Manipulant et contrôlant les moindres détails de la vie de ses sujets, Big Brother est le chef spirituel d'Oceania, l'un des trois Etats dont la capitale est Londres. Le bureaucrate Winston Smith travaille dans l'un des départements. Mais un jour il tombe amoureux de Julia, ce qui est un crime. Tous les deux vont tenter de s'échapper, mais dans ce monde cauchemardesque divisé en trois, tout être qui se révolte est brisé.
Eric Arthur Blair, plus connu sous le pseudonyme de George Orwell est devenu en l’espace de deux livres monumentaux, La référence absolu en matière de littérature d’anticipation et de science fiction. Avec « La Ferme des Animaux » et surtout « 1984 », il fit une critique sans concession du totalitarisme et de la dérive des états supérieurs. Il était donc tout à fait normal que cet auteur majeur soit un jour adapté au cinéma. Et ce furent ses deux romans majeurs qui le furent plusieurs fois au cinéma comme à la télévision.
En ce qui concerne « 1984 » c’est l’adaptation de Michael Radford en 1984 qui fut la plus marquante. D’abord parce qu’il a eut la bonne idée d’une sortie à une date hautement symbolique, mais aussi par une bande originale signée Eurythmics, groupe phare des années 80 composé d’Annie Lennox et de Dave Stewart. Côté cinéma, le film est évidemment marqué par la prestation remarquable de John Hurt (Elephant Man) et celle peut-être moins réussit mais ultime de Richard Burton qui disparut quelques mois avant la sortie du film en salle.
Une adaptation saisissante, certainement la plus fidèle au roman d’Orwell, dont la raisonnance est hautement symbolique dans une période espérant enfin la fin de la guerre froide. L’union soviétique ne le sait pas encore, mais elle vit ses dernières années et le film de Michael Radford vient donner une vision particulièrement austère d’un pays gouverné par un seul homme et un seul parti. Une nation assommé par les interdictions, à commencer par celle d’aimer et de jouir. Un monde qui ne voit sa puissance que par le prisme de la guerre et de l’oppression. L’œuvre d’Orwell trouve là une adaptation fidèle et pourtant inventive qui voit les deux mondes, les deux idéologies se différencier par la couleur. Océania est une cité grise où le noir et le blanc se livrent un combat perpetuel pour tenter d’exister et le monde idéal de Julia et Winston respire la campagne verdoyante d’un été apaisant.
La composition de John Hurt, alors au sommet de sa carrière avec des personnages aussi impressionnants et divers que Max (Midnight Express), John Merrick (Elephant Man) ou encore G.W. Kane (Alien, le huitième passager), est d’une incroyable sincérité. L’acteur campe un Winston à la fois naïf et soudainement combattif contre un pouvoir qui anihile toute symbolique humaine, celle d’aimer, de désirer et de prendre plaisir. La composition est rigoureuse et précise et ne se laisse pas impressionner par le monstre sacré qui lui fait face. Il faut dire aussi que Richard Burton (Cléopatre) , a perdu de sa superbe et offre une composition un peu trop sobre pour être convaincante. Même si l’on peut parler d’un homme fatigué par les excès en tout genre, qui lance toute ses dernières forces dans son ultime rôle.
E
n conclusion, « 1984 » est l’adaptation la plus fidèle au roman de Georges Orwell qui brille par une mise en scène précise et inventive et qui sonne comme un miroir des maux d’une époque en pleine mutation. La prestation de John Hurt est remarquable et celle de Richard Burton hautement symbolique.