Eddie Cusack (dit l’Acier le plus Pur) est responsable d’une unité policière de Chicago.
Bien huilée mais planifiée avec soin depuis longtemps, une opération de surveillance visant à infiltrer un indic au cœur d’un important deal de drogue pour le compte de la famille Comacho est en cours.
Naturellement ledit deal tourne au vinaigre grâce à très certainement Anthony Luna dit «Tony le Barge» (Mike Genovese), de la famille rivale Luna, partant avec le fric et la poudre … Bilan de la tentative d’arrestation des intrus : le coéquipier de Cusack Dorato (Dennis Farina) est blessé par balle ; le membre de la team de Cusack Craigie (Ralph Foody) commet une bavure ; quelques cadavres du côté des Comacho ne seront pas laissés impunis par l’encoléré chef Luis Comacho (Henry Silva) !!
Cusack se donne un point d’honneur à arranger TOUS ces problèmes fissa avant que les relations au commissariat prennent un pendant dégueulasse et que le conflit des 2 familles ne dégénère en guerre ouverte !! Mais vous savez ce qu’on dit sur la loi des séries …
LE JEU DU SILENCE
Profession prolifique toujours bien exploitable à la télé et au ciné, la majeure partie des figures importantes du cinéma (américain (assez (récent))) se sont prêtés sous quelque forme que ce soit au rôle du flic ... et notre Chuck de chopper de nouveau sa plaque pour veiller sur un environnement plus urbain. Il devra cette fois lutter contre un ennemi moins physique qu’à l’accoutumée : la loi du silence.
Même à juste titre, lorsqu’un flic dénonce un autre flic, ses prochains temps peuvent s’annoncer bien sales ... Il faut quelqu’un de droit, responsable, digne de confiance, assez fort mentalement pour ne pas se laisser baver sur les rouleaux et ayant assez de répondant pour cogner gagnant : Cusack, supportant l’injustice aussi bien dans ses rangs que dans les rues, semble être l’homme de la situation.
Séduisante problématique proposée par un film moins centré sur une simple enquête (pointant et) remettant en question les travers de ce Code Moral dans la Police, pas si éloigné que ça de celle présente chez les truands !
Michael Butler, Mike Gray et Dennis Shryack sont brillement parvenus à trouver un réel équilibre entre les nécessités norrissiennes (la tête dure efficace, ayant autant d’ennemis qu’il insupporte que d’amis qui l’acceptent tel quel, pratiquant assidûment du sport de combat pour la forme et cette fâcheuse tendance à vouloir agir (seul) plus que causer) et un script, dont la réelle solidité et la noirceur n’en pâtiront pour ainsi dire jamais.
Parmi les personnages, les scénaristes accorderont une bien belle importance à l’opposition de plusieurs versions & générations de flics : les routards (le celui qui devrait raccrocher tant il multiplie les faux pas, le tough one, le celui qui ne pense qu’à une pépère reconversion (cf les 2 Flics à Chicago de Hyams) face au celui qui veut faire son trou / bien de faire voir (un peu le représentant de l’innocence chez les flics).
Chez les truands, pas de figure positive (ils sont durs, sévères et insultants) mais il règne chez eux une certaine loyauté (voyez comme Luis jure de venger ses frères) voire même un rapport domestique développé en dépit du temps accordé limité (les relations tumultueuses chez les Luna ; pendant l’exil de Tony le Barge, son ami Gamiani (Lou Damiani) veillera sur sa fille Diana, un peu la figure innocente) … Vous pourrez en outre constater 2 différentes formes d’organisation & gestion (l’un comme une entreprise, l’autre plus familiale)
Niveau emballage, il y a tout ce qu’il faut pour être heureux : des acteurs plus que concernés par ces affaires (pas de fausse note dans le casting) ; des dialogues savoureux ironiques tout pleins d’un certain humour (tout le monde, même Chuck, balance des vannes. Ca c’est frais !) ; des oppositions autant drôles (la rencontre avec l’oncle Felix Scalese (Nathan Davis), un peu de détente-bière au bar entre collègues), tendres (Cusack et les choix du jeune détective Kopalas (Joseph Guzaldo)) ou tendues (toutes les scènes entre Cusack et Luis Comacho) ; une affaire de protection de témoin féminin qui ne vas pas forcément tourner comme c’est si souvent le cas ; …
Influencés par la vague SF en cours (Terminator est sorti l'année précédente) ou coïncidence, ils ont réussi à caser dans l’intrigue le Prowler, un espèce de tank de combat téléguidé préfigurant l’ED 209 de RoboCop que certains peuvent qualifier d’hors sujet mais qui aura le mérite d‘annoncer la soupe : course-poursuite sur les trains, cascades, bagarre au lowkick … Bien que Cusack aura un peu moins l’occasion de se servir de ses poings au-delà de quelques scènes (la période imposait plus la puissance des armes à feu que celle, martiale), les jurons pleuvront autant que les balles et les douilles s’écraseront autant sur le sol que le grand nombre de cadavres, ça boumera à l’image de cette séquence de fin apocalyptique, pétant littéralement le feu !
Niveau technique, le futur metteur en scène de Piège en Haute Mer, Le Fugitif, Poursuite, Coast Guards et Dommage Collatéral offre de l’efficacement monté et filmé, avec de panos soyeux de la ville de Chicago (mention spéciale sur les plans et scènes de nuits, splendidement photographiés).
La seule chose qui vient ternir le tableau (ou lui apporter sa touche inimitable) c’est Chuck lui-même.
Au look, coupe de cheveux, blouson Teddy, blue-jean ad hoc (il manque plus que les baskets Noël et la panoplie est complète), les 101 minutes font donc valoir son tempérament (on ne lui invente pas de passé, c’est juste un flic dans un épisode pivot de sa vie). Son temps de présence à l’écran reste modeste et son jeu (basé sur du caractère & de la distribution de pains à l’aïe) n’est finalement plus un problème, l’intrigue prenant astucieusement le relais et les personnages lui léchant moins humidement les bottes que de coutume …
Toujours autant à l’aise pour répondre aux provocations de qui vient lui chercher embrouille, il arrive néanmoins à trouver sa place et être un peu moins monolithique lors de nombreuses séquences dans lesquelles il y aurait eu normalement plus de blocages … Même si dans l’absolu il conserve ce côté rugueux qui fait tout son (in)succès.
Du coup, le laisser seul contre tous est mieux amené et ça tombe bien, ça ne lui fait pas froid aux yeux … Moralité : avec Chuck (Cusack), l’intégrité ça finit toujours par payer.
CONCLUSION :
Polar noir interchangeable (typiquement le genre de projet hybride qui peut être réécrit et adapté en fonction de quelle figure influente se le cogne - genre le Flic de Chicago (décidément !) ou celui de Beverly Hills) mais droit dans ses rails et non dénué de charme (merci les eighties), Sale Temps pour un Flic s’avère être un très recommandable et étonnamment intéressant divertissement : violent et plutôt secoué, présentant au mieux de leurs formes les thématiques Chuck Norissiennes (si on peut dire ça comme ça … du moins l’archétype du personnage, lui, est intact) auquel on peut choisir de se détourner pour se recentrer sur l’histoire, bien menée, bien écrite et bien interprétée : il y a pas à dire, pour ce que représente le film, c’est pas loin d’être son must.
Bon travail bien mis en boite qui a pour défaut d’être présentement noyé dans la masse d’histoires de flics hardboiled (qui plus est de ces années-là).
Si naturellement dans le genre :
* Tout ce qui est antérieur à une certaine période vous laisse froid …
* Des séries comme le Capitaine Furillo, NYPD Blues, NY Unité Spéciale (autres temps, autre rythme) ou NY 911 c’est pas votre tasse de thé …
* Vous n’attendez pas de Chuck Norris du rafistolage malin mais une vraie profondeur de jeu …
* La présence de Chuck Norris ne vous réussit pas …
… c’est pas trop la peine d’essayer.
Une meilleure définition, plus de détails que l'ancienne édition DVD, des noirs profonds, du grain à l'image, des couleurs assez vives, ... Mention très spéciale pour les néons des bars et les lumières de la ville la nuit, au bien bel éclat. C'est pas 1 point blanc toutes les 10 minutes qui vont venir gâcher le spectacle.
Le film n'ayant pas de remastérisation pour le coup inutile, on découvre les 5 différentes pistes en DTS Master Audio HD Mono. Alors OK, c'est un film d'action policier, OK la norme réclame au moins du stéréo (spatialisation minimale) et OK que le caisson de basse soit éteint ou allumé c'est pareil, mais cela concours à restituer le plaisir des films de cet age (surtout son enthousiasmante BO) aux effets sonores restant quand même limpides et costaud.
La VO anglaise sera l'occasion de profiter d'un bien plus percutant rendu et de cet argot si particulier.
Généralement un peu plus étouffées, les autres doublages sont à voir en fonction de ce qui vous tente ou vous concerne (Italien, Allemand, Castillan) mais concernant le français, vous constaterez que la voix localisée de Chuck d'habitude (Bernard Tiphaine) n’est pas le même : il s'agit pour le coup de celle d'un certain Yves Rénier !
Pour bien lire pendant le film, 9 sous-titrages (allemand, français, italien, espagnol, castillan, néerlandais, portugais + anglais & allemand pour sourds et malentendants).