François Voisin passe aux yeux des siens pour un paisible employé du téléphone, il est en réalité un agent secret. Quand il découvre que sa femme semble le tromper avec un certain Marcel, il la fait mettre sur écoute et réalise avec stupeur que le soi-disant amant, minable vendeur de voitures, se fait passer pour... un agent secret !
Il est assez rare, pour que ce soit souligné avec une pointe de fierté et de chauvinisme, mais le film « La totale » fut l’objet d’un remake américain qui balaya tous ses concurrents lors de sa sortie en 1994, avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle-titre. On se demande alors ce qui a bien pu soulever autant d’intérêt chez le réalisateur américain à qui l’on doit notamment « Titanic » et « Avatar ». Et bien, il s’agit très certainement de cette idée originale qui consiste à mélanger deux univers aussi différents que l’espionnage et la vie particulièrement ordinaire d’un cadre d’une société de téléphones.
Comme souvent chez Claude Zidi, qui signa le scénario avec Didier Kaminka (promotion Canapé) et Simon Mickaël (Une nuit), l’important réside essentiellement dans l’utilisation qui est faite des seconds rôles, à l’image de l’assistant de François : Albert Grelleau, magnifiquement interprété par un Eddy Mitchell (Ronde de nuit) particulièrement inspiré dans le cynisme, ou Simon à qui Michel Boujenah (3 hommes et un couffin) prête une mythomanie d’une rare drôlerie. Tous participent à mettre en valeur le décalage entre ces deux mondes qui cohabitent sans le savoir et qu’un simple rouage peut mettre en péril. Le réalisateur s’amuse à brouiller les codes du genre pour en faire une comédie à la fois légère et dynamique. On rit beaucoup, de cet espion dont la couverture commence à s’effriter dès lors qu’il utilise les outils de l’espionnage pour suivre son fils qui sèche les cours depuis un certain temps, ou pour faire suivre sa femme grisée par les mensonges d’un faux espions en danger. Parfois caricatural, le réalisateur maîtrise parfaitement les rouages de la comédie populaire, qui permet au spectateur d’oublier son quotidien.
Mais le scénario n’oublie pas l’aspect grand spectacle en insufflant à sa trame de départ une véritable intrigue policière où un véritable méchant va permettre à chacun de ces seconds rôles, la femme de François Voisin, également de briller et de faire preuve d’un certain talent. Le public adhère totalement et se laisse griser par ce film parfaitement maîtrisé et brillant d’humour tendre et burlesque parfois.
Thierry Lhermitte s’amuse dans un rôle qu’il semble apprécier et dans lequel il brille totalement pour mieux mettre en lumière l’humour de ceux qui l’entourent, et Miou-Miou (Populaire) livre une composition toute en ambiguïté avec une certaine dose de tendresse qu’elle maitrise parfaitement. Dans ce rôle de femme amoureuse et en même temps lassée d’une vie qui s’enlise dans la routine, la comédienne donne tout le relief nécessaire à son personnage.
En conclusion, « La totale » est une comédie magnifiquement maitrisée par Claude Zidi, qui prouve une fois encore son originalité dans les sujets qu’il développe et dans le choix de son casting qui met en parfaite brillance ses idées.