Rien ne résiste aux entreprises de séduction de la Marquise de Merteuil et du Vicomte de Valmont. Ni la jeune vertu de Cécile de Volanges, ni la pruderie de la présidente de Tourvel, ni les purs sentiments du Chevalier Danceny. Sous les lustres de l’Opéra et sous les frondaisons des parcs, dans le secret des alcôves et dans les lettres remises en cachette, la comédie de l’amour déploie ses jeux, ses masques et ses pièges. Mais au-delà de l’échiquier des stratégies libertines se tisse un réseau de tendresses et de désirs plus profonds. Unis par leurs complots et leurs secrets, Merteuil et Valmont règnent sur les salons et les boudoirs de cette aristocratie qui ignore que sa fin approche. Tels deux seigneurs sur le même territoire, ces virtuoses de l’intrigue amoureuse finiront par s’affronter. Et dans ce duel sans merci, un sentiment sincère est une faille mortelle.
Quatre ans après « Amadeus », Milos Forman revient avec une adaptation du livre de Pierre Choderlos de Laclos : « Les liaisons dangereuses ». À la différence du réalisateur anglais Stephen Frears, Milos Forman ne s’intéresse pas à une adaptation fidèle du roman (au point d’en changer la fin, notamment), mais plutôt au personnage central incarné par Valmont. Parti de là, le réalisateur aidé par son scénariste Jean-Claude Carrière (Milou en Mai), va adapter une partie du roman qui mettra en lumière toutes les nuances et tous les tourments de ce personnage emblématique de la littérature Française. Bien sûr on y retrouve le duel qui oppose le Vicomte de Valmont avec la Marquise de Berteuil, et notamment cette soif de vengeance que cette dernière veut étancher avec l'aide du séducteur de la cour. Mais ce qui est intéressant dans l'adaptation de Milos Forman et de Jean-Claude Carrière, c'est qu'il ne cherche pas à populariser le film, mais au contraire à mettre en perspective toutes les nuances et les ambiguïtés qui font de cette histoire singulière un reflet presque minutieux de ce que pouvait être la cour au XVIIIe siècle.
Comme à son habitude, Milos Forman offre une reconstitution particulièrement précise du XVIIIe siècle, et dépeint ses personnages avec toute la complexité, qui faisait la société sous le règne du roi Louis XVI. Comme il l’avait déjà fait avec « Amadeus », Milos Forman tire une histoire à la fois complexe et simple mais surtout assure une mise en scène virtuose qui permet à la fois d'utiliser du grand-angle sur ces grands espaces qu'offrent les campagnes parisiennes, mais également une caméra un peu plus intimiste lorsque l'on est dans les alcôves des palais royaux. Valmont, n'est pas simplement un séducteur patenté il est également un personnage complexe dont l'amour parfois se mélange avec le besoin de séduction et la rivalité qui s’attribue avec les autres contemporains de son époque.
Côté distribution Annette Bening (The Kids are All Right) est absolument réjouissante dans le rôle de la marquise de Merteuil, et parvient à lui insuffler, à la différence de Glenn Close dans la version de Stephen Frears, une sorte de douceur reptilienne, qui sied parfaitement à son personnage. La surprise toutefois vien de Valmont. Pour ceux qui ne connaissaient pas les débuts de carrière de Colin Firth (le discours du Roi), l'acteur transcende son rôle et parvient à lui donner un côté aristocrate français particulièrement bien dosé et remarquable. « Valmont » de Milos Forman, est également l’occasion de retrouver le jeune Henry Thomas dans l'un de ses grands rôles après celui d’Elliott dans « E.T. » de Steven Spielberg.
En conclusion, cette version restaurée de « Valmont » de Milos Forman, est à redécouvrir, notamment parce que le film avait souffert d'une concurrence imprévue du film de Stephen Frears : « Les liaisons dangereuses ». Pourtant la version de Milos Forman se démarque par un scénario solide qui tourne autour du personnage de Valmont et non plus autour du personnage de la Marquise de Merteuil comme dans la version anglaise. Le film se regarde avec toujours autant de passion et le jeu des acteurs tels que Annette Bening ou Colin Firth parvient à donner toute la nuance nécessaire et fait radicalement la différence avec le film de Stephen Frears