L’histoire
Sur une période de 20 000 ans, le monde des forêts se transforme et ses habitants évoluent.
Critique
On a tendance à l’oublier mais le documentaire animalier constitue un exercice particulièrement exigeant, délicat. En la matière, le duo Jacques Cluzaud – Jacques Perrin a fait ses preuves. Les deux patronymes sont désormais un gage de qualité, un sceau d’excellence. Leurs œuvres communes parlent pour eux : Le peuple migrateur (2001), Océans (2009), Le peuple des océans (2011), Les saisons (2015) … et maintenant Le peuple des forêts (2016), série qui nous occupe en ces lignes.
Sorte de « complément » au film Les saisons, Le peuple des forêts nous invite à parcourir 20 000 ans d’histoire, du point de vue des animaux. Un ambitieux voyage dans le temps où les images d’aujourd’hui sont habilement utilisées pour évoquer des temps plus ou moins lointains (exemple : des bœufs musqués en pleine tempête de neige figurent la période glaciaire). Structurée en trois chapitres (L’âge de glace, L’âge d’or de la forêt, Au fil de l’histoire), la série nous montre la forêt comme un univers d’une richesse infinie, un environnement enchanteur bercé par une sorte de magie naturelle.
Solide, maîtrisée, cette série documentaire offre un spectacle ample, riche. Le peuple des forêts, ce sont d’abord des images d’une beauté saisissante, rehaussées par la musique du compositeur Bruno Coulais, coutumier du genre. Devant l’impressionnante qualité des prises de vues, on imagine pourtant les nombreuses difficultés techniques (comment filmer, dans la continuité, une meute de loups traquant des chevaux à travers bois ?) et la patience requise pour saisir les « bons » moments. Le résultat final n’en est que plus remarquable. On relèvera aussi que Cluzaud et Perrin se gardent bien d’éviter certains écueils du genre. Ici, point d’anthropomorphisme (l’une des pires tares possibles en matière de documentaire animalier) ou de propos balourd (le commentaire se fait rare et s’avère toujours pertinent). De même, si Le peuple des forêts aborde nécessairement les impacts de plus en plus forts de l’Homme sur les étendues boisées (territoire grignoté, remanié), il ne joue pas la carte du discours lourdement moralisateur. Ici, le message est à la fois lucide et optimiste, les auteurs saluant in fine le retour de certaines espèces après de longues périodes d’absence (lynx, ours, loups, etc.).
Verdict
Supérieure au film Les saisons dans la mesure où elle a le loisir de développer son sujet sur près de trois heures, la série Le peuple des forêts offre un spectacle superbe et instructif, touchant et apaisant.