Barry Kane, ouvrier en aéronautique assiste à l’incendie de son usine à Los Angeles. Lancée par un agent Nazi, la bombe incendiaire cause la mort de son meilleur ami et Barry se retrouve accusé à tort de sabotage. Pour prouver son innocence, il entame une course-poursuite acharnée à travers le pays, qui le mènera de Boulder Dam au Radio City Music Hall de New York, jusqu’à une confrontation redoutable au sommet de la statue de la liberté.
Voilà un film qui met en évidence tout le génie d’Alfred Hitchcock et tous les paradoxes qui ont fait sa carrière. Le réalisateur qui vient de s’installer aux Etats-Unis sous contrat avec Universal, trouve dans la « Cinquième colonne » l’occasion de mettre en avant tout le talent qui a fait sa réputation outre-Atlantique. Pourtant le résultat qui apparait aujourd’hui grandiose, même si le film n’est pas sa plus grande réussite, ne plaisait au réalisateur. D’abord par le traitement qu’il fit de son méchant. Lui qui aimait les personnages mesquins, schizophrènes, toujours en nuances, fit une erreur qu’il regretta toute son existence, il laissa sa tendresse pour le méchant apparaitre à l’écran.
Un choix qui nous parait génial maintenant, mais qui n’était pas de son goût, ni de celui des spectateurs de l’époque, qui malgré le succès du film, lui reprochèrent d’avoir donné au méchant une fin presque émouvante. Pourtant dans « La cinquième colonne » tout le talent d’Hitchcock est là : Une lumière travaillée au cordeau, des plans inventifs pour mieux suggérer le mal à venir, des personnages ambigus à l’extrême, et une intrigue solide à tiroirs pour mieux capter l’attention du spectateur, toujours le personnage central de la réflexion hitchcockienne.
Dans « La cinquième Colonne », le réalisateur tente une approche des intrigues qui hantent la société de l’époque : « Les sociétés secrètes liées aux nazis ». Le titre sans équivoque fait une référence directe à ce qui se passe en Europe, et alors que certains commencent à lui reprocher de ne pas être engagé auprès des forces armées britannique pour rester aux Etats-Unis, Hitchcock avance un film comme une sorte de pied de nez à la bonne pensée et parvient à nous donner une œuvre bourrée de référence sociétales du moment, comme le personnage de Philipp Martin, avec un nom très français qui se représente comme le bien et la haute société gangrénée par une société secrète et bien mal intentionnée.
Comme à son habitude, Hitchcock se joue des codes de la bienséance pour mieux imprégner le spectateur et créer ainsi en lui une sensation de malaise à se rendre compte que la haute société peut aussi faire preuve de bassesse à une époque où on lui prête toutes les vertus. Amateur de vilains en tout genre, le réalisateur donne à ses traîtres toute la candeur des personnes importante et les cisèle avec beaucoup de justesse pour les rendre encore plus pervers dans leur course à la domination d’un monde en plein trouble.
En conclusion, « La cinquième colonne », n’est certainement le film le plus réussit de sa carrière, de sa bouche même, Alfred Hitchcock aimait à dire qu’il avait raté sa fin, mais il a le mérite d’être le premier avec un casting entièrement américain, et celui qui impose le réalisateur aux Etats-Unis. « La cinquième Colonne » contient toutes les qualités de mise en scène et d’affutage scénaristique, qui ont fait sa réputation.