Un homme part chasser dans une forêt qu'il croyait connaître. Mais son chien s'enfuit puis son fusil disparaît. Alors qu'il se perd, une atmosphère hostile et étrange s'installe...
Gérard Depardieu et Guillaume Nicloux voulaient absolument travailler à nouveau ensemble et si possible dans les plus brefs délais. Car les deux hommes s’étaient apprécié et avaient donné vie à l’un des films les plus touchants de la carrière du réalisateur. Gérard Depardieu y apparaissait sous son meilleur jour, du moins comme on l’aime fragile et complexe dans son jeu et dans sa prestance. Dans « The End », donc, le réalisateur est parti du principe qu’un homme se réveille et part avec son chien pour chasser. Mais à un moment son chien disparaît et alors qu’il s’est assoupi son fusil lui est subtilisé. Commence alors une errance d’un homme solitaire qui ne sait plus où il se trouve, fragilisé dans ses certitudes et soucieux de comprendre ce qu’il lui arrive.
La réalisation de Guillaume Nicloux se veut lente mais précise. Il pose une ambiance, créé un univers à la frontière entre le réel et la fantasmagorie. Pas d’effets spéciaux, pas de mouvements de caméras complexes, juste l’utilisation de la forêt de Fontainebleau comme personnage intégrant du film. Celui-ci se fait volontairement familier et à mesure que la trame progresse, son opacité, les différentes formes qu’elle prend font que la forêt devient petit à petit un piège dans lequel le héros se laisse prendre. Et la mise en scène de Nicloux d’épouser la présence de Depardieu de laisser ses failles apparaître à mesure que le film se déroule.
Et c’est d’ailleurs toute la grandeur de ce film, que de mettre l’irremplaçable Gérard au centre de l’attention, de le faire évoluer dans un univers qui pourrait lui être familier, puis de le laisser errer au fil des rencontres amicales ou non dans cette forêt qui donne envie de se promener mais qui en même temps provoque l’inquiétude latente du spectateur. Sommes-nous dans une réalité, s’agit-il d’un songe ou d’un fantasme ? Le héros erre-t-il dans une sorte de machination macabre ? Quel est le terrible secret que cache cette forêt ?
Et le scénario tisse doucement sa toile, de manière presque simpliste, avec une efficacité désarmante, dans laquelle le spectateur plonge dans une aventure simple et lente qui ne laisse rien transparaître de ce vers quoi elle veut nous emmener. Intelligemment écrit, sobrement mise en scène, ce « The End » est une expérience visuelle et narrative qui ne plaira, bien sûr, pas à tout le monde, mais aura le mérite de susciter l’interrogation sur l’intrique, mais également sur une fin qui n’est pas forcément celle que l’on pense.
En conclusion, « The End » est une nouvelle collaboration prolifique entre Guillaume Nicloux et Gérard Depardieu qui signent un film sobre et simple autant qu’intriguant et fascinant. L’acteur y apparaît dans toute sa fragilité et dans toute sa complexité, pendant que le réalisateur signe une mise en scène minimaliste qui laisse ses personnages faire le « job », à l’instar de la forêt, à la fois attirante et effrayante.