Casablanca 1942. Au service du contre-espionnage allié, l'agent Max Vatan rencontre la résistante française Marianne Beauséjour lors d'une mission à haut risque. C'est le début d'une relation passionnée. Ils se marient et entament une nouvelle vie à Londres. Quelques mois plus tard, Max est informé par les services secrets britanniques que Marianne pourrait être une espionne allemande. Il a 72 heures pour découvrir la vérité sur celle qu'il aime.Après avoir exploré l’univers de l’image de synthèse dans les années 2000 avec les très oubliables
le Pôle Express,
la légende de Beowulf puis le
Drôle de Noël de Scrooge, la filmographie de Robert Zemeckis s’est au contraire enrichie ces dernières années avec
Flight puis
The Walk, deux longs-métrages ou le réalisateur dressait une image définitivement plus humaine et nuancée du « héros » en le mettant face à ses propres démons/addictions. Avec
Alliés, Zemeckis avait toutes les cartes en mains pour rendre un vibrant hommage au mythique Casablanca de Michael Curtiz. Un budget à la hauteur des ambitions du film avec près de 85 millions de dollars, et un casting cinq étoiles ou le couple Humphrey Bogart et Ingrid Bergman est incarné par les deux têtes les plus bancables du moment : Brad Pitt et Marion Cotillard.
Sur le papier, tout cela était alléchant, et le début du film rassure rapidement le spectateur sur le fait que nous sommes bien loin d’un simple
Mr & Mrs Smith version Seconde Guerre Mondiale. Malgré les faiblesses dont souffre Alliés, et sur lesquelles nous reviendrons plus avant dans ces lignes, Zemeckis adopte une approche plus classique du cinéma, plus « old-school », laissant le temps au film d’exister au travers de plans posés et visuellement splendides, bien loin de la mode épileptique et pressée à laquelle Hollywood cède depuis quelques années, mais également d’une histoire qui glisse lentement mais sûrement du film d’espionnage glamour vers un regard plus approfondi sur l’image du couple et ses petits secrets, prenant un malin plaisir à jouer avec la réalité et les faux-semblants, une thématique déjà exploitée dans
Apparences. L'homme renoue avec une certaine idée du cinéma d’autrefois, mêlant romantisme et nostalgie, la transposant avec une certaines maestria à l’époque contemporaine.
Plus qu’un technicien hors-pair capable d’assurer le spectacle, et malgré une filmographie des plus inégales depuis Seul au Monde, le réalisateur a toujours été un formidable conteur, un talent qui contribue à rendre le récit prenant de bout en bout.
Toutefois, le film se voit en partie fragilisé par ses têtes d’affiches et des seconds rôles sous-exploités. Après son rôle magistral dans le
Macbeth de Justin Kurzel, la prestation de Marion Cotillard lui permet enfin d’explorer un autre registre autrement plus nuancé que celui auquel Hollywood l’a cantonné à ses débuts, à l’opposé pourtant, Brad Pitt constitue sans nul doute l’une des principales faiblesses du film. Peu crédible dans son rôle d’espion, le jeu stéréotypé et l’attitude empruntée de l’acteur fragilisent l’ensemble, ne permettant jamais d’atteindre l’alchimie escomptée, bien loin du souvenir de sa dernière grande prestation dans
l’Assassinat de Jesses James par le lâche Robert Ford. De plus, la rareté des scènes entre les deux principaux protagonistes et le manque de dualité empêche de donner suffisamment de liant à l’histoire.
Pour conclure,
Alliés est un film qui oscille entre réussite et demi-échec. Zemeckis rend
un vibrant hommage à tout un pan du cinéma hollywoodien que les nostalgiques de l’âge d’or du cinéma apprécieront très certainement. Il en résulte un divertissement prenant, attachant et émouvant par moment, notamment lors de la seconde partie où le film prend des allures d’antithèse de Casablanca,
mais qui ne parvient que trop rarement à faire oublier ses quelques maladresses et un casting en demie-teinte.