MON PIRE CAUCHEMAR

Catégorie
Cinéma
Titre Original
Mon Pire Cauchemar
Pays
France
Date de sortie
14/03/2012
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
Francis Boespflug ; Philippe Carcassonne ; Bruno Pesery
Scénaristes
Anne Fontaine ; Nicolas Mercier
Compositeur
Bruno Coulais
Edition
Standard
DureeFilm
99
Support
Critique de Simon Bitanga
ELLE, c'est Agathe et réside dans le 6e arrondissement parisien.
Occupant un poste important dans une galerie d'art, elle est intransigeante, directe, dure et froide. A son grand appartement, c'est un peu plus relâché mais elle n'apprécie guère qu'on sabote son petit confort.
Ses relations d’ordre privées ne la présentent pas comme une compagne/maman modèle, imposant son avis et si-t’es-pas-content-bouge-de-là. D'un point de vue social, ça semble nul et non avenu.
Bref, elle est distinguée, carrée, exigeante mais antipathique et sévère.  

LUI, c'est Patrick et réside temporairement en France.
D'origine belge, il a l’humour gras et l’emploie aussi souvent que possible ; magouille et souvent en vadrouille, il comble son manque d'instruction par une certaine débrouillardise (il fait plein de petits boulots). A la maison, il vit ... où il peut (il subsiste grâce aux allocations et enchaîne les logements sociaux).
De son statut de père célibataire, il ne s'entend pas trop mal avec son fils mais compte tenu de ses allées et venues (professionnelles ou plaisantes), il ne s'en occupe que quand il peut/veut. 
Bref, il est cash, envahissant, profiteur, peut-être un peu mythomane mais finalement sympathique.  

Des circonstances pédagogiques (Tony, le fils de Patrick, apparemment excellent élève, est ami avec Adrien, le fils d'Agathe, aux capacités scolaires plus moyennes) et économiques (Agathe fait faire des travaux dans son appart’, Patrick propose ses services à un tarif raisonnable) vont faire (re)rencontrer ces 2 caractères, opposer leurs différences, devoir temporairement cohabiter comme il se doit ...  

… POUR LE MEILLEUR ET SURTOUT POUR LE PIRE …  

Anne Fontaine poursuit (in)directement son exploration de destins de ces êtres contraires
(sur un ton tragi-comique) et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ici il y a de quoi un peu flipper comme une bête : 2 têtes d'affiche = 2 personnages appartenant chacun à une classe sociale bien distincte = habituelles caractéristiques (la bourgeoisie coincée qui boit du (grand) vin, qui ne couche (plus) jamais est enfermée dans un monde avec ses codes & conventions où on se gausse devant des œuvres abstraites et on partage des rapports limités/artificiels avec l’entourage ; le populaire, bien dans sa bière et sa débauche, vit dans une festive communauté sécurisante/familiale où, le son à fond, on parle d’espoirs, business, pognon et rêves) dans un esprit de comédie de lutte des classes genre le Prince de Bel Air ou, dans un registre plus romantique, Coup de Foudre à Manhattan voire J'aime regarder les Filles.  

Ca respecte dans sa globalité les codes du genre (que la BO va au début bien appuyer) mais le fond, recherché et nuancé, sera très certainement la principale préoccupation de la réalisatrice. Bien que du temps est passé avec divers intervenants, plus de 50% du programme sera recentré sur les 2 forces en présence, Agathe et Patrick.  

Acceptant bon gré mal gré la présence de cette tornade explosive et sans-gêne, Agathe limitera au maximum la communication … c’est alors son homme François (André Dussollier) qui jouera les messagers/intermédiaires. Sa retenue et sa diplomatie les feront devenir suffisamment proches pour que pas mal de non-dits soient dits, parmi ceux-ci la totale résignation d’un mari face à une femme trop "distante" pour de la commodité.

Les circonstances pousseront par la suite Agathe à faire un peu de chemin aux côtés de son cauchemar, ce qui occasionnera un délicieux rapport d’opposition, cru et sans langue de bois (choquée par ses habitudes mais également du fait qu’il soit le seul être connu (dans le film) à lui rentrer dedans sans remords, lui-même lucide sur ce qu'il représente à ses yeux).
Une fois la phase d’embrouille plus ou moins (di)gérée, le terrain de l’alcool où jeu de confidences, historique avec les enfants/entourage et une certaine forme d’art (la fameuse idée de Patrick !!) vont rapprocher ces 2 opposés.    

Comme ses précédentes réalisations, le point sur lequel Mon Pire Cauchemar captera l’attention est moins sa critique des 2 mondes que la façon dont les protagonistes interagissent entre eux et la manière dont l’affaire se dessine : en grande partie grâce à comment c’est amené (dialogues) et comment c’est joué (interprétation).  
Sur le territoire d’Agathe, l’effet Patrick fait changer (tous) les visages : notamment elle de devenir plus lumineuse, plus extravertie, plus offerte, se réchauffer et allant même jusqu'à exprimer un certain besoin d’affection malgré une raide volonté de rester aux commandes d’elle-même. Lui, par contre, sera amené à se refermer, se refroidir, faire ressortir ses zones d’ombres, fuir ses responsabilités et aller se planquer dans sa tanière … Direction le terrain de jeu du belge, où Agathe va montrer de quoi elle est capable quand elle est désinhibée.  

Il n’est pas pourri de penser que la réputation des 2 acteurs et ce que le grand public retient d’eux donne au métrage un essor particulier là ou n’importe quel autre duo lisse aurait eu à en abattre du travail pour nous faire croire à la même : Isabelle Huppert (Agathe) et Benoît Poelvoorde (Patrick).
Le film combine la froideur de l’une au culot de l’autre, la sophistication de l’une et le côté bourrin de l’autre, une façon différente de s’exprimer, d’appréhender la vie, … le tout arrive petit à petit et de façon pas si triviale qu’on pourrait croire. Les talents et personnalités finissent par atteindre et déteindre sur l’autre, les forces de s’équilibrer, une forme d’eurythmie de se construire : l'un devenant un peu l'autre à sa manière.  

Les acteurs semblent prendre un évident plaisir à se livrer au jeu de l'envoi de balle avec cet agacement courtois ... Ceci dit, petit aparté sur Benoit Poelvoorde.
Ayant déjà travaillé avec Anne Fontaine par le passé, ce très gros catalyseur (quand il parle, on l’écoute ; quand il vanne, on sourit ; quand il tire la tronche, on se demande ; …) pare Patrick d'un regard lourd qui en dit long sur un passé compliqué et semble en avoir gros dans l’âme. Sans avoir besoin d‘en faire des caisses (grosses déclarations larmoyantes), une certaine épaisseur, autant définie par la réalle que le bon vouloir de l'acteur, est tout à son honneur : cette dimension, déjà explorée dans Entre ses Mains, offre des perspectives qui feront certainement, à terme, qu'on ne se souviendra pas de lui que pour ses rôles de trublions érudits, fans hardcore de Cloclo, tueurs sans-amis mangeurs de moules ou autres fils ambitieux de Caesar.  

A ce jeu-là, les dialogues accompagnent des situations d'un humour très souvent décalé ... mais ils pointeront certaines fêlures, conflits, problèmes familiaux ou obsessions cachées là où on essaie constamment de masquer les choses, faire ressortir le paraître, et ce quel que soit le milieu, pour finalement être "résolu" dans la douleur ... sans tomber dans du pathos sponsorisé par votre marque de mouchoirs préférés en dépit de ficelles faciles (on se déteste, on se rejoint, on se regarde avec les yeux humides, on se prend dans les bras mais la réalité et le passé viennent tout faire voler en éclats).  

Les sentiments, certes, où les choses se jouent par pas mal de jeux de regards, situations où il faudra juste observer les acteurs se mater, se chercher, se retrouver dans des contextes presque inappropriés (le manger à Ikéa, les séquences de vernissage ou dans la boite de nuit).
 
Effectivement Benoît se fait remarquer là où les autres acteurs jouent pour la plupart dans un registre plus mesuré et semble tirer toute la couverture … Mais le temps allant, ils laissent leurs traces, font leur petit effet et se lancent parfois même dans l’extrême !  

Le tout montré et monté avec une élégante sobriété, tout en douceur, avec un rythme fluide et langoureux - dans ce sens, les scènes de tendresse intime sont plus pudiques qu'érotiques (des résumés et autres informations "physiques" font comprendre ce qui s'est passé), mais là aussi il est possible d'accentuer le comique de situation jusqu'au burlesque (grotesque ?) (quand Patrick fait des trucs avec Sylvie (Emilie Gavois Kahn)).  

CONCLUSION :  

Mon pire Cauchemar officie sur un palier particulier, pas vraiment de la comédie romantique (dans le sens classico-mercatique du terme) mais plus de la comédie romantico-dramatico-psychologique baignant dans une constante forme d’ironie fuligineuse mais pas démoralisante.  
Alors oui, dans le fond, son approche (remember Augustin Roi du Kung Fu ou, bien qu’étant un thriller, La Fille de Monaco) et son mix de genres n’est pas bien nouveau mais la manière dont c'est fait, écrit et dit le rend largement moins pourrave que ce que l'on aurait pu craindre.
Qui plus est, l’alliance improbable de ces 2 acteurs, sonnant à prime abord comme une mauvaise blague ou un pari perdu (Benoit va faire le mariole et Isabelle de rester stoïque) fonctionne bien et débouche sur une relation pas formellement réaliste mais finalement vraisemblable.  

Ca peut déplaire au public attendant tout l’un (comédie romantique naïve), tout l’autre (comédie dramatique sombre) ou un autre ordre de mesure de la part de la responsable de Nettoyage à Sec. Mais une fois de temps à autres, un peu de prétendue légèreté, lisibilité, sens et finesse bien mise en scène, bien interprétée et pas moqueur envers son public c’est tout ce qu’il faut pour passer un bon moment, peut-être même un grand. Et puis ce n’est pas tous les jours que vous verrez Isabelle Huppert faire la brouette avec Benoit Poelvoorde ni voir André Dussollier se balancer dans le vide tel un Batman en goguette. 
Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
HD 1080p
Format Cinéma
1.85:1
Le film est beau à regarder, détaillé et lumineux. Au niveau du rendu, s’il fallait reprocher quelque chose, ce serait un certain manque de définition (il peut même arriver que ça fourmille, des fois) qui contraste avec les très charmantes couleurs de certaines scènes (la boite de nuit, les soirées de présentation).
Toujours est-il que cela ne devrait pas empêcher l’heure trente neuf de mal se passer.
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Français
Non
Non
Non
Bonne
Moyenne
Bonne
Français
Non
Non
Non
Moyenne
Bonne
Moyenne
VF Sourds
Oui
Non
Non
 
 
 
Sans attendre un gros mixage qui arrache les oreilles, ce chapitre en DTS Master Audio 5.1 saura se montrer clair et limpide sur toute l’acoustique générale, la répartition sur les satellites plutôt pas mal. Le tout en bon équilibre avec la bande son + les situations occasionnant un max de bruit qui seront, elles, bien (mieux) soutenues par les basses.
Si votre matériel ne peut supporter que l’autre piste DTS Master Audio 2.0, vous conserverez surtout les qualités de netteté d’écoute, le reste étant un peu moins percutant … Quoi qu’il arrive, le travail global de ces 2 pistes est suffisamment nickel pour ce type de film.  

NB : Les publics malvoyants/sourds et malentendants pourront profiter du film dans les meilleures conditions en activant soit les sous-titrages soit l’audio-description.   
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 32 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Teasers
Au menu de ce Blu-Ray, on propose :

* L’accès direct au film
* Les (12) chapitres
* Les versions sonores :
- DTS HD Master Audio 5.1
- DTS HD Master Audio 2.0
- Son en Audiovision  

Ainsi que des sous-titrages pour sourds & malentendants  

* Les Suppléments :
- Le Pire Cauchemar d'Anne Fontaine : réalisé par Pierre-Henri Gilbert, la réalisatrice va vanter les mérites d’une actrice principale qui est au top et d’un acteur principal qu’elle connaît depuis longtemps.
Elle mettra en évidence leur alchimie, le contraste entre ce film et ses précédentes mise en scènes … le tout agrémenté d’images du tournage (brutes et définitives).

- Radio Benoit : la caméra suit l’acteur qui circule sur le plateau en faisant l’animateur radio en live … Quelques bons mots passés, on débouche sur une interview du monsieur qui va parler de son personnage, ses méthodes de travail (plus sous forme d’hommage à des proches qu’un rôle de composition) …
Il parlera de plus en plus d’Anne Fontaine, exposant son point de vue sur le sens particulier du projet et son rapport affectif.

- Film Annonce : basé sur quelques punch-lines, une classique promo vendant le côté «cohabitation délicate» du titre.
 
- Teasers : 3 en tout, mettant toutes assez Benoît Poelvoorde en avant :  
# 1 : Agathe et Patrick : 1e confrontation à l’école pour la réunion de parents d’élèves.
# 2 : Patrick et les femmes : quelques conseils pour passer … une bonne soirée
# 3 : Patrick et la drague : la conseillère du Pole Emploi (Virginie Efira).   

- Galleries Photos : sur fond sonore, un défilé de 11 clichés de Jérôme Presbois, 6 de Marcel Hartmann.