A sa libération, Gino Strabliggi, un ancien truand, est chaperonné par l'inspecteur Cazeneuve, inspecteur a la retraite, qui l'aide a se réinsérer. Malheureusement un autre policier cherche à le faire trébucher.
Particulièrement concerné par le sujet, par un passé trouble qui l’emmena dans le couloir de la mort à la sortie de la deuxième guerre mondiale, José Giovanni, fit de son film « Deux hommes dans la ville », un plaidoyer remarquable et engagé contre la peine mort. Lui qui avait été condamné à la peine capitale pour des crimes commis pendant le conflit, avait gardé un besoin de parler de cette peine capitale, où le prévenu passe de longs instants enfermé dans une cellule à attendre que ses geôliers, ses juges et ses avocats viennent l’accompagner vers son ultime devoir envers la société : celui d’y laisser sa vie, qu’il n’a pas sût mettre au service des autres.
Si lui, était coupable des crimes qui lui était reprochés, Giovanni a vite pris conscience, que la guillotine avait réduit au silence des innocents que la justice aveugle n’a pas su entendre dans leur clameur. Sans jamais faire dans la surenchère, le réalisateur signe un scénario précis, qui amène de manière inexorable son héros, bien malchanceux à une issue qui lui sera fatale. En traitant son histoire comme celle des « Misérables » de Victor Hugo mais en prenant soin d'en changer les issus, le réalisateur décrit son héros Gino Strabliggi (Alain Delon) comme un Valjean des temps modernes. L’homme sort d’une peine de prison, purgée pour des vols. A sa sortie, il est suivi par un éducateur qui croit en sa réinsertion, en la valeur de cet homme bien décidé à reprendre sa vie du bon côté de la route, un peu comme l’évêque dans le roman de l’auteur de « Notre Dame de Paris ». Mais il y a ce flic, qui ne croit pas en la rédemption, qui va user de tout son pouvoir pour le faire tomber à nouveau, un harcèlement permanent jusqu’à une issue fatale et incontrôlée.
Mais la force de « Deux Hommes dans la ville » c’est surtout d’avoir su dépeindre, une réalité, encore présente actuellement, dans laquelle celui qui s’égare du droit chemin, doit, après avoir purgé sa peine, faire acte de repentir et subir le harcèlement plus ou moins tenace des policiers et des passants toujours prompt à porter un jugement tranché sur celui qu’ils croisent dans la rue. La deuxième chance n’est valable qu’à condition de s’exiler du monde et d’en oublier son passé, tout en ayant la force de voir l’avenir et d’y dessiner un horizon plus juste.
En réunissant Alain Delon (Le Battant) et Jean Gabin (Quai des Brumes), une nouvelle fois à l’écran, José Giovanni, tient là, des porte-paroles étonnants, surtout lorsque l’on sait que Delon était farouchement opposé à l’abolition de la peine de mort. Les deux acteurs vont jouer dans ce film, les clés d’un destin surprenant. Gabin, malade, disparaitra quelques mois plus tard et Delon se verra involontairement citer comme exemple d’un combat qui s’achèvera en 1981 avec l’abolition de la peine de mort. « Deux hommes dans la ville », ce sont également les premiers pas de deux acteurs majeurs :
Bernard Giraudeau (Le Ruffian) et Gérard Depardieu (Cyrano de Bergerac).