Alex (Helena Noguerra), avocate, vit le parfait amour avec son amie Kim (Muriel Robin). Cette dernière, partie en Thaïlande pour les besoins du tournage d’une émission, est témoin d’un incident où, malgré son secours et assistance, la mort par noyade d’un vieil homme (Prateep Harnudomlap) laisse sa petite-fille Maily (Maily Florentin Dao), 5 ans, seule au monde.
Drame qui a (encore plus) donné envie à notre couple d’adopter. Ladite fillette en l’occurrence.
La loi thaï l’accordant désormais uniquement aux couples stables et classiques (entendre par là aucune configuration autre que femme-homme), il va falloir filouter ... Elles ont la possibilité d’obtenir un faux certificat de mariage, il ne reste plus qu’à dénicher le papa par intérim …
Les connaissances dans l’entourage men to men étant peu coopératives/disponibles, il faut piocher dans l’autre communauté et c’est précisément là qu’intervient le très dernier recours : César (Christian Clavier), le grand frère d’Alex.
Ce Vendeur-Importateur Exclusif de voitures italiennes de Prestige pour la petite & grande couronne de tout l’Ouest Parisien pour le compte des Joyaux de Borgnoli devra faire croire pendant quelques jours qu’il est l’homme de la situation … aux côtés de Kim.
Compte tenu de leurs différences et des épreuves qui les attendent sur place, le voyage s’annonce houleux et agité.
ASTERIX EN THAILANDE
Quand celui qui était continuellement connu comme l’éternel De Funès-wanabee a trop longtemps été pointé du doigt dans la rue en entendant dire «Héééé, mais c’est cette fripouille de Jacquouille !!! OKAAaaAaaaAAAiiIIIiiIiii !!! » se retrousse les manches pour réaliser son premier long, il va falloir faire les choses en grand pour faire oublier ce parfois bien encombrant historique !
L’orientation générale ne sera pas celle d’un cinéaste (ni même un artisan-faiseur) mais plus celle d’un acteur/comédien/scénariste/dialoguiste expérimenté qui va accoucher d’un vaudeville, très théâtral, réunissant quelques vieux compères (au plus tôt en partie dans l’Enquête Corse, au plus tard tous ensemble dans les Couloirs du Temps) et y allant à donffe dans la comédie à papa dont les recettes semblent directement s’inspirer de succès de quelques maîtres à penser : Poiret, Veber et compagnie (influence qu’on retrouvera jusque dans un montage barbare et ses faux raccords de la mort).
Le résultat ne sera pas toujours à la hauteur des aspirations vendues avec verve lors de l’inévitable machine promotionnelle ...
Au-delà du fait qu’en dépit d’un travail évident sur l’écriture, donc, l’esprit cinématographique est totalement absent (le Scope n’est JAMAIS employé de manière optimale, les décors ne sont JAMAIS mis en valeur, l’ambiance thaï n’est JAMAIS ressentie, la technique générale ne puise JAMAIS plus que dans la pépère attitude) et il y a cette étrange impression, comme dans les Bronzés 3, que le public cotise pour rembourser les vacances de luxe de tout ce beau monde (on va défendre Christian Clavier en disant que le but premier n’est pas de faire du ciné-génial, mais d’être drôle sur un sujet sérieux. Auparavant nombre de réals y sont parvenus avec brio) ; …
Au-delà du fait qu’on n’a pas tous le même humour (on va défendre Christian Clavier en disant que tout le monde ne s’est pas forcément incliné devant les Astérix 2, Bienvenue chez les Ch’tis, Intouchables, Case Départ, Beur sur la Ville, Foon, Ni à Vendre Ni à Louer, L’Art d’aimer, le Placard ou Les Beaux Gosses), on peut néanmoins comprendre qu’un truc est marrant sans rire aux éclats … mais la gausserie revendiquée ici traitera sans grande finesse de lesbienne, sexe, voiture, régions françaises, … et dispose en outre d’une vision de la Thaïlande qui a tout des idées reçues périmées des 80’s - un pays bourré à craquer de prostituées, enfants prêts-à-être-adoptés, corruption, bandits de tous poils, prisonniers affectueux, habitants avec leurs oreilles (d’éléphant ?) dont on ne différencie nullement nom de famille et prénom, coutumes étranges, cuisine traditionnelle bizarre ou cantatrices qui écorchent les grands classiques (on va défendre Christian Clavier en disant que le forçage de trait de ces clichés et autres chocs de cultures vont dans le sens du film) ; …
Si on fait les comptes, on attend une comédie drôle (ce qui n’est pas forcément compatible), pas super dépaysante, pas plus capitale que ça, traitant à la one again de thèmes importants sans pour autant chercher à en faire une thèse …
En y réfléchissant bien, quelque part, on l’a … à la manière Clavier.
La différence, la monoparentalité, l’adoption, … ne regroupant jamais tous ces sujets de la plus évidente des façons (comme dans la moyenne des films classiques) ou chaotique (façon Collision), il va emprunter une direction (rapports entre les personnages, découverte du pays, …) qu’il laissera tomber à la fin d’une scène pour passer sans transition sur autre chose. Et tout cela constamment, sans effet de surprise ou rien de plus à dire. Le jeune réalisateur n’utilisera aucun fil conducteur, aucun artifice autre que … lui-même.
Il incarne, plutôt pas trop mal, un jamais sensible aux subtilités du monde qui l’entoure si celles-ci ne sonnent pas comme ses propres préoccupations ou préjugés … avec une hystérie survoltée (qui selon, sera énergie ou fatigue) analogue à la plupart des rôles qui lui ont permis de remplir son frigo ces dernières décennies.
On retient alors l’image d’un grand gamin âgé (proche de Maman, collection de Tutures, chamailleries avec Sœurette, hurle pour 3 fois rien et gesticule pour les mêmes raisons) au comportement caricatural de l’adolescent irrespectueux (coloration cheveux, queutard incurable, aucune mémoire, ne faisant pas bien attention, impulsif, agissant plus par intérêt que la bonté du geste) qui a une inconsciente capacité pour se mettre dans la doune et embarquer tout son monde dans ses maladresses (ne laissant pas beaucoup d’illusions sur l’état de l’affaire familiale) avec une grâce, un abus, un too much power qui tutoie le talent des plus Grands.
Il s’enfonce et enchaine (parfois) tellement (trop) bien qu’on se demande comment ça peut être pire et comment ça va se gérer … Incapable de s’adapter ou même chercher à comprendre les choses, rien n’existe réellement autour de lui que lui-même et ses sottises, le (traitement du) script, les dialogues + ses alentours de ne jamais trop contrarier cela … ce qui, dans un sens, présente un certain intérêt …
Parmi eux le couple féminin (Muriel Robin, qu’on essaie de mettre en avant dans les finalement pas si nombreuses scènes de ménages quiproquoquesques ; Helena Noguerra en quota mimi, sans plus) sera présenté comme un idéal d’harmonie (elles ont confiance l’une en l’autre, sont complices et bien dans leurs chaussettes) et de normalité sentimentale (des petits jeux amoureux et tendres qui laissent pantois, la jalousie n’est jamais bien loin) que le métrage ne démystifiera pas.
Compte tenu de la nature frauduleuse de leur action, la formation du duo Muriel Robin/Christian Clavier aurait pu habiller l’un de ces programmes TV multi-rediffusés compilant les grands moments de rire du cinéma et du PAF … mais les malentendus, gratuits et convenus, se contentent d’accentuer la balourdise de César (+ le côté posé de Kim), sans forcément vous garantir que vous serez pliés en 2 tellement les répliques sont poilantes.
le Docteur Luix, remplaçant la Mère Supérieure de l'Orphelinat (Hélène Patarot) temporairement convalescente, sera chargé d’escorter nos faussaires afin de s’assurer qu’ils sont authentiques et fiables.
Fier d’être basque, fuyant la France et Bangkok comme la peste, il est plutôt bougon (rapidement agacé par César), mais partial (nuancé avec Kim) avec une part de sensiblerie (veuvage dans des conditions incongrues).
Connaissant et respectant les us du coin, l’injustice lui est insupportable et il pourra montrer, à l’occasion, la manière dont il prend parti pour les faibles (il calme l’ambiance en 1 châtaigne). Un vrai de vrai, qu’on vous dit !
Incarné en toute sobriété par un Jean Réno qui ne sera pas plus ou moins mieux que ce que vous savez de lui dans ce type de rôle.
Tout ce bazar ferait presque oublier Maily, la petite tant convoité et souhaitée !
Dans ce sens, le fond du film va finalement plus toucher des rapports familiaux passés et acquis (le titre correspond alors plus aux relations entre la mère et le fils, la sœur et le frère, la belle-sœur et le beaufe’) pas forcément équilibrés mais simulant un idéal où on veut accueillir un étranger (voire plus si affinités) que le film, dans sa confuse manière de tout mettre en scène et ses retournements de situation tricards depuis Dakar, va finalement déboucher sur une conclusion troublante … et finalement presque si logique ! Mais bon, ils nous avaient plus ou moins fait le coup avec le dernier Bronzés …
CONCLUSION :
Rappelant ces productions télé/ciné d’acteurs-producteurs (exécutifs) qui veulent avoir un contrôle artistique absolu, se redorer le blason ou tout simplement se faire plaisir en invitant des copains venus apporter une caution artistico-financière, Clavier signe une comédie d’aventure de petite envergure quasi-totalement à sa gloire, instantanément ringarde, malheureusement périssable et loin de remporter l’adhésion des détracteurs de cet humour vaseux rappelant en autant moins fin/autant braillard une catégorie de comédies françaises n’ayant pas toujours survécu aux années 80.
Si Christian Clavier est le seul membre du Spendid qui vous a marqué, que pour vous la quintessence de sa carrière démarre à partir de l’Opération Corned Beef, que vous appréciez plus un film où on sourit plus qu’on se marre à gorge déployée (là encore ça se discute), que cela vous est égal que l’humeur générale contamine peu à peu des parties en présence faisant tapisserie, que tous les sujets de société sont le point de départ à toutes les blagues et surtout si vous êtes sortis indemne de la grande scène du restaurant, soyez certains qu’il vous a bien compris, s’assurant d’être la seule & unique bouée de sauvetage du métrage.