Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirmation intemporelle de la force inépuisable de l'âme humaine. Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.
Il y a trente ans lorsqu’Alain Boublil et Michael Schönberg décidèrent d’adapter l’œuvre magnifique et complexe de Victor Hugo : « Les Misérables », personne n’y croyait. Et pourtant leur création associée à la mise en scène de Robert Hossein, fut au-delà de ce que tout le monde pouvait imaginer. Et paradoxalement, l’adaptation de ce chef d’œuvre français ne connut réellement le succès qu’avec son adaptation anglaise. Car Depuis 30 ans la comédie musicale fait les grandes heures des planches de Broadway et de Londres.
Seulement voilà ce qui fonctionne sur scène, ne se transforme pas systématiquement en succès au cinéma. Et même si Tom Hooper soigne sa mise en scène, avec une ouverture remarquable surprenante et magistralement inspirée, son adaptation se perd dans un découpage fidèle à la scène, mais insupportable à l'écran. Si certaines coupes paraissaient évidentes dans la construction d'une spectacle musicale, dans sa transposition sur grand écran l'absence de transition réelles peut choquer, comme le bouleversement intérieur de Jean Valjean (qui n'était pas uniquement dû à sa rencontre avec l'évêque), ou encore la transition entre la fin des barricades et la révélation de Jean Valjean à Marius sur son passé. Il y a un manque de subtilité dans les transitions qui restaient acceptable sur scène qui apparaissent presque comme des mauvaises coupes dans le montage. L’œuvre de Boublil et Schönberg perd à l’écran ce qu’elle gagnait sur scène. L’image tragique d’une société qui se meurt pour renaître de ses cendres, avec des envolées lyriques qui transpercent le cœur d’une émotion magistrale perd en volume pour les besoins d’une mise en scène et d’un timing, déjà particulièrement serré.
Le réalisateur se laisse porter par la musique, la met en scène avec un lyrisme tragique, peut-être trop appuyé, au point que les personnages s’en retrouve subitement bien effacés, à l’image du couple Thénardier, qui perd sa folie scénaristique, au profit d’un couple sordide (certes ils le sont dans le roman) mais la musique les rendait plus colorés, plus nuancés et apportait une sorte de fraicheur cynique, qui déclenchait certains rires dans la salle lors de leur première apparition. Dans le film, la scène est presque ennuyeuse, et Sacha Baron Cohen (Borat) semble avoir appris une mauvaise nouvelle pendant le tournage (l’échec commercial de sa dernière réalisation ?). Quand à Hugh Jackman (X-men), son talent est indéniable, mais sa voix aigüe par rapport aux précédents interprètes du rôle sur scène surprend, et fait presque regretter que les rôles ne soient pas inverser avec Russell Crowe (Gladiator), dont l’interprétation de Javert souffre parfois d’une maitrise approximative de sa voix.
Mais il serait injuste de limiter la critique en appuyant uniquement sur les mauvais choix ou sur les mauvaises surprises. Car « Les Misérables » de Tom Hooper, gagnent aussi en interprétation, à commencer par Anne Hathaway (Le diable s'habille en Prada) tout simplement éblouissante et déchirante en Fantine. L’actrice rend justice à ce personnage abandonné à la rue par l’ignorance des autres en l'interprétant avec beaucoup d'humilité mais aussi avec une force qui manquait certainement aux précédentes interprétations du rôles sur scène. Autre grande surprise de cette version, le comédien Eddie Redmayne (My week with Marilyn) en Marius qui, lui aussi, offre certainement l’une des plus belles interprétations de la chanson « Empty Chair », où Marius revient sur les lieux de la barricade après la mort de ses camarades. L’interprétation est magnifique et se suffit à elle-même. Pour les amateurs de la comédie musicale, on pourra noter la présence de Colm Wilkinson dans le rôle de l’évêque, et qui n’est autre que le chanteur qui a créé le rôle Jean Valjean dans la première version anglaise sur scène.
En conclusion, « Les misérables » de Tom Hopper, n’est absolument pas un mauvais film, la mise en scène est soignée, fidèle au spectacle, elle donne même une autre vision de l’œuvre musicale de Boublil et Schönberg plus sombre, moins colorées. Mais le transfert de l’adaptation scénique de l’œuvre de Victor Hugo, perd en volume et en intérêt dans son passage sur grand écran, notamment par des vibratos moins soutenus sur la fin de certains morceaux choraux et des transition un peu maladroites qui pouvaient fonctionner sur scène mais qui rendent l’œuvre un peu approximative sur grand écran. Si vous avez aimé le spectacle sur scène, vous ne pourrez masquer un sentiment de déception, par cette perte de volume.