Après la mort mystérieuse de son mari, Norma Bates décide de refaire sa vie loin de l'Arizona, dans la petite ville de White Pine Bay dans l'Oregon, et emmène avec elle son fils Norman, âgé de 17 ans. Elle rachète là-bas un vieux motel abandonné depuis de nombreuses années, ainsi que le manoir qui trône majestueusement quelques mètres plus loin. La mère et le fils partagent depuis toujours une relation complexe, presque incestueuse. Des événements tragiques vont les pousser à se rapprocher encore davantage. Ils partagent désormais ensemble un lourd secret...
Depuis quelques temps, les scénaristes des chaines télé américaines, peut-être en perte de vitesse, en manque d’inspirations nouvelles surement, se sont mis à chercher dans les cartons des méchants les plus célèbres et les plus énigmatiques du cinéma américain. Alors ce fut déjà le cas avec « Hannibal Lecter », dans la série du même nom, c’est maintenant le tour de « Norman Bates », le terrifiant tueur du film « Psychose » d’Alfred Hitchcock, lui-même adapté du roman de Robert Bloch. Dans ce long métrage du maître du genre, on y découvrait un personnage inquiétant, torturé par une relation Mère/Fils ambigüe et destructrice. Le pari était donc osé de raconter l’histoire de ce psychopathe énigmatique sans se perdre dans une absurdité grotesque, à l’image des suites ridicules qui tentèrent de maintenir le mythe de Bates.
Et les premières constatations sont particulièrement réjouissantes. Les bases de la relation ambigüe de Norman et de sa mère son posées. On y découvre une mère instable, inquiétante peut-être même proche de la folie, particulièrement lorsqu’elle doit affronter un ancien propriétaire ruiné par des affaires douteuses. Doucement les scénaristes nous entraînent dans le portrait d’un adolescent un peu lunaire, au regard d’une étrange douceur. Un personnage très loin d’effrayer, mais qui va se révéler, au fil d’intrigues secondaires intelligemment menées, sans être renversantes, perturbé, quasiment psychotique, jusqu’au final qui marquera définitivement la naissance du mal.
L’intelligence des scénaristes est de continuellement jouer entre le chaud et le froid. On y voit successivement les personnages se repousser, se déchirer, s’enfoncer dans d’angoissantes situations, Norman Bates y est à la fois innocent, impuissant, amoureux, humilié, terrifiant et incontrôlable. Freddie Highmore que l’on connait particulièrement pour avoir été le « Arthur et les minimoys » de Luc Besson, confirme dans sa prestation l’étendue de son talent que l’on avait put voir dans une carrière déjà bien remplie de films marquants. Le jeune acteur joue sur tous les tableaux avec une aisance désarmante. Face à lui, Vera Farmiga (Conjuring : Les dossiers Warren), brouille continuellement les cartes, jouant la femme séductrice, la mère castratrice, l’épouse blessée sans jamais une seule fausse note y compris lorsqu’elle doit s’opposer à son deuxième fil, Dylan, remarquablement interprété par Max Thieriot (Jumper) qui confirme là toute l’étendue de son talent.
En conclusion, « Bates Motel » suscitait énormément de réserves, tant le mythe est grand. Mais les scénaristes ont l’intelligence de monter, étape par étape, les dessous d’une destruction psychologique en règle qui donnera naissance à l’un des tueurs les plus marquants du cinéma américain. Loin de toute surenchère, d’effets de manches lourdauds et de scènes outrageusement violentes, « Bates Motel » affiche une finesse de ton et une trame remarquablement filmée qui devient rapidement additive.