En Nouvelle-Zélande, dans les années 1870. Alors que les Anglais viennent de coloniser le pays, un jeune guerrier maori se rebelle contre l'envahisseur...
D’abord « Utu » c’est une curiosité, le deuxième plus gros succès de l’histoire du cinéma Néo-Zélandais, on l’approche avec une certaine anxiété au regard de cette affiche à la fois mystérieuse et un brin anxiogène sur laquelle on peut voir ce guerrier Maori particulièrement mal embouché. Dés les premières minutes, on se sent un peu perdu par une mise en scène un peu décousue et des acteurs qui semblent un peu lâchés à l’aventure sans trop d’indication. Et puis petit à petit on commence à comprendre que le scénario du film ne va pas nous retracer une page de l’histoire réelle, mais va plutôt s’amuser à mélanger des personnages, les faire se croiser et surtout faire des protagonistes des être ni tout mauvais ni tout gentils.
Et c’est là la force de « Utu », un scénario que ne va pas s’amuser à pointer les responsabilités des uns et des autres en privilégiant les autres et les uns. Il va au contraire utiliser ce qui fait la force de ce pays, un attachement à la terre, à sa culture ancestrale mais également à sa pluriculture, qui devrait être un exemple par de là nos contrées. Dans « Utu », chaque camps a quelque chose à se reprocher et chacun des belligérants cherche à faire valoir un attachement à la terre, mais également et c’est peut-être le plus surprenant : à cette fraternité dont chacun se revendique en faisant sauter les barrières de la race, de la couleur de peau et de la croyance.
La mise en scène décousue du réalisateur Geoff Murphy, connu par chez nous pour avoir réalisé « Le Pic de Dante » est volontairement décousue et se laisse quelques plages pour faire naitre une romance, pour mieux coller à l’esprit de ce pays structuré comme un puzzle dont chacune des pièces sert à réaliser une œuvre nationale fière et rayonnante qui rendent ce pays si originale et exemplaire dans la cohabitation de peuples qui ne se connaissaient pas à l’origine de cette terre mais qui ont su faire naitre les germes de la fraternité, dans la douleur et dans l’esprit, mais y sont parvenus.
Côté distribution, la surprise vient surtout de son interprète principal Anzac Wallace qui interprète avec une violence dans le regard et dans le jeu saisissant pour un acteur amateur qui n’est autre qu’un leader syndicaliste local. Face à lui les acteurs professionnels font un job de grande précision, qui peut pour certain passer du léger au plus sombre pour donner corps à cette aventure historique mais pourtant romanesque.
En conclusion « Utu » est un film Néo-Zélandais finement écrit et remarquablement mise en scène par un réalisateur qui a bien compris que son pays pouvait donner une bonne leçon à bon nombre de nations dans le monde tout en gardant jalousement sa culture et son identité. A découvrir de toute urgence.