Tonto, le guerrier indien, raconte comment John Reid, un ancien défenseur de la loi, est devenu un justicier légendaire. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption. Le tandem fait des étincelles et entraîne le public dans un tourbillon de surprises et d’humour.
Il y a quand même des films dont on n’a pas envie de dire du mal, tant l’idée d’un film classique sur les cow-boys et les indiens, est attirante, à plus forte raison, lorsque les indiens n’y ont pas un mauvais rôle, rappelle des souvenirs d’enfances tenaces, où l’on se prenait pour John Wayne ou pour Sitting Bull. On n’a pas envie de dire du mal de « Lone Ranger », également, parce que l’équipe a réalisé l’exploit de créer une licence rentable en partant d’une simple attraction. Mais voilà, à trop vouloir en faire l’adaptation se prend les pieds dans le tapis.
Alors, on ne va pas parler d’un film totalement raté, mais plutôt d’un excès de zèle ou d’un manque d’humilité. Le film veut en mettre plein la vue et ne rate que de peu sa cible, car si les effets spéciaux sont effectivement légion, si la dynamique du film est effectivement particulièrement élevée, la narration est en revanche particulièrement décousue et aurait gagnée en étant amputée de facilement une bonne heure. Car, il n’y a rien de plus irritant qu’un film dont on attend la fin avec impatience. Et c’est malheureusement le cas de « Lone Ranger », les scénaristes ont voulu jouer sur une opposition presque burlesque entre les deux héros, et une sorte de satire de la société du 19ème siècle, où les blancs chercheurs de profits n’hésitaient pas les alliances diaboliques pour imposer leurs progrès sans se soucier des habitants ancestraux de ces terres sacrées. Et tout y est : Le chemin de fer, les bandits sanguinaires, les gentils rangers, et même les chevaux qui répondent au doigt et à l’œil de leur cavalier.
Mais dans un espèce de fourre-tout permanent, les scénaristes et surtout le réalisateur ne parviennent pas à faire des coupes judicieuses pour réduire la longueur de ce film qui ne cesse de s’étirer en permanence d’un bout à l’autre. Et pourtant cela commençait bien avec, notamment une première partie réussit sur les origines de ce Ranger Solitaire et ce qui va l’amener à devenir ce héros légendaire. Mais ensuite, par l’utilisation d’une séquence récurrente parfaitement inutile, la narration de Tonto à la foire, le film fait deux pas, reculent d’un, pour ensuite revenir sur deux cases suivantes et ainsi de suite, jusqu’au bout et jusqu’à l’épuisement du spectateur.
Côté mise en scène, Gore Verbinski parvient toujours aussi bien à donner des impulsions dynamiques au film. Il nous laisse fort peu de temps pour reprendre notre souffle, avant une nouvelle série de courses effrénées et de bagarres soutenues. Le réalisateur est passé maitre dans cette art, où tout se mélange à la perfection : Action et humour avec une pincée de clin d’œil aux grands films d’aventures que ce soit « Indiana Jones » pour la scène du train ou encore les films de John Ford pour l’arrivée de la cavalerie (Toujours à l’heure !)
Pour ce qui est de la distribution, Johnny Depp (Pirates des Caraïbes) est certainement la plus grande déception de ce film. L’acteur, réputé pour donner une nouvelle impulsion systématique à ses compositions, nous ressert un « Jack Sparrow » version Indien. Les mimiques sont les mêmes, les mécanismes et les gestuelles peu différentes, si ce n’est l’inspiration Keith Richards en moins. Le comédien semble s’être lui aussi perdu dans l’ivresse du succès de la précédente saga et se repose sur ses lauriers avec une désarmante nonchalance. Une composition ratée qui semble désarmer Armie Hammer (J. Edgar), car ce dernier ne parvient jamais totalement à trouver une vitesse de croisière qui donne corps à son personnage et lui donne le charisme nécessaire pour nous embarquer dans son sillon et dans sa quête.
En conclusion difficile de ne pas être déçu par un film, décousu, qui se cherche du début à la fin, oscillant en permanence entre délire cartoonesque et film d'aventure classique. Armie Hammer ne parvient jamais à totalement s'imposer et Johnny Depp reste prisonnier de son personnage de Jack Sparrow. Et comme le réalisateur Gore Verbinski n'est pas Tim Burton, le résultat est décevant d'autant que le film dure 2h30 alors qu'1h30 aurait largement suffit.