Cornusse garde auprès de lui sa fille Catherine, une jeune femme à la santé fragile. Leur voisin, est un Baron à la recherche de l'âme sœur. Cornusse décide de s'habiller en Père Noël.
Premier véritable grand succès du réalisateur Christian-Jacque (les disparus de St Agil) : « L’assassinat du Père Noel » est également l’un des derniers rôles du monstre sacrés du cinéma français Harry Baur qui ne se remettra jamais de la période d’occupation, notamment par des accusations qui lui valurent d’être arrêté et emprisonné par les Nazis.
Ce film est d’autant plus symbolique qu’il est en plus le premier film de la toute nouvelle compagnie de production Continental Films, composée majoritairement de fonds allemands. Compagnie chapeautée par Goebbels afin de servir la propagande Nazis à travers des œuvres en tout genre. Pourtant ce film sera le premier réalisé par un français, mais à la condition qu’il ne relève pas de la propagande Allemande. Les dernières scènes de ce film susciteront d’ailleurs le débat sur le message qu’il véhiculait en filigrane sur la France malade et endormie et le prince charmant qui vient lui redonner goût à la vie.
Et la mise en scène de Christian-Jacque de se vouloir sobre, classique avec des instants de joie et de fête dans une France qui pourrait être celle de l’occupation mais également celle de la liberté. On y chante des chants de Noel, on se prépare à la venue du père Noel. Il y a ce Monsieur qui fabrique des globes terrestres et qui chaque année revêt les habits du Père Noel. Seulement, la paix, le bonheur, la joie et tout ce qui fait que ce petit village de Savoie vit dans une certaine quiétude, va voler en eclat lorsque le symbole de cette paix va être assassiné. La métaphore parait évidente, mais elle est suffisamment subtile pour que la censure allemande n’ait pas empêché sa sortie. Comme un certains nombres d’œuvres de cette époque l’occupation revêt les plus surprenants habits. Ici c’est cette ombre qui court dans le village et ce Père Noël qui est assassiné, c’est aussi cette jeune fille douce et belle dont on ne cesse de parler de la santé déclinante, de son esprit dans la lune.
Côté distribution l’immense Harry Baur (Les Misérables) est à nouveau incroyablement magnifique dans le costume de cet homme simple qui chaque année devient l’homme le plus important dans l’esprit des enfants et des parents. D’une simplicité rare et d’une justesse remarquable l’acteur est un peu cabot et parfois violent lorsque sa parole est remise en question. Comme si ce rôle venait illustrer l’instant d’une scène ce qu’il vivait dans l’intimité. Face à lui
Renée Faure (La petite voleuse) rayonne de douceur et incarne une jeune femme malade d’un mal qu’elle ne comprend et qui espère encore l’amour d’un baron pour réveiller la flamme de son existence.
En conclusion, « L’assassinat du Père Noel » de Christian-Jacque est un film lourd en contre sens et en symboles. Tourné en 1941, avec pour seul exigence de ne pas servir la propagande Allemande ce film cache un certain nombre de symboles comme la jeune fille dans la lune qui attend son réveil (la France qui attend de se relever pour être libérée) ou encore ce jeune garçon malade qui n’arrive plus à marcher (la jeunesse Française à qui on a coupé les jambes en l’obligeant à travailler pour l’Allemagne nazie) et bien d’autres encore. Un chef d’œuvre à (re)découvrir !