Le pilote de ligne Whip Whitaker réussit miraculeusement à faire atterrir son avion quand les commandes lâchent en plein ciel. Mais alors qu’il est acclamé et considéré comme un héros par tous, sa responsabilité dans le crash de l’avion est mise en cause par l’enquête judiciaire.
Après avoir passé plusieurs années à mettre au point et à utiliser le « motion capture », notamment avec « Le Pôle express » et «Le drôle de Noël de Scrooge », Robert Zemekis revient à un cinéma plus conventionnel avec une comédie dramatique autour d’un monde prisonnier de ses démons addictifs et des mensonges qui en découlent. Un sujet moult fois disserté au cinéma mais rarement avec autant de justesse et d’intelligence.
Car il faut bien le dire, « Flight » est un film réussit par la combinaison de plusieurs bons éléments, à commencer par le scénario de John Gatins qui, au vue de ses précédentes créations ne prêtait pas à la finesse (« Real steel » et « Appelez-moi Dave »). Ici le scénariste plonge dans le mécanisme du mensonge qui entoure souvent les addictions de quelques sortes que cela soit. Jamais dans le surplus de bassesses, le scénariste ciselle son propos en faisant de son personnage un héros pour les uns une honte pour lui-même. Un être qui ne parvient à s’apprécier, qui refuse de se croire malade et rongé par une maladie. Un homme que le succès rend arrogant extérieurement mais qui ne cesse de s’enfoncer un peu plus dans ses addictions lorsque la souffrance est trop lourde. Ici, on ne parle de propos plus ou moins modérés, non, la trame veut montrer à quel point l’alcool dans un pays qui le considère comme une seconde culture, peut être à l’origine de drame collectifs mais aussi et surtout personnels. John Gatins, y va avec précision et intelligence. Il ne fait pas de son personnage, un être totalement répugnant, mais pas non plus un personnage malheureux et dépressif. Le commandant Whitaker est simplement un être humain malade d’alcoolisme, qui ne parvient plus à voir sa dérive et qui la masque volontairement ou non par une série de mensonge.
La réalisation est aussi l’une des raisons de la réussite de ce film, notamment par le soin qui y est apporté, que ce soit dans la reconstitution autant impressionnante que précise du crash de l’avion que dans la sobriété de certaines scènes. Par des effets de plans serrés ou suggérés, le réalisateur impose un style qui ne se veut pas du tout académique, mais qui a l’intelligence de pouvoir faire du grand spectacle et de la psychologie en utilisant les grandes ficelles du cinéma américain. Robert Zemekis, ne se limite pas à une exploration linéaire des effets de l’addiction du héros. Non il joue en permanence entre la fierté de ce qu’il a fait et le dégout de le voir se laisser aller à l’alcool et à la drogue. Certaines scènes sont notamment remarquables dans la qualité de la mise en scène rigoureuse de Zemeckis comme celle du mini bar.
Mais une telle réussite n’aurait pas été possible, sans le concours d’une distribution de grande qualité. A commencer par Denzel Washington (American Gangster) qui nous offre une composition remarquablement inspirée, où l’arrogance se mêle à la perfection à la détresse de l’addiction. Où le sang-froid d’un professionnel accomplis peut jouer des paradoxes de l’irresponsabilité de l’alcoolisme. Jamais dans la caricature, surtout dans la scène où le héros est tellement saoul qu’il ne parvient plus à parler. On ne peut éviter les chutes d’usage, mais l’acteur sait faire preuve de subtilité pour ne pas rendre son personnage ridicule ou trop décalé. A souligner aussi la superbe Kelly Reilly (L’auberge espagnole) qui a su aussi trouver toutes la subtilité nécessaire pour faire de son personnage de junkie en rémission, le contraire féminin du héros.
En conclusion, « Flight » est une réussite totale de la mise en scène, du scénario et de la distribution. Si l’histoire n’est pas particulièrement originale à la base elle à le mérite de poser les bonnes questions en associant l’image du héros à son contraire.