Yann Kermadec voit son rêve se réaliser quand il remplace au pied levé, son ami Franck Drevil, au départ du Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire. Habité par une farouche volonté de gagner, alors qu'il est en pleine course, la découverte à son bord d'un jeune passager va tout remettre en cause.
Au Début, de ce nouveau de film de Christophe Offenstein, il y a une envie réelle, dans un premier temps de rendre hommage à ces skippers qui parcourent le globe, en solitaire dans leur bateau à la recherche d’une victoire dans une course devenue mythique : « Le Vendée Globe ». Une course qui demande des capacités physiques et intellectuelles hors du commun, avec une concentration de tous les instants, une maitrise de soi permanente et une capacité à contrôler ses besoins physiques pour tenir un rythme de plusieurs mois. Une course où ces hommes parcours le globe et luttent contre les éléments, doivent faire face à tout et trouver des solutions dans l’urgence pour ne jamais se laisser aller à l’abandon. De ce point de vue là, le film est une grande réussite, on y découvre un François Cluzet (Intouchables) en proie à un défi qu’il s’est lancé sur un bateau déchaîné par les éléments. Le film ayant été tourné en conditions réelles sur un bateau, avec toutes les problématiques techniques et climatiques, le jeu de l’acteur s’en ressent plus fins et plus en phase.
La mise en scène également s’en trouve plus efficace, avec une caméra en plans plus serrés et une proximités de tous les instants qui rendent le film à la fois incroyablement oxygénant, mais aussi terriblement angoissant, lorsque les éléments se déchaînent. On se retrouve quasi en apnée dans les moments les plus difficiles où le bateau lutte contre les océans démontées, et on prend un énorme bol d’air lorsque le cap Horn est passé et que les baleines et les dauphins viennent accompagner le navigateur solitaire. Soulignons tout le soin apporté à la technicité des gestes et des attitudes à avoir sur un bateau pour suivre une telle aventure.
Et puis le film, traite également de l’immigration clandestine. Et là, d’un seul coup le scénario commence à se prendre les pieds dans le tapis. Dès lors que le jeune Mauritanien est découvert par le héros, les scénaristes perdent petit à petit pied et sombrent dans certains clichés inévitables et, pire encore dans une certaine facilité, laissant l’aventure de la course prendre le dessus. On se retrouve alors de la finesse de « Welcome » de Philippe Lioret, pour entrer de plein pied dans une histoire où tout est courue d’avance : La colère puis la compassion, le rejet puis des liens presque paternels, pour arriver à une fin bâclée. Une question se pose alors : Pourquoi avoir mis ce personnage, si son traitement est aussi léger ?
Il semble que la réponse soit une peur que la course ne suffise pas, et que les scénaristes se soient sentis obligé de rajouter une trame plus dramatique. Seulement, le jeune homme, interprété avec beaucoup de soin par Samir Seghir (Neuilly sa mère), ne parvient jamais à totalement nous toucher. On se sait pas grand-chose et on ne saura pas grand-chose de lui, et toutes les mésaventures qu’il rencontre durant son passage sur le bateau, sont d’une telle évidence, qu’il est encore plus ardu de le trouver intéressant, sans parler de cette facilité maladroite de le faire parler français, pour mieux faciliter la communication. Le personnage aurait gagné en intérêt avec plus de profondeur, sans forcément aller dans la caricature.
En conclusion, « En solitaire » est un film techniquement réussit et magnifiquement documenté pour retranscrire les difficultés des navigateurs solitaires dans le cadre de la course mythique du « Vendée Globe ». Mais l’arrivée d’un passager clandestin, faire perdre pied au scénario qui d’un seul sombre dans la facilité pour aboutir à un final raté, qui laisse le spectateur sur le carreau.