L’histoire :
Engagés dans un important procès, les avocats de la défense et de l’accusation sont contactés par une personne prétendant pouvoir conditionner la décision des jurés contre monnaie sonnante et trébuchante.
Critique subjective :
Adaptation d’un roman de John Grisham, Le maître du jeu (Runaway jury), est le cinquième long-métrage de Gary Fleder, un honnête faiseur hollywoodien (Dernières heures à Denver, Le collectionneur, Pas un mot). Le titre s’inscrit dans un genre très balisé (le thriller juridique ou film de prétoire), souvent synonyme de films plats et ronronnants. Ne suscitant jamais l’ennui malgré sa durée supérieure à deux heures, Le maître du jeu saura éviter cet écueil en capitalisant sur plusieurs éléments.
Allant presque jusqu’à reléguer le procès en arrière-plan, le métrage trouve son originalité en se focalisant entièrement sur le jury. Tout l’enjeu de l’intrigue tient ici à la capacité à sélectionner les jurés, à décrypter leurs personnalités et à orienter leur décision. Une approche intéressante. Intelligent et rudement efficace (voir la présentation exemplaire des personnages), le scénario évite le piège du huis-clos intégral (l’action est loin de se limiter au tribunal), ménage un certain suspense et se pare d’une dimension éthique bienvenue. On comprend dès lors que l’histoire ait réussi à séduire une distribution de luxe constituée d’une poignée de premiers rôles prestigieux (Dustin Hoffman, Gene Hackman, John Cusack, Rachel Weisz) et d’une tripotée de seconds couteaux bien affutés (Dylan McDermott, Jeremy Piven, Bruce Davison, Bruce McGill, Leland Orser, Luis Guzman, Jennifer Beals, Cliff Curtis, …). Un petit monde fort impliqué. Autant dire que l’interprétation envoie du lourd.
Derrière la caméra, Gary Fleder s’en sort bien et signe sans doute sa meilleure réalisation. Sa mise en scène carrée, alliée à un montage acéré (cf. la joute verbale entre Hackman et Hoffman dans les toilettes du tribunal), dynamise le film et maintient l’intérêt du spectateur tout au long du métrage.
Verdict :
Sans accéder au rang de fleuron du genre, Le maître du jeu s’impose comme un honnête divertissement judiciaire.