L’histoire
Barman taciturne travaillant dans un établissement servant de dépôt pour l’argent issu de l’économie parallèle, Bob Saginowski voit son existence chamboulée après un braquage et la découverte d’un chiot abandonné.
Critique
Sorti sur les écrans en 2014, Quand vient la nuit (The drop) est le deuxième long-métrage du belge Michaël R. Roskam après le remarqué Bullhead.
Impossible d’évoquer Quand vient la nuit sans revenir à ses fondements : le travail de Dennis Lehane. Célèbre écrivain bostonien, Lehane est, à ce jour, l’auteur d’une dizaine de romans et de plusieurs nouvelles. The drop est la quatrième adaptation de ses écrits depuis 2003. Elle succède ainsi à Mystic River, Gone baby gone et Shutter Island. Le phénomène est logique : la bibliographie de Dennis Lehane constitue une véritable mine d’or regorgeant de pépites, dont certaines restent à adapter (les différents chapitres de la série Kenzie / Gennaro, Un pays à l’aube ou encore Ils vivent la nuit, que devrait réaliser Ben Affleck). On comprend aisément que l’œuvre de l’écrivain ait séduit de grands réalisateurs (Eastwood, Scorsese, Affleck) : son style est hautement « cinématographique ». Imagées, bien construites et humaines, les histoires de Lehane sont d’une efficacité redoutable, immersives en diable. Roman étoffant l’intrigue de la nouvelle Sauve qui peut / Animal rescue (parue en 2009 dans le recueil Boston noir), Quand vient la nuit, le livre, était sans doute le titre le plus « simple » de son auteur. Un récit classique, linéaire et prenant qui semblait voué à s’animer sur grand écran.
N’y allons pas par quatre chemins : The drop est une franche réussite. Collant parfaitement au roman (le scénario est signé Lehane himself), le métrage fait mouche. Il sonne juste, déploie une excellente ambiance urbaine, affiche une certaine dimension sociologique (belle peinture de la classe laborieuse) et distille une tension sourde, inexorable, qui couve pour mieux exploser à la fin. Implacable. Le film bénéficie en outre d’un casting fameux qui donne corps aux personnages du livre, des êtres abîmés par la vie, des naufragés de l’existence empreints d’une profonde solitude. En la matière, décernons des mentions spéciales aux prestations de Tom Hardy (formidable bloc de charisme rentré) et de James Gandolfini, acteur idéal pour incarner le cousin Marv. Derrière la caméra, Michaël R. Roskam confirme tout le bien que l’on pensait de lui et signe une réalisation au cordeau, une mise en scène acérée. Le résultat visuel est probant. Loin d’avoir la prétention de révolutionner le genre (ce que n’ont pas compris les déçus du métrage), Quand vient la nuit s’y inscrit avec brio et s’impose comme un bon film noir à l’ancienne. Sans fioritures. Simple, direct, efficace.
Verdict
Réussite indéniable, The drop n’a pas à rougir de la comparaison avec les précédentes adaptations cinématographiques des œuvres de Dennis Lehane. Un diamant noir.