Période des Royaumes Combattants de la Chine Médiévale, un peu plus de 2 siècles avant J.C. : des incessantes guerres de pouvoir opposant les 7 plus puissants Etats (Zhao, Yan, Wei, Qui, Han, Chu, Qi) vont voir croître l'un d'entre eux, Wei.
Lors d'une saignante mêlée où s’affrontèrent les armées Wei et celles de la petite province de Liang, un Soldat Liang à survécu au massacre. Il sera bientôt rejoint par un Général Wei blessé.
Comme ramener mort ou vif un haut rang militaire ennemi à son Empereur = être exempt d’armée (à vie ?) + toucher en sus une récompense de quelques hectares, le Soldat fait le Général prisonnier et font alors route pour Liang.
Certainement, il y a des embuches. Naturellement, il y aura des rencontres. Bien entendu, il va y avoir du sport.
LES OPPOSES S'ATTIRENT ... DES ENNUIS
Depuis un peu moins d’une demi-douzaine de bobines HK, Jackie Chan essaie de donner le meilleur d'un lui-même qu'on ne connaissait pas trop jusqu'alors (cette fameuse grosse parenthèse commençant par New Police Story).
On va quitter un peu le polar urbain "tristounet" le temps qu'il rendosse des costumes et surtout un peu plus de fun pour du fun dans ce qui se rangera dans la catégorie du buddy movie.
A ma droite, on a le Soldat Âgé (Jackie Chan), enrôle très certainement contre son gré. Il n’a pas un tempérament vindicatif (déjouant la mort, les frictions et les ennuis avec des procédés dont les trésors d'ingéniosité de certains (le coup de la flèche) laissent d'étonner) mais semble plus un travailleur (de par son éducation).
Dans la vie civile il a pour seuls repères/aspirations la Famille (ses citations paternelles s'adaptent à peu près à tout) et la Terre (juste un lopin pour subsister en toute décence) ... pour lui c’est ça la vrai fortune !
Rentrer encaisser sa "prime", perpétuer la lignée familiale (et un autre enjeu, plus important encore) sont ses ultimes motivations pour se trimballer son encombrant opposant, à ma gauche : le Jeune Général (Leehom Wang), riche, ambitieux, matérialiste et plutôt élégant.
Ses façons de faire & de penser sont tout droit héritées de ses origines nobles (il parlera peu ou jamais de sa famille, mettant en avant Statut et Devoirs), avec ce qu'il faut de dureté pour faire respecter l'Honneur dans ses rangs. Il met en application ses connaissances martiales, stratégiques et idéologiques au service de la Politique d'Expansion de son Royaume.
Ne reculant jamais devant l'adversité ou un combat (loyal), il ira, quel que soit son état, jusqu'au bout.
Diminué et orgueilleux, le membre de l'équipe adverse est paradoxalement son seul salut.
C'est parti pour l'aventure : une grande marche à travers d'immenses décors variés traduiront bien le désolé de la situation (ils passeront par la forêt, des grottes, des cascades, ... servant occasionnellement d'abris de fortunes s'ils ne trouvent pas de cabanes abandonnées).
Les temps étant barbares, il y aura du danger, lié aussi bien à une nature hostile qu'à ses habitants occasionnels ! A part quelques brigands, des meutes sauvages récupérant qui-va-là pour les vendre comme esclaves et les membres de la cour du Général Wei activement sur ses traces (le Prince Wen (Steve Yoo) et son arbalète, suivi de l’aguerri Yu (Yu Rong Guang) redoutable et toujours alerte) afin de lui porter secours de la plus surprenante des façons, on ne peut pas non plus dire qu'il y ait beaucoup de personnages annexes qui interagiront !
Ils apportent un peu d'épaisseur à l'intrigue, appuieront le passé d'untel ou attesteront les conditions de vie préoccupantes liées aux conséquences de guerre (errances et racket) mais ne seront pas toujours ce qui sera le mieux/plus exploité (notamment cette rencontre-éclair avec une jeune chanteuse (Lin Peng) que le casse-pipe a tout ravi).
Tout converge pour implicitement se concentrer sur nos 2 amis, dont finalement toutes les problématiques de forme seront classiques : la lutte armée et ses retentissements se retrouvent réduites à une approche intimiste où les discussions entre ces 2 classes sociales opposent 2 points de vue radicalement différents (l'un veut vivre dans son coin loin de tout, l'autre veut dominer et s'imposer) émanant de 2 caractères (l'un est débonnaire, chantonnant, la positive attitude quand même à 2 doigts de la candeur et ne promet pas à tout bout de champ de tuer quand-il-sera-remis-sur-pied-tu-vas-voir comme son camarade d'infortune).
Pourtant on retrouve indirectement dans l'environnement leurs pendants à grande échelle (l'un et ses vagabonds crasseux qui ne savent plus trop dans quel monde on vit, menacent/assassinent au jour le jour pour survivre ; l'autre où on tue pour la richesse et le pouvoir sans se soucier d'autrui) avec un petit côté post-fin d’humanité.
Qu'est ce qui rend le programme véritablement prenant ? Malgré un script basique dans la forme et ses messages à peine voilés (la vacuité de la guerre, les souffrances des populations autour, les répercussions d'histoires/sentiments finalement futiles) il subsiste un positionnement faisant ressentir tout cela bien autrement : le rapport entre les 2 zigotos va privilégier les échanges d'idées (le Général de Wei pense qu'il peut acheter la moralité d'un Soldat qui s'accroche dur à son modeste rêve), de la proximité (Le Soldat soignera les lésions de son captif) et de valeurs (le Général connaissait le souci de l'autre par respect hiérarchique et va découvrir le souci de l'autre par désintérêt pur) dans des séquences qui vont souvent basculer vers la comédie !
Le Petit Grand Soldat reposant à 80% sur le dos des 2 antagonistes, il est heureux de constater que leurs rôles sont bien écrits, bien construits et interprétés avec conviction.
La formule ajoute de bonnes vielles allégories (anonymes, les 2 guerriers galèrent, deviennent sales (ce qui tue toute forme de distinction entre peuple et la royauté), vivent de grands moments communs et finiront même par se respecter ... mais une notion d’amitié est constamment remise en cause).
Leehom Wang est le côté sérieux, sombre et droit du programme à tous niveaux. Bien qu'ayant hérité d'un rôle dur, sans concessions, aux cruelles questions et complexe destin (mort, déshonneur, soucis familiaux) méritant le déplacement, la star reste la pauvre hère : Jackie le Soldat !
Gentil, partageur, blagueur, relativiste, un peu gauche, respectueux de la nature et les (jeunes et jolies) femmes : Jackie est celui dont part tout le côté humoristique aussi bien dans la mise en scène (esquiver des embrouilles où généralement il ne fait que se défendre et n'attaque pas), les situations (empêcher son prisonnier ligoté de se faire la malle), délires (quelques rêves bizarres), dialogues (il aime parler !), chorégraphies (ne lui laissez jamais un caillou entre les mains) ou bastons.
Entre funambuleries et autres cascades, vous vous délecterez de voir Jackie sauter dans tous les sens et constaterez qu'il est toujours aussi merveilleux quand son corps est mis à contribution. Il faudra cependant faire l’aparté de ses exploits d'antan car ses aptitudes seront ici réduites à de la voltige, qui, en dépit de leur créativité et intentions, n’exciteront pas autant que prévu les insaisissables ... mais d'un côté, avec tous les crashs que Jackie c'est pris auparavant, il est bien légitime qu'il y aille désormais un peu mollo, d’autant plus que ses exhibitions ne font pas dans le honteux.
On compte alors un peu sur les actions impliquant le Général pour offrir du complément ... et on se rend compte en définitive que Little Big Soldier est, de ce côté-là, un peu radin (quantité et durées chiches) pour que cela soit jugé comme raisonnable. Ceci dit, elles ont le mérite d'être "réalistes", nerveuses, brèves et violentes.
La période concernée fait espérer des assauts où des (centaines de) milliers de soldats s’étripent en toute amitié ? Le prologue va vous calmer direct et privilégiera l'action de masse à maximum une dizaine contre 1, les scènes spectaculaires de batailles étant ici tout bonnement sucrées et sous-entendues.
Autre point sur lequel le métrage peut faire discuter : son rythme. Le choix narratif impose une certaine célérité où l'on passe d’un groupe/plan/évènement plutôt rapidement ... Du coup, ne vous attendez pas non plus à trop être informés sur les tortueuses affres historiques de cette période !!
CONCLUSION :
Moins de baffes qu'attendues, plus de pitreries que ces derniers temps et surtout plus d'acting : celles et ceux qui ne retiennent de Jackie que ses plus grands faits d’armes pourront trouver cette réalisation décevante, bancale et pas forcément plus passionnante, aussi bien de ce qu'ils attendent de classique de lui que de ce qu'il se fait dans le genre de nous jours.
Si vous acceptez de moins le voir participer à un film de guerre historique qu'utiliser ce contexte pour défendre un personnage épais (et assister à un limpide plaisir de donner la réplique à un Leehom Wang persuasif) avec une participation physique à la Buster Keaton, vous assisterez à un costume comédie léger, au timbre particulier mais toujours distrayant, assez frais et bien mis en boîte, ne se prenant pas tant que ça au sérieux mais n'ayant aucunement l'intention de se moquer des gens. Il est quand même parfois autant loufoque que triste ...
Si vous accrochez, ça va jubiler dans les foyers ... Peut-on alors dire que c'est le dernier bon Jackie Chan depuis Drunken Master II ? Cela dépendra de ce que vous aimez chez lui mais ça se rapproche indiscutablement de sa période la plus populaire, avec quelques aménagements (thème dur, un peu hachuré niveau montage et naturellement pas bien épique).
Niveau ambiance sonore, vous allez en avoir pour vos oreilles !!! Le son est riche et enlevé, avec une attention particulière accordée à l’environnement, des plus enveloppants. Tous les satellites sont mis à contribution, le caisson n’est pas en reste … et quand les moments de combats surviennent, entre les bruitages (ces bruits de vêtements qui fouettent la chair/caressent les airs, ces métaux/bois qui se croisent à grande vitesse) & les cris, ça dépote un max !!!
Le disque propose 2 pistes DTS HD Master Audio 5.1 :
* La version en français sera appréciée pour son ton professionnel et son casting de voix, assez bien adapté aux différentes personnalités.
* La version en mandarin sera, comme de coutume, celle à choisir en premier. La cadence des sous-titres est optimale et, peut-être une spatialisation générale plus naturelle.
Après le logo HK, un menu succinctement animé montre le Soldat de dos, entonnant son air si nostalgique, agenouillé devant les portes (on présume) de sa Ville.
Le tout, sur des tons rouges, est sobre et dépouillée … au niveau de ses choix au nombre de 3 :
- FILM : Accès direct au film (il n’y a pas de chapitres mais le disque l’a tout de même découpé en 16 parties)
- AUDIO : Versions française ou Originale sous-titrée
- BONUS :
* Coulisses du Tournage : Making of présentant Jackie Chan et le réalisateur Ding Sheng au travail. Le tout est entrecoupé de séquences où Jackie vante les mérites de son jeune partenaire Leehom Wang (il y revient par 2 fois), parlant beaucoup de son côté multitâches, le personnage du Général, …
Une grande partie du crew technique et quelques acteurs vont faire de même avec la bête de travail Ding Sheng, lui-même très content de la confiance que lui accorde la superstar.
Jackie abordera les origines du script datant apparemment d’il y a une vingtaine d’années, ses finesses, le sens profond de la chanson … avant que tout le monde rappelle qu’il est très instructif de travailler avec lui.
Le tout parsemé d’images du tournage prises sur le vif !
* Scènes de tournage : Entre quelques extraits où le réalisateur et les acteurs se concentrent (répétitions, informations, consignes, …), des vidéos, de qualité variable, couvrant une grande majorité du film.
* Méprises Multiples : Les cascades sont loupées, des vrais coups sont portés, des accessoires ne font pas comme prévu, des répliques sont mal énoncées, les perruques se décrochent, … Le tout généralement dans la bonne humeur avec Jackie qui sort souvent son bon mot …
La plupart des scènes ici présentes figurent dans l’habituel générique de fin.
* Casque et Micro : Sur des images et bruitages du film, Jackie, filmé en live dans une salle d’enregistrement, confirme son intérêt pour la chanson et interprétera la BO de Little Big Soldier !
* HK Collection : Quelques bande annonces pour qui n’en veut - 13 Assassins (VOSTF) ; Little Big Soldier ; Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade (VOSTF) ; Protégé (VOSTF) et Shaolin (VOSTF).