Jim Stark est le petit nouveau au lycée. Un jeune homme accablé de problèmes familiaux et brimé par ses camarades mais qui n'aspire qu'à se faire une place parmi ses camarades. Entraîné malgré lui dans un défi de vitesse face à Buzz, chef d'un groupe un peu rebelle, ce dernier y perdra la vie. Suite à ce drame, Jim est entraîné dans une spirale de violence.
« La fureur de vivre » est sorti environs six mois après la mort de son comédien principal, ce qui lui confère forcément une aura différente de n’importe quel autre film, d’autant qu’il n’est que le deuxième de l’acteur. Mais alors quel film ! Il faut d’abord le situer à nouveau dans son contexte, les années 50, des années charnières, où l’après-guerre résonne encore très fort dans la société, même la société américaine. Elle fait naître alors des tensions de générations entre les adultes conservateurs, que des années de doutes ont enfermés dans des règles que la jeune génération ne parvient plus à supporter. Une jeune génération qui cherche à tous les prix à se faire entendre, et choisit le plu souvent le mauvais chemin pour attirer l’attention de ses aînés.
Et pour incarner ce malaise, le réalisateur a choisit une histoire contemporaine dans laquelle un jeune homme en conflit avec ses parents souhaite trouver sa place dans son nouveau lycée, mais se laisse déborder par la violence de certains. Dans cette histoire le réalisateur y tire toute l’essence même de son propos. On y voit des parents impuissants, aveugles et d’autres enfermées dans leurs règles improbables, où chaque chose à sa place, chaque sentiments également, et où l’adolescence se heurte à de l’incompréhension chronique. Il y a la jeune fille qui veut que son père l’aime comme avant mais qu’il accepte également son envie de vivre autrement, le jeune homme dont les parents absents ne font que creuser son mal de vivre, et enfin celui qui voit son père et sa mère se détruire en oubliant que leur fils ne souhaite qu’un peu de reconnaissance.
James Dean y apparait toujours aussi écorché, il se nourrit toujours de sa propre existence pour incarner avec une force incroyable ce jeune homme perdu entre violence et rédemption. Si le jeu est parfois incertain comme lors de la bataille aux couteaux, le comédien est rayonnant de charisme, et précis dans ses émotions. Il trouve son équivalent plus candide, plus jeune aussi dans l’interprétation du jeune Sal Mineo (Géant), dont les fêlures et les ambigüités surgissent à l’écran avec une réelle précision.
En conclusion, le deuxième film de James Dean est certainement celui qui le fit rentrer dans la légende, pas simplement par l’accident qui lui coûta la vie, mais la force de son interprétation et la justesse de ses émotions.