Des beaux jours ? Caroline, fraîchement retraitée, n’a que ça devant elle : du temps libre et encore du temps libre. La belle vie ? Pas si simple… Comment alors tout réinventer ? Transgresser les règles, provoquer de nouvelles rencontres, ou bien simplement remplir son agenda ? A moins que tout soit déjà là ?...
Que se passe-t-il lorsque l’heure de la retraite a sonné ? Comment vit-on ce moment où l’on passe de la vie active à la vie à profiter ? Comment le vivrons-nous ? Et s’il s’agissait du moment de se libérer des carcans de la vie ? Et bien c’est tout le sujet de ce film, où une femme toute nouvellement retraitée se voit ouvrir une nouvelle vie, avec des instants d’activités communes pour se sentir toujours utile, des moments où l’on se retrouve à regarder son corps et jeter un œil sur son existence passée et sur celle à venir. Le scénario de Marion Vernoux et de Fanny Chesnel souligne avec soin cette sorte de dualité qui existe entre la vie de femme et celle de retraitée qui doit apprendre à s’aimer et à accepter l’âge qui a progressé insidieusement. A soixante ans passés, on a envie de se sentir vivante, de se découvrir une nouvelle chance, et particulièrement à travers le regard d’un homme plus jeune, comme si dans son regard il y avait un espoir de retrouver une nouvelle jeunesse de se sentir encore désirable aux yeux des nouvelles générations. Sans jamais sombrer dans la caricature inévitable, les deux scénaristes peignent une histoire simple, où l’habitude de la vie, l’oublie de la beauté du corps et parfois la dérive de l’âge, sonnent étrangement lorsque l’activité cesse et que l’on retrouve face au temps.
La réalisation de Marion Vernoux (Personne ne m’aime) se veut d’ailleurs simple, sans brutalité. La réalisatrice ne fait pas dans le voyeurisme, elle épouse son histoire pour en sortir le principal, le regard de cette femme sur son existence, cette jeunesse qu’elle tente de garder à tout prix dans le regard du jeune homme qui vient de la séduire, et la sécurité dans les yeux de celui qu’elle a épousé bien des années auparavant. Sans pour autant perdre en dynamique, Marion Vernoux parvient à garder une narration claire et captivante, sans jamais sombrer dans le mélo ou dans le surplus de romantisme guimauve. Elle suit ses personnages et sa direction d’acteurs sert avant tout la trame pour mieux en distiller l’essence des sentiments et des doutes.
Pour cela elle se repose sur l’interprétation magnifique et inspirée de Fanny Ardant (Roman de gare). L’actrice transcende littéralement ce passage difficile de l’existence où l’on doit apprendre à profiter de la vie, tout en acceptant le fait de ne plus être actif. Sans jamais sombrer dans le surjeu la comédienne pose sa voix, laisse son corps exprimer les sentiments et le duo qu’elle forme avec Laurent Laffitte (De L’autre côté du périph) est d’une poésie juste et essentielle pour la bonne tenue de l’histoire.
En conclusion, « Les beaux jours » est un film d’une poésie remarquable sur le passage souvent désiré, mais toujours délicat du passage à la retraite. Une histoire où les sentiments se mêlent inlassablement comme une douce course contre l’âge et contre l’ennui du temps qui d’un seul coup devient plus présent.