Lucy (Blu-ray)

Catégorie
Cinéma
Genre
Pays
FRA
Date de sortie
03/12/2014
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
Virginie Silla
Scénaristes
Luc Besson
Compositeur
Eric Serra
Edition
Standard
DureeFilm
90
Support
Critique de Guillaume Simon
L'histoire
Prise au piège par une mafia coréenne, Lucy, une jeune femme, est contrainte de faire "la mule" et de porter dans son abdomen un sachet d'une nouvelle drogue très puissante dans le but de la faire passer en Europe. Malmenée par ses geôliers, le sac éclate, libérant la drogue dans son organisme. Dès lors, les capacités cérébrales de Lucy, apparemment bloquées jusqu'ici sous la barre des 10 %, vont commencer à augmenter significativement. Elle se donne pour mission de se venger et de récupérer le reste de la drogue.

Critique subjective

Jusqu'où peut-on aller ? A quel moment peut-on raisonnablement décider que la suspension d'incrédulité ne tient plus, et que cette excuse ne permet pas tout et n'importe quoi ? En se basant sur un fait prétendument "scientifique", en se plaçant comme une œuvre sérieuse, réfléchie et longuement pensée (Luc Besson affirme que l'idée du film a dix ans) et non comme quelque chose de plus anodin, cartoon ou délirant, Lucy piétine gentillement cette ligne. Bon, le mythe des 10 % de cerveau utilisé est totalement faux, difficile de penser que Luc Besson ignorait cela au moment d'écrire le script du film. Si l'on pouvait éventuellement briller en société il y a une vingtaine d'année en déflorant cette légende urbaine, ce n'est plus le cas aujourd'hui. C'est pourtant sur ce non-fait scientifique, qui prête plus à rire qu'autre chose, que Luc Besson choisi d'asseoir son film. Il lui ôte de ce fait immédiatement toute crédibilité.

On pourrait effectivement mettre de côté la bêtise du propos, se dire que bon, d'accord, le film ne fait que nous présenter un monde où une telle règle est possible. Le cinéma peut bien tout se permettre du moment qu'il respecte sa propre logique interne. Et ça, le film y arrive plutôt. Pourquoi dans ce cas avoir tenté de l’ancrer dans la réalité, rendant impossible un tel effort ? Des scènes renvoyant à notre histoire (des hommes préhistoriques terriblement mal faits ou des singes qui ont oubliés qu'ils sortaient la même années que La planète des singes : l'affrontement), à notre quotidien, et donc à notre réalité. Dès lors, le spectateur un minium regardant ne pourra s’empêcher de lever les yeux au ciel à chaque nouvel transgression. C'est là le premier gros problème du film. Et ce n'est malheureusement pas le seul.

L'autre problème est le manque d'ambition du projet. Une ambition pourtant affichée en long et en large sur le papier ou au travers d'un marketing viral agressif. Aux prémisses du projet, Luc Besson annonçait un film de SF énorme, quelque chose qu'il a déclaré avoir voulu faire "après avoir vu Avatar". Sûr qu'on ne s'attendait pas forcément à ça... Un film de 90 minutes regroupant toutes les scories habituellement reprochées au producteur de Taxi. Au programme, poursuite en voiture, cascades, blagues de mauvais goût, coréens méchants, acteurs cabotins, une utilisation de la musique pas toujours formidable... A noter également l'utilisation abusive des stock-shots, puisant allégrement dans des documentaires tels que Home ou Samsara.

Problème supplémentaire : le manque de substance du scénario. Un script qui se concentre sur une courte période de temps est souvent risqué, Lucy tombe dans tous les pièges de la discipline. Trop pressé, le film laisse sur le bas-côté la logique, la motivation de ses personnages et la dramaturgie au profit d'une rythme (trop) rapide qui, s'il convient à un certain public, donne singulièrement l'impression d'assister à une version courte. Les personnages eux-mêmes sont réduits à de purs rôles fonctionnels. Morgan Freeman, handicapé par un rôle de professeur sympa qu'il a déjà tenu mille fois, a seulement une poignée de lignes de dialogues avec Lucy et un temps de présence à l'écran famélique. Comme croire qu'il gobe cette histoire de but en blanc ? Le personnage du flic français, tenu par un clone de Samy Naceri, est du même acabit. Pas même esquissé, suivant Lucy dans son délire, ses motivations ou sa personnalité sont proches du néant. Idem pour le pauvre Choi Min-Sik, dans un rôle de méchant terriblement caricatural. Pire, même Scarlett Johansson, rôle-titre tout de même, est obligée de soutenir un rôle totalement creux. Plutôt touchante dans sa naïveté dans les premières scènes du film, elle devient, une fois droguée, un mannequin sans émotion, arrogant et brutal (pourquoi ? ben, on sait pas...).

Le pompon est pourtant atteint dans le final du film, après une heure expéditive, d'une prétention totale (bien que ce ne soit pas forcément volontaire). Sensé nous "retourner le cerveau", donner dans le métaphysique et affublé d'images évoquant vaguement Malick et son Tree of life (mais alors très vaguement) la séquence consterne avant tout, le vide sidéral renvoyant surtout à celui du film auquel on vient d'assister.

En conclusion

Oui, Lucy est raté, n'a pas beaucoup de sens, est creux dans son scénario est est affublé de personnages sans la moindre profondeur. Pourtant, il faut se rendre à l'évidence, Lucy est aussi un film très populaire. Si beaucoup de critiques se sont fait une véritable joie de l'incendier, parfois sans autre argument que "c'est nul", nombre de spectateurs se sont rués en salles. Certains sont même allé jusqu'à évoquer un chef-d'oeuvre, d'autres n'hésitant pas à affirmer que Besson avait tourné ici son "2001 l’odyssée de l'espace" (ce qu'on dit généralement de n'importe quel film incluant ne serait-ce qu'un tout petit peu de métaphysique). Même si beaucoup de ces fans transis sont issus d'une génération qui a été traumatisée par Le cinquième élément (pot-pourri issus d'autres films de SF et de bandes dessinées - en moins bon et en version interdit aux plus de 10 ans - et ponctué de la prestation de Chris "Le jar Jar Binks humain" Tucker), le triomphe est indéniable, le film à rapporté onze fois (11 !) son budget. Un état de fait qui n'est pas sans avoir donné de l'inspiration à son réalisateur. Tout comme il avait promi de s'arrêter arrivé à dix films (il en est à seize, mais on ne lui en veut franchement pas pour ça tout de même), il avait assuré que Lucy était une histoire avec un début, un milieu et une fin et qu'il n'y avait plus rien à raconter. Il semblerait que l'argent, tout comme la drogue du film, ait des effets sur les capacités cérébrales car depuis Luc Besson l'a annoncé, il a déjà des idées pour la suite. Gageons que des "scientifiques ayant reçu le prix Nobel" se feront une joie de cautionner l'entreprise.

Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1
S'il y a bien un point sur lequel on n'attaquera pas Lucy, c'est sur la qualité de son image. Précision exemplaire, couleurs chaudes, compression au top... un travail d'une qualité impressionnante.
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Anglais
Non
Non
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Les pistes sonores se révèlent tout aussi efficaces. Percutantes et bien dosées, elles assurent également pour ce qui est des ambiances. Sans parler de subtilité (quand même...), on ne peut que louer un travail qui évite d'en faire trop inutilement. Dommage que la version la plus aboutie (la piste DTS HD) soit offerte à la version française.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 45 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Au niveau des suppléments, Lucy propose un contenu bien pauvre. De là à en déduire qu'il n'y avait pas grand-chose à en dire il n'y a qu'un pas.

- Les cascades rue de Rivoli : court reportage sur l'une des scène d'action du film. On passe des story-board à la préviz, détour par la phase animation puis le rendu final. Aucune explication n'accompagne ces images.

- L'évolution de Lucy : Derrière ce titre se cache une simple featurette promo sans doute destinée à la télévision américaine. Principalement axé sur le mode "tourner avec untel était génial" ou "Luc à une telle vision", elle peine grandement à maintenir l'intérêt durant le quart d'heure qu'elle dure.

- En studio avec Damon Albarn : L'enregistrement de la musique du film... Pourquoi pas, ça aurait pu être intéressant. Mais en moins de deux minutes, on n'arrive évidemment pas à grand chose. On se contente donc ici d'un montage sans intérêt.

- La base scientifique de Lucy : C'est là que ça devient intéressant, expliquer ce qui est, de base, faux. Quelques scientifiques viennent à la rescousse, jouant sur les mots, tentant de justifier le postulat totalement impossible du film. Cela ne fait que renforcer l'impression de se retrouver devant un reportage à sensation du style "Les 30 plus grands mystères" où l'on a singulièrement l'impression d'être pris pour de parfaits idiots.

- Interview croisée entre Luc Besson et le professeur Agio :
Le professeur Agio, neurologue, sert ici de caution scientifique à Luc Besson. Visiblement pas tout à fait à son aise, tout juste bredouille t-il quelques réserves pour se dédouaner un minimum et éviter de valider ouvertement un film aussi ridiculement peu scientifique.