Rien ne va plus dans la famille Banks. La nurse vient de donner ses huit jours. Et ni M. Banks, banquier d'affaire, ni son épouse, suffragette active, ne peuvent s'occuper des enfants Jane et Michaël. Ces derniers passent alors une annonce tout à fait fantaisiste pour trouver une nouvelle nurse. C'est Mary Poppins qui répond et apparaît dès le lendemain, portée par le vent d'Est. Elle entraîne aussitôt les enfants dans son univers merveilleux. Un des plus célèbres films de la production Disney.
Rare sont les longs métrages de l’écurie « Classique » à avoir réellement marqué les esprits. « Mary Poppins » est l’un de ceux-là. Notamment parce que le film de Stevenson, ne se prend pas forcément au sérieux avec des personnages souriant, ou caricaturaux qui lui confèrent une atmosphère à la fois satirique et décalée. Le père (personnage central dans l’esprit de Pamela Travers) y apparait rigide, enfermé dans ses traditions, mais en même temps on parvient à sentir une certaine tendresse, comme une fragile carapace qui protège un cœur de douceur, jusqu’à la rédemption finale. Il y a la mère, combattive, fédératrice, mais aussi aimante et joyeuse, et puis surtout la gouvernante rêvée : Mary Poppins, sorte d’idéal enfantin, qui parvient à garder l’ordre des convenances, mais trouve toujours le moyen de divertir les enfants de donner corps à leur rêve, et vient tendre une main secourable à des parents inconscient d’une fracture qui les séparent de leurs progénitures.
La réalisation de Robert Stevenson (Un amour de Coccinelle) se cantonne bien sûr au cahier des charges imposé par le patron, avec des plans soignés et une mise en valeur de l’esprit utopique d’une société souriante et d’un monde meilleur en dehors des grands esprits financiers. Le film évolue dans une sorte de folie hollywoodienne qui lui donne des airs de bouffée d’air frais dans une certaine austérité ambiante. Dans la grande tradition des comédies musicales de la Warner ou de la MGM, « Mary Poppins » se démarque par une technique, mise au point dans les Studios Disney : la superposition de séquences live et d’animation. Le studio Disney, signe avec « Mary Poppins », certainement l’un de ses plus grands chefs d’œuvres.
Mais chez Disney, la réussite ne tient pas seulement au savoir-faire d’un homme, le réalisateur étant souvent réduit à la fonction de chef d’orchestre. Les techniciens, les animateurs, les acteurs, les scénaristes et bien évidemment les compositeurs et paroliers viennent y jouer leur partition sous l’œil avisé du grand Patron. Et avec « Mary Poppins », le studio tenait là l’une de ses plus belles compositions, et même si les frères Shermann durent batailler longuement avec Pamela L. Travers, le résultat est au-delà de ce que pouvait attendre Disney lui-même. Les deux frères ont parfaitement su comprendre l’esprit des romans de l’auteur mais ont surtout su plonger dans l’esprit des enfants et l’ont interprété à leur manière. Les chansons restent ancrées dans l’esprit des plus jeunes comme des parents qui les accompagnent. La légèreté laissant parfois place à une certaine gravité comme dans la chanson « 2 pence » en passant par la folie imaginative propre à nos têtes blondes avec « Supercalifragelistic ». Des petits instants de bonheur qui ont traversé des générations en gardant toujours le même impact.
Pour finir, si le travail de la technique et celui de la musique rayonne autant à l’écran c’est évidemment grâce à la distribution, et particulièrement à la pétillance des deux acteurs principaux : «Julie Andrews (La mélodie du bonheur) et Dick Van Dyke (La nuit au musée). Le duo est certainement l’un de ceux qui aura le plus marqué l’histoire de la comédie musicale. Le comédien est littéralement irradiant, chantant, dansant, illuminant l’écran d’un regard emplit de tendresse et d’une lumière que l’on aimerait bien voir plus souvent au cinéma actuellement. Julie Andrews, quant à elle, assume parfaitement ce personnage, à la fois fermé dans les convenances d’usage, mais tellement avant-gardiste. La jeune femme transporte le spectateur dans les aventures de son personnage et lui donne toute sa fraîcheur et sa force.
En conclusion, « Mary Poppins » se redécouvre avec toujours autant de bonheur. La mise en scène, la musique, la pétillance des acteurs tout est fait pour capter les petits bien-sûr et les grands également. Un film couronné par 5 nominations aux Oscars, dont ceux de meilleur film, meilleur réalisateur et reçu celui de la meilleure actrice qui s’offre une nouvelle jeunesse.