À trente-trois ans, Mathieu ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel téléphonique lui apprend que celui-ci était canadien et qu'il vient de mourir. Découvrant aussi qu’il a deux frères, Mathieu décide d'aller à l'enterrement pour les rencontrer. Mais, à Montréal, personne n'a connaissance de son existence ni ne semble vouloir la connaître…
Pour son nouveau film de Philippe Lioret continue d'explorer la psyché et notamment les sentiments des gens ordinaires. Dans « Le fils de Jean », il nous embarque à travers la découverte d'un père inconnu et de frères que l'on ne connaissait, pas d'une vie que l'on n’imaginait pas, dans un pays que nous fantasmons chaleureux et dans lequel nous ne sommes finalement pas forcément le bienvenu. On se basant sur un scénario solide écrit toute en simplicité mais avec une efficacité redoutable, Philippe Lioret nous invite à suivre ce parcours à la fois initiatique, inattendu et finalement si nécessaire dans la vie d'un être humain.
Loin de toute effusion de bons sentiments, il dessine devant nous une peinture dans laquelle chaque personnage se reflète dans notre société, on y trouve tout ce que la mort provoque dans l'esprit des enfants, on y trouve la souffrance intérieure, la recherche d'identité, mais également l'avidité, parfois même la différence, sans jamais sombrer dans quelque caricature qui soit. Le scénario dresse ses portraits et les fait s'entrechoquer pour au final nous mettre en lumière toute l'importance et toute la complexité des liens familiaux au fil des années.
De la même manière que dans « Je vais bien ne t'en fais pas » ou encore « Welcome », Philippe Lioret explore la nature humaine avec une mise en scène simple et à la fois complexe qui ne va pas chercher dans les effets ou dans les caricatures mais plutôt dans les regards, dans les postures et surtout dans des dialogues ciselés au cordeau qui ne laisse aucune place à la légèreté, mais au contraire décrit avec une précision presque chirurgicale les méandres tortueux de la construction filiale et nous plonge sans effet mais avec passion dans la complexité des uns et des autres et le spectateur de se retrouver face à sa propre histoire.
Depuis « L'inconnu du lac », Pierre Deladonchamps confirme un parcours quasi parfait et offre, une fois de plus, une prestation tout en retenue à la fois en douceur et à la fois en force. Son personnage à la recherche de sa propre identité à travers la découverte de ce père qu'il ne connaissait pas et qu’il n'imaginait pas se découvre lui-même. Il se trouve face à ces oppositions et à ses propres paradoxes. Face à lui, L'acteur canadien Gabriel Arcand (Folle Embellie), joue tout en subtilité un vieil homme un peu baroudeur qui sait s'imposer lorsque cela est nécessaire mais qui joue en permanence sur le fil du rasoir entre force et émotion retenues.
En conclusion, « Le fils de Jean », le nouveau film de Philippe Lioret est une nouvelle fois une réussite dans l'exploration des liens familiaux et notamment de la complexité lorsque les enfants deviennent adultes et doivent affronter l'image paternelle. Ici le père n'existait pas, il doit se découvrir alors que l'enfant adulte est également devenu père. Ce voyage initiatique devient d'un seul coup la clé de la construction personnelle d'un homme qui doit retrouver ses racines.