vous sentiez bien dans l’ambiance surchauffée des Battles.
Juste un mot sur la VF qui essaie de retranscrire toute l'authenticité des dialogues «de la rue» avec parfois ce petit côté «on n'ose pas trop sortir certaines expressions idiomatiques alors on passe par des équivalent qui sonnent faux» propre à certains films de genre ... Peur de choquer/ne pas être compris du grand public ?