Alors qu'il croise par hasard la route du magicien Gandalf le Gris, Bilbon rejoint une bande de 13 nains dont le chef n'est autre que le légendaire guerrier Thorin Écu-de-Chêne. Leur périple les conduit au cœur du Pays Sauvage, où ils devront affronter des Gobelins, des Orques, des Ouargues meurtriers, des Araignées géantes, des Métamorphes et des Sorciers. Bien qu'ils se destinent à mettre le cap sur l'Est et les terres désertiques du Mont Solitaire, ils doivent d'abord échapper aux tunnels des Gobelins, où Bilbon rencontre la créature qui changera à jamais le cours de sa vie : Gollum.
Pour parler de cette adaptation de « Bilbon le Hobbit » de Tolkien, il faut tout d’abord resituer le roman dans l’œuvre de l’écrivain. Notamment sur le fait qu’il fut édité 17 ans avant la célèbre trilogie du « Seigneur des anneaux », dont Peter Jackson a signé la plus honorable et certainement la plus aboutie des adaptations. Mais à l’origine, « Le hobbit » est une histoire destinée à de jeunes enfants (notamment les siens). La tonalité y est donc beaucoup lus légère, moins sombre, l’écrivain commence à définir les frontières du monde qu’il créé de toute pièce avec ses lois, ses langues, ses passés et son avenir. Tolkien n’était pas décidé à éditer ses écrits, il y fut poussé par ses amis d’un cercle littéraire dont il faisait partie, mais se passionnait pour les histoires de monstres de légendes celtiques et nordiques.
Voilà, une fois repositionné le roman dans sa généalogie, on peut éviter de s’obstiner dans l’idiote comparaison systématique avec la trilogie du « Seigneur des anneaux », car même si Peter Jackson souhaite utiliser les appendices pour en faire une passerelle avec les trois premiers films, « Le Hobbit : un voyage inattendue » n’en n’est pas moins une très belle adaptation du premier roman de Tolkien. On y retrouve tout l’univers enfantin du roman, les chansons que l’auteur avait imaginé prennent subitement corps sous la plume musicale d’Howard Shore.
Alors on peut émettre des réserves, sur la volonté du réalisateur de faire trois films d’un roman qui ne fait que la moitié d’un seul volume du « seigneur des anneaux », mais la qualité narrative de Peter Jackson et de ses scénaristes, la passion évidente de l’auteur pour l’œuvre de Tolkien, font du « Hobbit » une véritable réussite. D’abord parce que le réalisateur filme avec un instinct évident et une maestria incroyable les combats des nains, il a su (et c’est exceptionnelle) reprendre les mêmes ingrédients qui ont fait la réussite des trois premiers films. D’ailleurs, on a presque l’impression que Jackson, a réalisé l’ensemble d’un seul coup, tant on y retrouve la même perfection dans la reconstitution de l’univers de la Terre du Milieu, que dans ces mouvements de caméras si particuliers qui ont fait la marque de sa réalisation. Comme le combats dans les montagnes de Brumes, dont la mise en scène n’est pas sans rappeler le combat dans les grottes de la Moria dans « La communauté de l’anneau ».
Mais l’intelligence de Peter Jackson, réside surtout dans le fait de garder coûte que coûte l’esprit plus léger, plus humoristique du livre de Tolkien. On pourra seulement regretter que la différence entre les nains et le hobbit ne soient pas plus marqués sur le point de vue de la taille. Pour le reste, Bilbon apparait beaucoup plus nuancé que dans la première trilogie. Plus cabotin, pas forcément amateur d’aventure, mais qui se laisse volontiers porter par l’adrénaline. Héros par hasard, il se découvre un courage et une intelligence qu’il ne soupçonnait pas. Comme Tolkien, qui avait modifié son premier roman pour être en accord avec « Le seigneur des Anneaux », Peter Jackson, modélise son premier film pour qu’il devienne l’origine d’une trilogie qu’il a réalisé plus de dix années plus tôt. A la différence de Georges Lucas, qui s’est laissé prendre au piège du « beaucoup trop », le réalisateur reste dans la lignée de ce qu’il a conçu une décennie plus tôt et cela se voit dès les premières minutes.
Côté distribution, Martin Freeman (Love Actually) est l’acteur idéal pour interpréter l’oncle de Frodon. Si Ian Holm (Le cinquième élément) lui avait donné une légitimité de sage, l’acteur anglais lui donne toute la fraîcheur et la drôlerie qui lui manquait. Avec une gestuelle propre et reconnaissable aux acteurs anglais, il parvient à trouver une certaine simplicité qui ramène Bilbon dans le camp des antihéros de grande envergure. Face à lui Richard Armitage (Captain America : First Avenger) dans le rôle Thorin a toute la carrure de Viggo Mortensen (Aragorn), dans cette première partie, le personnage du chef des nains est rigide et obstiné et son but parait simple et limpide. Pour ceux qui ont lu le livre, on attend avec impatience, la prochaine composition du comédien qui devra jouer sur l’ambigüité des sentiments de Thorin envers ses compagnons.
En conclusion, « Le Hobbit : Un voyage inattendu » est une nouvelle preuve de la maitrise de Peter Jackson de l’œuvre de Tolkien. Il prouve à quel point il a su comprendre les sonorités enfantines de ce premier livre édité de Tolkien qui le destinait à ces petits-enfants. Jackson, même s’il veut créer une passerelle entre cette nouvelle trilogie et l’ancienne, il parvient toujours à nous surprendre, avec une mise en scène cohérente, un don pour mettre en lumière et utiliser de nouvelles technologies pour donner tout son sens aux écris de Tolkien. Le mieux pour parler et se faire une idée cohérente de la qualité de l’adaptation c’est encore de lire le livre !
Côté son en revanche, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 est de très grande qualité, et même si l’on trouve parfois une légère faiblesse dans la dynamique et dans la spatialisation, avec une musique un peu trop présente, l’ensemble reste toute de même une véritable immersion du spectateur dans l’aventure du film.
Côté bonus c’est un peu la déception, d’abords parce qu’elle commence par une publicité d’un tour opérator qui nous présente la Nouvelle Zélande à travers les lieux de tournage du film « Le Hobbit : Un voyage inattendue ».
On a tout de même une très bonne surprise : L’ensemble des blogs que le réalisateur avait mis en place, comme une sorte de journal de bord, c’est drôle, passionnant, on nous montre quasiment tout, de la préparation du tournage à la grande première à Wellington en passant par la post production. Rarement making of fut aussi passionnante.