L'histoire
Pascal, Didier et Bernard sont demi-frères sans le savoir. Ils découvrent leurs existences respectives lors du décès de leur mère, qu'ils ne connaissait pas plus. Cette dernière, morte riche, leur lègue toute sa fortune et chacun pense toucher le jackpot avant qu'un détail de procédure ne remette les pendules et les comptes en banque à zéro. Ruinés, enchainant les problèmes et se détestant cordialement, ils vont pourtant devoir cohabiter lorsque le fils de Didier fait soudain irruption dans sa vie.
Critique subjective
Pour tous les trentenaires de France et de Navare, les Inconnus reste sans doute LE groupe de comiques populaires par excellence. Plus encore que les Nuls, pourtant tout aussi cultes, mais dans un autre genre, cantonnés à une diffusion limitée sur une chaîne payante, le trio aura fait les beaux jours de France 2 et remplit bon nombre de cours de récréation à grands coups de "salut tu vas bien" et autres "Stéphanie de Monaco". En ces temps où la télévision osait encore de temps à autre proposer des programmes de grande qualité et ne tablait pas uniquement sur les séries américaines multi-diffusées, les divertissements ultra-formatés ou la télé dite réalité, il était d'une nécessité absolue, sous peine de se retrouver totalement largué face aux copains le lendemain matin, de voir les émissions de "La télé des inconnus".
Les sketchs, autant d'analyses des travers du français moyen, du paysage audio-visuel ou politique français, sont devenus cultes au point que depuis lors et aujourd'hui encore de nouvelles générations les retrouvent avec le même plaisir. Mais les Inconnus, ce sont avant tout trois acteurs. Et lorsque la tentation du grand écran s'est présentée, Pascal Legitimus, Bernard Campan et Didier Bourdon se sont évidemment lancés, avec le risque de ne pas convaincre le spectateur à sortir son portefeuille pour voir au cinéma ce qu'il avait l'habitude de regarder gratuitement à la télévision.
Évitant le piège facile de l’auto-référence, le trio aura eu l'intelligence de construire des séquences comiques autour d'un scénario et non l'inverse. Contrairement à ce qui était craint à l'époque de sa sortie le film n'est en rien une compilation de séquences reliées par un fil rouge maladroit mais on a au contraire droit à une véritable histoire, certes basique et plutôt convenue, mais bien construite et agréable à suivre. Et quand bien même le groupe se cite lui-même de temps à autre (notamment au travers d'une redite du sketch sur Le millionnaire) le tout est emballé avec une belle énergie. Véritable recette de leur succès, ils reprennent une fois encore le gimmick de la critique sociétale (huissiers, entreprise, chômage...) au travers du regard de français moyens un rien beaufs. Les scènes font la plupart du temps mouche et certains dialogues sont devenus des classiques du genre.
Aux trois compères, fidèles à leur personnages habituels et les campant avec le même type d'interprétation qu'à l'accoutumée -pas de grandes surprises de ce côté-là, s’ajoutent des secondes rôles savoureux. Bernard Farcy, Elie Semoun, ou Yolande Moreau sont ainsi accompagnés par des acteurs moins connus, mais dont les rôles auront tout autant marqué les esprits. Des personnages caricaturaux, des situations souvent énormes mais dans lesquels les spectateurs n'ont aucun mal à se retrouver et à s'identifier, encore l'une des clés de la réussite d'un film qui, malgré ses -déjà !- 19 ans, n'a aucun mal à passer l'épreuve du temps.
En conclusion
Réussite indéniable pour le trio, Les trois frères évite presque tous les pièges inhérents au passage au grand écran d'un succès théâtral et/ou télévisuel. Un véritable scénario, des personnages attachants, une critique sous-jacente très réussie et surtout de grands moments de comédie font aisément oublier l'emballage très télévisuel de l'ensemble.
Un zéro pointé. Le néant absolu. Pas même une bande-annonce de la suite à venir...
Certes, au vu du prix, pas très élevé, du disque on ne va pas non plus crier au scandale, mais tout de même... vu le niveau de popularité du film un minimum d'effort aurait pu être fait.