L’ile de Bastoy, au nord de la Norvège dans la société d’après-guerre renferme une maison de redressement tenue d’une main de fer par le gouverneur. Lorsque le jeune Erling arrive, il n’a qu’une envie s’enfuir. Mais l’enfer ne fait que commencer.
Les films faisant état des maltraitances infligées aux enfants, quelque soit la nationalité, sont toujours un peu éprouvant et partent forcément avec un capital sympathie élevé. Il faut dire que ces films parlent souvent d’établissements respectables souvent cités pour le bien qu’ils apportèrent (soi-disant) à la société de l’époque en maitrisant ce qui semblait ne plus pouvoir l’être par le cheminement normal. Mais voilà, il s’avère au final que ces établissements masquaient parfois l’insoutenable, derrière des hauts murs qui donnaient toute impunité aux équipes encadrantes.
Dans « Les révoltés de l’île du diable » nous sommes clairement dans ce schéma là. Passons sur le manque d’imagination des traducteurs français du titre, pour nous intéresser particulièrement au fond de ce film. Le réalisateur Marius Holst nous entraine, avec beaucoup de pudeur (trop?) dans l’enfer de cette institution qui promettait de remettre dans le droit chemin de jeunes garçons difficiles. La particularité étant que l’établissement n’était pas réservé aux décisions des juges, mais que des parents pouvaient envoyer leurs enfants sur l’île, pour un temps donné (qui s’avérait systématiquement rallongé) afin d’inculquer aux jeunes en difficultés les valeurs d’une société qui ne leur laisserait pas le choix. Mais dès qu’ils mettaient les pieds sur l’île, la réalité devenait plus sombre, plus violente, avec tout ce que cela comprenait d’humiliations, de sévices et parfois même d’abus sexuelles. Et pour montrer cela, le réalisateur privilégie la suggestion, plus que le voyeurisme. Il donne au spectateur la possibilité d’une réflexion sur ce qui se joue devant lui et ne lui prend pas la main pour l’entrainer dans ce qui se passe derrière les murs du pensionnat.
Et pourtant si l’on accepte dès le départ l’aspect pervers de l’établissement, le sadisme plus ou moins assumé de ses dirigeants, le scénario et la mise en scène parfois trop hésitante de Marius Holst, nous empêche de totalement rentrer dans l’histoire. L’ensemble parait survoler le sujet, et le manque de rythme empêche, par exemple de réellement frémir lorsque les jeunes vont se retourner contre leurs geôliers. Non pas, qu’en montrer plus aurait aidé à acquérir l'adhésion du spectateur, mais l’art de la suggestion se doit de connaitre les règles de la mise sous pression du vidéaste comme le fit parfaitement Michael Haneke dans « Funny Games » par exemple. Le spectateur doit se sentir gêné, être mal à l’aise, pour mieux accepter la moiteur honteuse de ce type d’établissement.
En conclusion, « Les révolté de l’île du diable », relate l’existence d’une maison de redressement, comme on en vit beaucoup, dans de nombreux pays, avec toute l’horreur de ce qui se passait derrière ces murs d’enceintes. Mais la réalisation de Marius Holst manque de dynamisme et peut-être même de maitrise, si bien que la film, alors qu’il bénéficiait d’un capital sympathie tout acquis à sa cause finit par s’effriter au fil de son déroulé.
Les décors froid de cette Norvège hivernale ressortent avec beaucoup de brillance dans cette édition. Les contrastes sont suffisamment appuyés pour offrir une véritable profondeur aux extérieurs. Les couleurs ne sont pas trop affadies et le travail de lumière de l’équipe s’en retrouve grandie, particulièrement lors des scènes en forêt, où l’éclairage est plus atténués et les couleurs moins nuancées.
Une piste DTS-HD Master Audio, qui tient ses promesses, les ambiances sont reconstruites avec beaucoup de brillance. Sans faire dans l‘excès nous regretterons tout de même une certaine faiblesse dans les dialogues qui pousse à lever un peu le son. Dans l‘ensemble la dynamique est assez bien équilibrée et le surround assez discret pour ne pas se faire trop hors sujet.