L’histoire
Lorsque deux fillettes sont enlevées, l’un des deux pères, décidé à retrouver son enfant quoi qu’il en coûte, se lance dans une croisade enragée.
Critique subjective
Réalisé par le canadien Denis Villeneuve (Incendies), Prisoners a reçu, au moment de sa sortie, un accueil assez dithyrambique. Certains y ont même vu un nouveau mètre-étalon du genre, n’hésitant pas à le comparer au Silence des agneaux et à Seven. Sans aller jusqu’à effectuer un parallèle aussi élogieux, force est de constater que Prisoners se situe indubitablement dans le haut du panier.
Sa principale force, Prisoners la doit au scénario d’Aaron Guzikowski (Contrebande). Un script intelligent, noir, tortueux, (le motif du labyrinthe est tout à fait pertinent), énigmatique, ambigu. Un puzzle parfaitement agencé. Brouillant les frontières entre drame et thriller, l’intrigue est peut-être, avant tout, le portrait d’un homme : Keller Dover (Hugh Jackman, plus intense que jamais). Self made man, père de famille, survivaliste, Dover craint de perdre son statut de protecteur suite à la disparition de sa fille. Cet enlèvement sera le catalyseur d’une philosophie utilitariste. Confronté à une épreuve psychologique extrême, Keller Dover reviendra à un état instinctif, primaire. Une régression aux accents ataviques qui fera de lui une bête féroce prête à tout pour sauver sa progéniture.
Conjugaison remarquable de plusieurs talents, Prisoners doit aussi beaucoup à sa mise en scène. Aidé par une superbe photographie de Roger Deakins (le chef opérateur attitré des frères Coen), Denis Villeneuve signe une réalisation tirée au cordeau et parvient à instaurer une atmosphère froide, trouble et dépressive. Refusant le spectaculaire facile et les figures balisées, Villeneuve prend toujours soin de laisser son film respirer. Sa durée assez conséquente (plus de deux heures trente) sera l’une de ses grandes qualités. On ne ressentira que mieux les impasses, la paranoïa, le sentiment d’impuissance, le poids écrasant de l’incertitude et l’horreur des jours qui s’égrènent dramatiquement. Dernier gros point fort du métrage : une distribution copieuse et habitée (outre Hugh Jackman, on retrouve Jack Gyllenhaal, Maria Bello, Terrence Howard, Melissa Leo, Paul Dano, ...) dans laquelle chaque personnage aura son grand moment.
Verdict
S’il ne s’impose pas comme le nouveau chef-d’œuvre du genre, Prisoners n’en demeure pas moins une réussite indéniable. Un film à découvrir, assurément.