Il était une fois un royaume peuplé de petits habitants appelés
les Nelwyns. Ce peuple paisible était dominé de temps immémorial par les
Daikinis, gens de grande taille gouvernée par la cruelle reine Bavmorda. Or il
advint qu'un prophète annonçât la naissance d'une princesse appelée à détrôner
Bavmorda. La terrible reine ordonna alors de tuer céans tous les nouveau-nés du
royaume. Elora échappa au massacre et ce fut Willow, un jeune Nelwyn féru de
magie, qui la recueillit. Mais Bavmorda n'avait pas dit son dernier mot...
L’une des
premières réalisations de Ron Howard (Da Vinci Code), en tous les cas, aux
commandes d’une grosse machinerie, comme les aime le producteur et scénariste
Georges Lucas (Star Wars), « Willow » fut un tour de force qui innova
dans l’utilisation de différentes techniques, comme le Matt Painting et surtout
le morphing qui trouva là ses titres de noblesses. Le film allie en permanence
anciennes techniques, comme celle de la superposition d’image sur fond bleu, comme on le voyait déjà dans « Le
retour du Jedi » et ces nouveautés, qui nous paraissent maintenant, un peu
désuètes, mais qui, à l’époque ont fait rêver des millions de spectateurs dans
le monde. Dans « Willow » tout est surprenant, à commencer par le
casting des Nelwyns, qui sont tous de véritables nains, alors que le cinéma (et
même encore maintenant) n’hésite pas à utiliser des acteurs de tailles
classiques pour interpréter des nains. L’ensemble des personnages sort littéralement
des codes de la narration classique, avec des héroïnes âgées : La reine
Bavmorda interprétée par Jean Marsh (Cléopâtre) qui affichait déjà ses 54 ans et
la fée Raziel jouée par Patricia Hayes (L’histoire sans fin) elle-même âgée de
78 ans. Seul le couple Matmartigan /Sorsha s’en sort à peu près bien, hors mis
l’inversion des genres avec une femme guerrière supérieure en force et en
tactique au fougueux chevalier plus intéressé par ses plaisirs que par les quêtes
éventuelles pour sauver le monde.
On l’aura
bien compris, « Willow » est volontairement un film qui prend à
contre-pied les codes classiques, pour offrir une aventure originale, pleine de
rebondissements, signées par le père de la saga « Star Wars »,
Georges Lucas. Alors évidemment, on peut parler d’un scénario simple, utilisant
parfois un peu trop de raccourcis un peu légers, mais qu’importe, cette
aventure inspirée de l’histoire de Moïse, avec le panier sur le fleuve, l’enfant
qui doit sauver le monde du mal, etc…Tout est fait pour passionner les
spectateurs. Et même si les effets spéciaux semblent parfois un peu archaïques,
comme dans la scène de la citadelle, où les héros affrontent un monstre à deux
têtes, l’ensemble opère toujours aussi bien et l’on plonge aisément dans les
aventures de « Willow ».
Côté
distribution, Warwick Davies (Harry Potter) court partout, donne de sa personne
et charme l’audience avec un jeu impeccable. Parfois un peu surjouée, sa
composition n’en demeure pas moins minutieuse et rafraichissante, pour un acteur
dont la taille, n’offre pas souvent de possibilité de tenir un film sur ses
épaules, (une discrimination souvent oubliée). Le duo qu’il forme avec Val
Kilmer (Top Gun), qui accéda définitivement au statut de star avec ce rôle de
Matmartigan, est l’un des plus convaincants du cinéma américain. L’acteur se
fait un nom par une composition drôle, tout en caricature parfois, à l’image de
son personnage.
En
conclusion, « Willow » est un film dynamique, à la mise en scène
minutieuse et inventive, qui participa à l’évolution des techniques d’effets
spéciaux, en les intégrant dans la mise en scène. Difficile de ne pas céder au
charme de l’aventure de ce petit homme qui doit sauver un bébé d’une mort
certaine, afin de réaliser une prophétie qui annonce la fin du mal.