Un groupe d'explorateurs plus différents les uns que les autres s'aventurent au cœur d'une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu'ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…
Qu'est-ce qu'un mauvais film ? Qu'est-ce qu'un film raté ? Et biens c'est un long métrage plein de promesse qui enfile les perles sans aucun sens des harmonies de couleurs, sans imaginer un seul instant le plaisir intelligent que le spectateur pourrait éventuellement prendre face à un spectacle à vous couper le souffle. Avec " Kong Skull Island" on est typiquement dans ce cas-là ! Le spectateur qui gratte un peu, y verra forcément des références académiques aux grands maîtres du cinéma Japonais comme Kurosawa, et d'autres aux américains comme Coppola où évidemment Peter Jackson. Mais est-ce que cela suffit à faire un film ? Basiquement oui ! Mais au final non ! Parce qu'évidemment pour que la sauce prenne, il faut du corps à l'ensemble, un peu de finesse dans le propos ou dans la mise en scène. Il ne suffit pas de faire des mouvements de caméras à la japonaise tournant autour des visages, ou encore en utilisant des filtres et des ralentis pour garantir une esthétique renversante.
Et c'est bien tout le problème de « Kong Skull Island ». Le film ne va jamais plus loin que le basique d'un singe géant qui se met un peu trop facilement en colère, face à des humains colonisateurs et conquérants. Le scénario reprend les bases qui ont fait le succès du singe géant, notamment la jeune fille ingénue qui va troubler le gorille le plus célèbre du monde mais sans jamais parvenir à le rendre totalement à la hauteur de ses prédécesseurs. Car en référence avec le « King Kong » de Peter Jackson (que je trouvais, déjà, beaucoup trop long, pourtant !) le gorille apparaît bien fade. En effet le réalisateur du « Seigneur des Anneaux » et Andy Serkis, qui interprétait le Kong justement, avaient été chercher l’humanité du monstre simien pour mettre en lumière l’avidité des hommes et leur aveuglement permanent au détriment d’une espèce qui peut les dépasser.
Dans leur scénario, les auteurs Max Borenstein (Godzilla), Dan Gilroy (NightCall) et Derek Connolly (Jurassik World) reprennent les codes du « King Kong » d’origine de Merian C. Cooper et Edgar Wallace, et en tire une nouvelle histoire censée narrer les origines du mythe et notamment comment il acquiert ses galons de Dieu de cette île isolée au large de Sumatra. Mais, à défaut d’idées intéressantes et révolutionnaires, les scénaristes se limitent à une succession de scènes sans âmes et d’intrigues tenant sur trois lignes, dans laquelle, des explorateurs après la fin de la guerre du Viêt-Nam décident d’aller sur une île isolée et non explorée à la recherche de créatures hors normes. Ils seront accompagnés d’une photographe de presse, d’un militaire efficace et d’un colonel et sa troupe de mercenaires bien décidés à ne pas se laisser grignoter le moindre membre par une éventuelle créature simiesque qui ne les attend pas avec le sourire. Parti de là, le film ne se relève pas d’une fausse fable sur l’homme et la nature et s’enferme au contraire dans un style propre à la série Z de bas niveau dans laquelle on « zigouille » à tout va, avec une réserve de munition qui force le respect.
Et côté mise en scène, on n’obtiendra pas mieux, si ce ne sont des plans pompés chez les uns et les autres. Jordan Vogt-Roberts (The King of summer) enfonce des portes déjà ouvertes et pour son premier blockbuster se lance dans une succession de scènes empruntées un coup à « Apocalypse now », un autre coup à « Platton » puis au « King Kong » de Peter Jackson ou encore aux « 7 Samouraïs » de Kurosawa, mais jamais n’arrive à donner à son film une signature personnelle qui puisse le rendre intéressant. Encore moins lorsqu’il utilise des ralentis à foison ou encore des effets de filtre : Jaune et Rouge lorsque l’on bataille contre le Kong, Vert lorsque les militaires lui tendent un piège bien vicieux et ainsi de suite. Dès la scène d’ouverture, on comprend que le réalisateur a fait le choix de l’esthétique criarde et sans âme.
On finira par la distribution complètement absente, à commencer par Tom Hiddelston (Crimson Peak) que l’on a vu en meilleur forme et qui semble se demander en permanence ce qu’il fait là. Même
Samuel L.Jackson (Pulp Fiction) surjoue à l’outrance et nous ennuie plus qu’il ne parvient à nous convaincre. Seul
John C.Reilly (Les Cow-Boys) parvient avec humour à tirer son épingle du jeu. Du coup ce « Kong : Skull Island » nous laisse un goût amer, tant on pouvait espérer plus, alors qu’au final le résultat est désastreux, avec du trop et pas assez de tout. Le film ressemble à un plat qu’un chef sous acide aurait fait en mettant tout ce qu’il avait sous la main : Indigeste. Même le Kong lui-même a perdu toute l’humanité qui finissait par sortir des précédents. Un Drame !