Adaptation moderne et résolument nouvelle de la plus ancienne équipe de super-héros Marvel, le film se concentre sur quatre jeunes génies qui se retrouvent projetés dans un univers alternatif et dangereux, qui modifie leurs formes physiques mais aussi leurs vies de façon radicale. Ils devront apprendre à maîtriser leurs nouvelles capacités et à travailler ensemble pour sauver la Terre d’un ancien allié devenu leur ennemi.
Comme bien souvent dans l’univers des super-héros de l’écurie Marvel, une adaptation est toujours un grand risque de décevoir les fans, devenus au fil du temps de véritable baromètre de l’amélioration nécessaire ou non d’un projet. Et il faut bien le dire avec « Les quatre fantastiques », ils ont de quoi se plaindre, car la plus ancienne équipe de super-Héros de Marvel a bien du mal à trouver de la hauteur, avec des adaptations souvent très édulcorées pour ne pas dire insipides, à l’instar des deux volumes signés Tim Story en 2005 et 2007. Ce dernier avait fait le pari d’un film pour ados demeurés et écervelés.
L’annonce, donc, d’un reboot sous la direction de Josh Trank qui avait eu une excellente idée en réalisant son premier gros carton « Chronicle » en 2012, pouvait laisser espérer que les quatre génies allaient enfin trouver la place qu’ils méritaient. D’autant que depuis une bonne dizaine d’années Marvel est passé à la vitesse supérieure et que les dollars s’amoncellent sous les pas des super-héros. Le réalisateur a donc décidé de privilégier l’aspect « Scientifique » plutôt que le sensationnel, ce qui n’est pas sans rappeler le mauvais choix (Public) opéré par Bryan Singer pour son adaptation de « Superman » dans « Superman Returns ». Et sans aller tout de suite dans les mauvaises idées, reconnaissons, que Josh Trank s’en tire plutôt bien, car, effectivement le scénario prend tout de suite un peu plus de hauteur et l’aventure se révèle très vite cohérente et pleine d’intérêt notamment autour des liens qui unissent Ben Grimm/La chose et Reed Richards/Mr Fantastic. De ce point de vue-là, nous sommes contents d’un scénario qui nous amène à mieux comprendre les recherches obsessionnelles de Reed, l’accident qui va leur faire contracter des super pouvoirs.
Et puis à un moment c’est le drame ! Il semble que les auteurs aient oublié quelqu’un ! : Le méchant du film. Celui par qui les problèmes vont arriver ! Alors il y a bien Victor, dont on comprend très vite que son égo lui joue des tours, qu’il est facilement incontrôlable, et puis lors de l’accident, il est le seul qui ne revient pas ! On comprend alors très vite que les scénaristes vont tomber dans le même piège que Bryan Singer. A trop vouloir s’intéresser à l’aspect scientifique, ils ont oublié que le public se déplacerait pour un équilibre subtile entre intelligence et grand spectacle. Et cet équilibre se trouve bien souvent dans les mains du méchant ! Car, plus le méchant est réussi plus le film atteint son objectif. Dans « Les Quatre Fantastiques », le spectateur a du mal à comprendre pourquoi Victor devient Fatalis. Les raisons sont peu convaincantes, et sa présence trop courte à l’écran pour être totalement marquante. Si on découpe le scénario on s’aperçoit que les trois quarts du films s’intéressent à la naissance des pouvoirs (la machine, la naissance des pouvoirs et l’acceptation des modifications physiques (et encore !!!)) et un demi quart au combat entre Fatalis et les quatre fantastiques, pour se conclure sur une fin ratée comme rarement au cinéma.
Et c’est bien tout le problème du film ! Si la mise en scène est inventive et en même temps assez classique, on plonge assez facilement dans les aventures de nos héros, on accepte aisément le consensus de la biographie : Comment Reed et Ben se rencontrent, comment ils intègrent une structure chargée de mettre en lumière les capacités de Reed et ainsi de suite. Et dans le même temps, on se sent frustré que les problèmes psychologiques liés à leur nouvelles capacités soient si peu exploités, notamment « La Chose » qui est celui qui souffre le plus de sa condition, on ne comprend pas que le méchant soit aussi insipide que « Le surfer d’argent » dans la version de Tim Story. Et puis il y a cette fin stupide qui vient tout gâcher !
En conclusion, il ne manquait pas grand-chose à ces « Quatre Fantastiques » pour réussir leur retour, si ce n’est une fin moins stupide et un scénario qui aurait trouvé l’équilibre subtil entre finesse et divertissement. Au final, on ne peut pas parler d’un ratage complet mais de maladresses cumulées qui font de ces « Quatre Fantastiques », un film qui rate sa cible de peu et aurait certainement pu faire mieux.