Didier et Élise vivent une histoire d'amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l'Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle...
Le cinéma de Felix Van Groeningen est ancré dans la vraie vie, dans les véritables blessures de l’existence. En posant sa caméra au plus près des personnages, le réalisateur leur donne une forme de relief plus âpre, plus sombre encore que ce que nous pourrions imaginer. Didier et Alabama sont deux êtres amoureux fous, un amour passionnel, charnel et envoutant, qui logiquement donne naissance à une petite fille. Mais lorsqu’un drame les frappes, sont ils assez fort pour lutter ensemble. La mise en scène est sensuelle au début, elle épouse les corps, les enveloppe d’une lumière en clair obscur, mais lorsque le drame sournois surgit d’un coin de l’existence, la lumière se fait alors plus sombre, les couleurs moins brillante et petit à petit ce qui faisait la lumière de l’histoire commence à s’éteindre.
Le réalisateur ne fait pas dans le sensationnel, il filme en toute humilité, en toute simplicité pour mieux nous captiver avec une histoire sobre mais tellement touchante, tellement oppressante et naturelle finalement. Jamais dans le voyeurisme facile, le réalisateur illustre la passion qui unit le couple aussi bien que ce qui va les mettre en péril. Avec une véritable souplesse, un amour réel pour ses personnages, il les met en lumière et les enveloppe de sa tendresse.
Et puis il y a le « Bluegrass », cette musique venue des Etats-Unis, qui illustre d’un banjo et de voix harmonieuses toute les souffrances de ces hommes qui cherchaient à donner un sen à leurs vies. Une musique typique d’Outre-Atlantique aux paroles aussi cinglantes que la dureté de ceux qui les écrivirent. Chaque chanson rappelle un peu nos rengaines du début du 20 ème siècle où les chansons de la rue reflétaient la misère oppressante de la rue ou de la pauvreté. Dans le Bluegrass, il y a l’espoir toujours, une pointe d’optimisme dans une histoire sombre. L’illustration parfaite de l’histoire de nos deux personnages, dont l’un garde toujours l’espoir de sauver l’amour qui les unissait.
Bien sûr, il y a la distribution, parfaite, inspirée, et juste. Toute en retenue, certes, mais magnifiquement à la bonne tonalité. Veerle Baetens (Storm Force) et Johan Heldenbergh (la merditude des Choses) se laissent transcender par l’histoire si touchante du scénario et livrent des compositions toute en finesse, particulièrement lorsqu’il s’agit de donner une couleur aux doutes. Jamais dans l’excès, ils trouvent la note juste pour donner un sens à la dérive de leurs personnages.
En conclusion, « Alabama Monroe » est certainement le plus beau choc visuel et scénaristique de ce début d’année. Avec une histoire simple, et l’alchimie entre des personnages particulièrement bien ciselés et une musique à la tristesse marquante qui fait briller une note d’espoir dans l’obscurité d’un drame.