Alors que 5000 passagers endormis pour longtemps voyagent dans l’espace vers une nouvelle planète, deux d’entre eux sont accidentellement tirés de leur sommeil artificiel 90 ans trop tôt. Jim et Aurora doivent désormais accepter l’idée de passer le reste de leur existence à bord du vaisseau spatial. Alors qu’ils éprouvent peu à peu une indéniable attirance, ils découvrent que le vaisseau court un grave danger. La vie des milliers de passagers endormis est entre leurs mains…
Dans, « Imitiation Game », le réalisateur Morten Tyldum nous racontait comment le mathématicien et cryptologue Alan Turing déchiffra le code secret nazis et comment il en profita pour créer le premier ordinateur de l’histoire. Il en profitait au passage pour s’interroger sur la condition des homosexuels dans une Europe encore peu enclins a leur trouver une place dans leur société et surtout toujours prête à brûler ses héros pour peu qu’ils ne répondent pas aux sacro-saints codes sociétaux. Avec « Passengers », le réalisateur nous entraine dans un autre univers et dans une autre époque, pour se poser une question sur la solitude des êtres et le besoin intrinsèque de ne pas être seul lorsque le monde s’écroule. Pour autant pouvons-nous entraîner quelqu’un contre son grés, sous le poids de cette solitude pesante ?
Avec beaucoup de subtilité, il faut bien le dire, le scénariste Jon Spaihts, déjà auteur de « Docteur Strange » nous amène à nous interroger sur les choix difficiles, il faut bien le dire, d’un personnage dont la capsule d’hibernation vient de se déclencher par erreur et qui se voit réveillé 90 ans trop tôt. La vérité criante est que Jim commence d’abord par profiter de cette aubaine d’être seul dans un espace qui lui ouvre grand ses bras pour ensuite subir le poids assommant d’une solitude que le ronge à mesure que le temps passe. Il décide donc de réveiller Aurora, une jeune femme dont il est tombé virtuellement amoureux. Mais a-t-il le droit de réveiller un autre passager pour ne plus à subir la solitude ? Jamais dans l’outrance et avec une certaine retenue, le scénario ne prend position que pour mieux forcer le spectateur à s’interroger, que dis-je à s’identifier.
Du coup, le réalisateur part sur une base de travail solide, et après avoir envisagé son héros sous les traits de Keanu Reeves (Matrix), il a choisi Chris Pratt (Les Gardiens de la galaxie) pour incarner son personnage principal et Jennifer Lawrence (Joy) pour lui répondre. Les deux acteurs évoluent alors dans un décor gigantesque où tout est possible et où tout est fait pour noyer les noyer et prendre encore plus le tempo de ce temps qui s’étire inlassablement et de cette solitude qui s’installe inexorablement. Utilisant différentes techniques pour mieux imprégner chaque personnage de l’univers dans lequel il évolue, le réalisateur signe une mise en scène étonnante de sobriété et s’amuse avec les espaces et le temps pour que son histoire s’impose doucement et inévitablement.
Les deux acteurs, sans faire dans l’excès parviennent à aller chercher des émotions au plus loin de leurs habitudes, à l’instar de Chris Pratt qui livre dans une scène redoutable de puissance, une composition remarquable et aboutie qui touche son but. L’acteur se révèle sensible et intuitif pour mieux servir un rôle complexe qui nécessite de jouer sur les cordes sensibles de la nuance et de la précision. Face à lui Jennifer Lawrence confirme un parcours sans faute et s’installe décidément comme l’une des meilleures (sinon la meilleure !!!) actrice de sa génération.
En conclusion, « Passengers » est un grand film de science-fiction qui, sous ses airs de superproduction, parvient avec une mise en subtile et un scénario parfaitement bien ciselé à nous faire partager un grand moment d’émotion et de spectacle. Un numéro d’équilibriste brillant et captivant.