De retour du combat, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d'un riche homme d'affaires libanais, dans sa propriété « Maryland ». Tandis qu'il éprouve une étrange fascination pour la femme qu'il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur « Maryland », Vincent perçoit une menace extérieure...
En plus d‘être une scénariste confirmée, avec un certain goût prononcé pour les cas de conscience ou justement pour les réveiller, Alice Winocour nous entraîne en tant que réalisatrice dans les méandres d’un cerveau et de ses réflexions parfois difficiles à sonder. Avec « Maryland », la réalisatrice signe un scénario qui oscille en permanence entre délire post traumatique, paranoïa et thriller intense avec une mise en scène remarquable d’efficacité et d’inventivité.
Car non contente de signer un scénario impeccable de précision et de d’humanité dans lequel le spectateur a du mal à identifier ce qui est de l’ordre du réel, de la paranoïa ou du fantasme, elle tisse une galerie de personnages qui ont bien du mal à trouver une place sur un échiquier dont chaque case est savonnée pour mieux servir une tension qui ne lâchera pas le spectateur avant la fin du film. Précise, Alice Winocour l’est lorsqu’elle doit donner un mélange d’animosité et de tendresse à son personnage principale, militaire de retour de combat qui trouve un emploi de garde du corps de la femme d’un homme d’affaires. Loin du front physiquement, mais toujours prisonnier psychologiquement, Vincent lutte contre ses démons et une réalité qu’il a bien du mal à cerner. Et comme la réalisatrice n’aime pas être là où on l’attend, elle tisse une relation surprenante entre ses personnages, qui ne s’aiment jamais vraiment totalement, que ne se font pas confiance fondamentalement non plus, mais qui se laisse porter par les événements qui les entourent.
Et pour que naisse cette relation étrange, la réalisatrice s’appuie sur la prestation redoutable de force et d’efficacité de Matthias Schoenaerts (De Rouille et d’Os) qui impose un physique mais également une finesse de jeu qui rend son personnage inquiétant et terriblement émouvant par une tendresse, presque une frayeur enfantine, qui s’échappe de son regard et de ses gestes. L’acteur parvient à trouver l’ultime alchimie qui fait de Vincent un être qui vacille entre la paranoïa et le sens inné du danger. Entre la fascination inquiétante et la volonté incassable de défendre une femme qui le fascine. Tout cela rend la prestation de l’acteur remarquable et la confrontation avec l’actrice
Diane Kruger (Les âmes vagabondes) n’en devient que plus percutante puisque cette dernière parvient d’autant mieux à assumer ce rôle de femme à la fois distante, intriguée pour ne pas dire effrayée mais surtout non dénuée d‘intérêt pour cet homme qu’elle ne parvient pas à cerner.
En conclusion, « Maryland » est un film à l’atmosphère oppressant, qui parvient avec une maîtrise remarquable à maintenir la pression sur le spectateur tout en lui faisant croire à une certaine régularité pour mieux le surprendre. Le film doit sa réussite principalement à un scénario efficace, une mise en scène percutante et une distribution particulièrement inspirée.