Devant l'insistance de son frère Joseph, qu'il n'a pas revu depuis 25 ans, Paolo se résout à abandonner quelques jours sa vie calme et harmonieuse au Canada, pour revenir à Marseille au chevet de son père accidenté. Il part donc, son fils sous le bras, bien décidé à ne pas s'attarder dans cette ville qu'il a fui, des années plus tôt, à la suite d'un drame. Il n'imagine pas que l'affection de sa famille retrouvée, sa rencontre amoureuse avec une jeune femme et la solidarité joyeuse et simple des Marseillais le réconcilieront avec cette ville qu'il n'aurait jamais voulu quitter... Marseille.
Bon et bien, voilà typiquement le genre de film que l’on a envie d’aimer, dont on a envie de dire du bien. D’abord parce qu’il y a le capital sympathie du réalisateur Kad Merad (Bienvenue chez les ch’tis), ensuite parce qu’il y est question d’un duo au cœur d’une ville colorée : Marseille. Mais le résultat est tellement en dessous de ce que l’on pouvait imaginer qu’il devient difficile de trouver les mots qui viendront sauver du naufrage ce long métrage bourré de clichés et de maladroites scènes sans intérêt si ce n’est celui d’enfoncer le clou de la bêtise.
Et c’est bien tout ce qui nous attriste dans « Marseille », Kad Merad, qui a également signé le scénario avec Patrick Bosso et Judith El Zein, semble avoir mal compris les marseillais et cette ville pluriculturelle au métissage marquant et aux sonorités chantantes autant qu’irritantes parfois. Dès le début le réalisateur commence avec un contrôleur de train qui semble plus intéresse par le pastis qu’autre chose !!!! Cela aurait pu être drôle si ce n’était que le gag tombe à plat tant il est prévisible, puis c’est au tout du personnage de Joseph, de devenir l’exemple type du Marseillais exagérant mais aussi débile qu’illettré.
Alors là, on en vient à se demander ce que les Marseillais ont pu faire au réalisateur et acteur pour qu’ils soient aussi mal compris. Car, si Danny Boon avait réussi à toucher le public avec « Bienvenu chez les ch’tis », c’est avant tout parce qu’il les connaissait bien et qu’il avait réussit à utiliser les clichés et les défauts des gens du nord pour mieux mettre en valeur leur qualité. le scénario de "Marseille", fait tout l’inverse, il enfile les clichés tente les bons mots (et parois cela marche), s’essaye même à la tendresse et à l’émotion avec l’histoire de ce père qui eut retrouver ses racines en retrouvant son fils trop longtemps parti. Mais il n’arrive jamais à trouver la bonne tonalité pour mettre en lumière toute cette vie qui coule furieusement dans Marseille. Une nonchalance qui trouve son écho dans la force des voix et cette propension à bafouer les règles et s’adapter à la violence ou aux règles des voisins.
Du coup, on s’ennuie ferme dans cette comédie qui promettait de grands moments et nous laisse dans une vaine tentative de rendre hommage à une ville bien plus complexe que le réalisateur et son équipe ne semblent le penser. Car il ne suffit pas d’habiter à Marseille pour la connaitre, il faut en comprendre son mécanisme. Un manque qui fait cruellement défaut au film. Les personnages manquent de personnalités, ils manquent d’empathie et l’on finit par s’en désintéresser totalement, d’autant que leur histoire glisse doucement vers une intrigue familiale mal bouclée qui se finit sur une pichenette.
En conclusion, « Marseille » est un film bancal, mal maîtrisé par son auteur qui voulait rendre hommage à une ville qu’il habite depuis plusieurs années, mais n’a pas réussit à en comprendre toutes les subtilités pour que son entreprise soit une réussite. Au final, on s’ennuie beaucoup et pour un peu que l’on soit Marseillais, difficile de ne pas imaginer que Kad Merad nous prenne plus pour des demeurés que pour des gens qu’il aime côtoyer.