le coffret Nagisa Oshima comprend :
La Pendaison : Un condamné à mort qui a survécu à sa pendaison doit être à nouveau exécuté.
La cérémonie : L'histoire des cérémonies au Japon à travers la vie d'un personnage.
Le Petit Garçon : L'histoire d'un petit garçon de dix ans, de sa famille et du monde autour de lui. Pour survivre, les parents de l'enfant pratiquent une escroquerie à laquelle ils l'initient.
Carnets Secrets des Ninjas : Au XVIème siècle, période trouble de guerre entre clans, Jutaro tente de venger son père, seigneur de Fushikage assassiné par Shuzen Sakagami.
Le journal de Yunbogi : Yunbogi vit à la périphérie de Taegu, en Corée du Sud. Sa famille se compose d'un père alcoolique et sans travail, de deux jeunes sœurs et d'un frère cadet. Sa mère étant morte, Yunbogi doit se débrouiller pour faire vivre les siens.
Journal du voleur de Shinjuku : Shinjuku, 1968, cœur vibrant de Tokyo, carrefour des cultures pop, folk et underground. Torio Okanoue tente de voler des livres dans l’immense librairie Kinokuniya.
Le piège : Eté 1945, un pilote noir américain est fait prisonnier par les habitants d’un village au cœur des montagnes.
Il est mort après la guerre : Jeune activiste au sein d’une cellule du cinéma militant, Motoki voit un de ses camarades se jeter du haut d’un immeuble. Pourtant des doutes apparaissent très vite sur l’identité du suicidé, dont même la mort semble hypothétique.
Une petite sœur pour l’été : Adolescent Tokyoïte, Sunaoko vient passer l’été à Okinawa, accompagnée de la maîtresse de son père. Elle en fait à la recherche de son grand frère.
Plonger dans le cinéma de Nagisa Oshima, c’est s’immerger dans la nouvelle vague japonaise, c’est partir à a rencontre d’un Japon tout en nuance, loin des images d’Epinal. Le réalisateur, bien avant ses grands succès publics que furent « L’empire des Sens » et « Furyo », s’est intéressé aux paradoxes du Japon s’est interrogé sur les causes et les effets de la guerre, sur cette société nippone en plein mouvement et en pleine révolution. Une société où les paradoxes s’amoncellent dans une linéarité parfois confondante.
Après s’être libéré des codes linéaires de la narration, le cinéaste explore des univers, créé des narrations remarquables comme dans « Les Carnets Secrets des Ninjas » ou « Le journal de Yunbogi » qui sont des successions d’images fixes, mais dont la mise en scène et les commentaires sont une plongée plus fine et parfois plus acerbe d’une société qui se voile la face. Dans le premier, i fait un parallèle intelligent entre l’histoire du pays et l’envie de révolution qui semble poindre en 1966. Dans le deuxième c’est la Corée qui est mise en lumière par le cinéaste, avec toujours autant de maitrise et de dynamisme dans le montage de ses séquences.
Alors bien sûr pour mieux s’imprégner de l’univers d’Oshima, il suffit par exemple de prendre les trois grands titres du coffret pour comprendre que le réalisateur ne répond pas aux codes de narrations classiques, qu’il se renouvelle chaque fois et donne une vison chaque fois plus fine de ses sujets en amenant des réflexions brillantes sur la peine de mort par exemple dans « La pendaison », ou sur les dérives de la société Nippone comme dans « Le Petit Garçon » ou sur le Japon d’après-guerre et le besoin de retrouver l’honneur dans « La cérémonie ».
Ce qui est intéressant notamment, ce sont les bases des histoires qui servent ensuite de point de narration aux films du réalisateur. Toujours des faits divers, plus ou moins sordides qui permettent une peinture sombre et rigoureuse qui amène le spectateur soit à découvrir son pays soit à réfléchir sur les thèmes chers au réalisateur mais aussi universel que terriblement ancrés dans l’histoire du japon.
En conclusion, le coffret Nagisa Oshima est une expérience unique qu’il est certainement bon d’associer avec la rétrospective qui lui est consacrée à la cinémathèque pour mieux comprendre le talent et l’œil avisé autant que l’esprit est pertinent sur les maux et les qualités d’une société en perpétuel mouvement.