Iris, la femme d’Antoine Doriot, un riche banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à son enlèvement. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer la vérité sur l’affaire qui se déroule sous leurs yeux.
Le réalisateur Jalil Lespert (Yves Saint Laurent) sait imposer des ambiances et livre un regard assez précis sur les scénarios qu’il traite. Il nous l’a prouvé maintes fois, notamment à travers des films qui avaient pour point commun de chercher à comprendre les tourments de ses héros, qu’ils soient grand couturier, Roi soleil (Versailles) ou encore Veuf anéantis (Des Vents Contraires. Le réalisateur trouve toujours dans ses personnages, une faille, ou une dureté qui les rendent si captivant, au point de pouvoir en tisser des ambiances et des histoires qui viennent ainsi mettre en lumière tous leurs paradoxes et toutes leurs nuances.
Dans « Iris », le réalisateur se lance un nouveau défi, celui de faire le remake d’un film japonais, sorti tout droit en Dvd dans nos contrées, mais qui avait la particularité d’imposer une intrigue à tiroir assez bien menée. Ici, Max, un mécanicien endetté, va se laisser entraîner dans une histoire de faux enlèvement qui va la plonger dans un imbroglio dévastateur. Après avoir signé l’adaptation du scénario d’origine, Jalil Lespert s’est donc approprié cette histoire et y a mis toutes ses références au genre telles que « Sueurs Froides » d’Alfred Hitchcock et « Blow Out » de Brian De Palma.
Et c’est bien toute l’intelligence de la mise en scène que de mettre toutes ces influences au service de l’histoire, car elles donnent au film une ambiance et une texture particulière. Notamment par un éclairage très froid qui rend le Paris du Film comme une sorte de ville sans âme, dénué de chaleur et plongeant forcément les personnages dans une destinée bien sombre.
Pourtant la mise en scène de Jalil Lespert ne parvient pas à convaincre totalement ! Notamment par un manque de rythme évident qui vient plomber la narration et du coup mettre à mal la concentration du spectateur. A vouloir en dire trop ou pas assez, le réalisateur se laisse aller à la surenchère d’information et parfois même au manque de subtilité, pour, au finale, laisser le spectateur dans un rôle de voyeur passif, et donc, ne pas l’impliquer dans une histoire qui pourtant nécessiterait, à l’évidence, un peu d’effort. Du coup, le film manque sa cible par une ambiance parfaitement dosée dans sa mise en scène mais bancale dans son rythme.
Pourtant la distribution est particulièrement convaincante. A commencer par
Romain Durys (L’auberge Espagnole) tout en force et en nuance. Alors que l’acteur a pu, parfois, décevoir dans des sujets qui ne semblaient pas vraiment lui convenir, il est ici tout en justesse en force et en nuance. Comme dans ses meilleures compositions, chez Audiard par exemple. Dans cette situation qui rend son personnage tout en paradoxe, le comédien en tire une prestation remarquable en tous points. Face à lui
Charlotte Le Bon (La Marche) confirme tout le bien que l’on pensait d’elle avec une composition qui mêle une certaine innocence et une force sortie d’on ne sait où, qui donne à son personnage un volume manichéen surprenant dans ce type de film. Et c’est tant mieux, car cela donne finalement toute consistance au film de Jalil Lespert et vient d’une certaine manière compenser les manques de rythme de la mise en scène.
En conclusion, « Iris », est un remake signé Jalil Lespert qui ne manque pas d’intérêt notamment par une photographie réussit qui donne au film une texture si particulière, pour plonger les personnages dans une intrigue entre froideur et cynisme. Mais le rythme lent est souvent déstabilisant et positionne le spectateur dans la position de voyeur passif, sans réellement l’impliquer dans l’histoire. Pourtant la distribution brille par son talent et sa précision de jeu.