Rabinowitz, chantre d'une synagogue, souhaite que son fils Jakie lui succède. Mais celui-ci préfère le jazz. Chasse par son père, il devient célèbre, maquille en noir, comme vedette de jazz, sous le nom de Jack Robin.
« Le chanteur de Jazz », n’est pas, à proprement parlé un film remarquable dans sa mise en en scène ou dans sa direction d’acteur, mais il est le symbole d’une véritable prouesse technique pour l’époque. En effet, le cinéma américain se bat, depuis plusieurs années, pour une évolution qui semble inévitable, mais est rejetée par tous les décisionnaires des studios : le cinéma parlant. Il est d’ailleurs, un peu injuste de dire que l’acteur Al Jolston fut la première voix humaine de l’histoire du septième art, tant de nombreuses tentatives furent lancées avant, sans pour autant trouver l’oreille des uns et des autres. Il faudra effectivement attendre ces nombreux essais et la ténacité des frères Warner associés à l’inventivité de Théodore Case et de Lee de Forest, ainsi que la vision de William Fox pour qu’enfin arrive ce moment incroyable où la voix des comédiens sort de l’écran. Une révolution qui en laissa bon nombre sur le côté de la route et certains effrayés y trouvèrent une nouvelle voie et s’y engouffrèrent, comme cela fut le cas pour Greta Garbo (La reine Christine), par exemple.
Ce qui est remarquable dans « Le chanteur de Jazz », c’est évident la prestation d’Al Jolston, qui dans le film reprendra ses plus grands succès en tant que chanteur dont le célèbre « Toot, toot, tootsie ». L’acteur/chanteur se démarque à l’époque par une présence magnétique sur scène qui provoqua bien souvent des émeutes, et accumule les records (records de ventes de disques, longévité de popularité, spectacles à Broadway qui tournent à l’émeute), l’artiste est un symbole qui se prête aisément à l’entreprise des frères Warner (qui lui préférait pourtant une autre star de l’époque : Georges E. Jessel, mais ce dernier, trop gourmand financièrement fut abandonné. Al Jolson fut alors pressentie pour interpréter ce chanteur qui trouve son style en se maquillant le visage en noir. Lorsqu’il interprète d’ailleurs la chanson « Mummy », la tragédie du moment atteint son paroxysme et le spectateur est atteint en plein cœur.
Si le film peut paraitre parfois approximatif dans on montage, il faut être conscient des difficultés de tournage qu’il représenta. Certaines furent tourné en une semaine, tant les conditions, paraissant idéal, comme celle à l’intérieur de l’opéra, devinrent un véritable casse-tête et fit naitre dans le même temps une profession jusque-là, quasiment inexistante : l’ingénieur du son.
En conclusion, « Le chanteur de Jazz » est assurément un monument du cinéma mondial, qui reste le symbole, de la plus grande avancée du 7ème art, avant la couleur. Une révolution qui vit de tant de destin changer et de carrières se former ou se dissoudre. « Le chanteur de Jazz » surprend par un ton à la fois léger et pourtant si tragique.
Alors pour le coup, voilà une édition réussit et à la hauteur de l’attente du spectateur. Outre le boitier métal et le livret de 16 pages, l’édition propose sur un troisième DVD, une série de bonus qui commencent d’abord par :
« L’aube du son : comment les films ont appris à parler », un reportage complet et passionnant sur les débuts du cinéma parlant, qui n'oublie pas de présenter les stars de l’époque, les échecs, les doutes, la persévérance, les trahisons et autres coups-bas qui ont permis aux frères Warner de pouvoir enfin faire avancer le cinéma et de lui donner un tournant décisif dans la suite à donner. Il est d’ailleurs intéressant de voir que les réalisateurs font un parallèle avec le film « Chantons sous la pluie » qui donne une vision musicale de ce que fut cette révolution dans le milieu hollywoodien de l’époque. Une révolution qui signa aussi la fin des théâtres de variétés.
Puis un extrait de Gold Diggers of Broadway, un programme court, qui fut retrouvé dans les archives de la Warner, un film colorisé et principalement musical. Un programme qui met en scène des parties musicales mais aussi des acteurs parlant et notamment Al Jolson.
On continue ensuite avec « La voix derrière l’écran », une présentation par Edward B. Craft datant du 27 octobre 1926, du système de sonorisation des films de cinéma. Une présentation qui montre à quel point la naissance de cette nouvelle forme d’art fut importante.
Comme Edward B.Craft n’avait pas de mots suffisant pour expliquer toute la complexité du système, les concepteurs de cette édition, nous proposent un dessin animé de l’époque : « Finding his voice : Trouver sa voix » qui nous explique dans le détail le système de sonorisation d’un film.
Puis un reportage en forme d’hommage : « The voice That Thrilled the world : la voix qui ravie le monde», de 1947, qui revient sur la naissance du cinéma parlant. Des premières expérimentations de Thomas Edison, à la première de « The Jazz Singer » en oubliant les essais de Léon Gaumont.
« Ok for the sound : Ok pour le son » est un hommage, 20 ans après, à la prouesse technologique que fut l’invention du cinéma parlant et la réalisation de ce premier film : « Le chanteur de Jazz ». Une manière finalement efficace pour se rappeler que le cinéma, ce ne fut pas que des explosions, des effets spéciaux et des monstres en tous genres. Ce fut d’abord des inventions et des essais heureux ou non.
On finit cette passionnante édition par « When the talkies were young : Les balbutiements » qui présentent toutes les grandes stars du parlant qui firent leurs premiers pas dans des films tout juste parlant, comme James Cagney (Les portes de l’enfer), Spencer Tracy (Vingt mille ans sous les verrous), Bette Davis (Qu’est-il arrivé à Baby Jane), etc…
Une édition réellement passionnante !