Maryline a grandi dans un petit village. Ses parents ne recevaient jamais personne et vivaient les volets clos. À 20 ans, elle "monte à Paris" pour devenir comédienne. Mais, elle n'a pas les mots pour se défendre. Elle est confrontée à tout ce que ce métier et le monde peuvent avoir d'humiliant mais aussi de bienveillant. C'est l'histoire d'une femme, d'une femme modeste, d'une blessure.
Guillaume Gallienne avait pris tout le monde à contre-pied avec l’adaptation de son spectacle « les Garçons et Guillaume à table », dans lequel il expliquait au public comment il avait du lutter toute sa vie pour faire entendre à sa famille qu’il n’était pas homosexuel. Avec « Maryline », le réalisateur s’intéresse à cette dure loi du cinéma qui broie aussi facilement les être sensible qu’elle les rend célèbres. Une histoire maintes fois reprises et particulièrement dans les biopics qui décrivent les dessous de destins devenus célèbres et adulés.
Comme à son habitude, l’acteur réalisateur prend tout le monde à revers puisqu’il décide de parler d’une actrice inconnue qui tente de faire son petit bonhomme de chemin dans une industrie ou plus que l’apparence, c’est la capacité à encaisser les coups qui prédomine. Une histoire qui lui a été inspirée par le récit d’une actrice que le réalisateur avait rencontré, il y a une quinzaine d’année et qui avait particulièrement marqué le comédien. Il le dit lui-même : « J’avais déjà proposé l’histoire de Maryline à mes producteurs avant « Les Garçons et Guillaume à Table ». Et ce qui marque, avant tout dans l’histoire que nous décrit le réalisateur c’est ce manque de lumière, une absence de paillette qui pousse le spectateur à mieux voir ce monde sous l’angle plus nuancé de la vraie vie, de la simple vie.
Et, pour cela, alors que le cinéma ou le théâtre porte le verbe haut, « Maryline », elle, ne manie pas la langue comme elle voudrait, elle ne parvient pas à s’imposer face à des réalisateurs indélicats et caractériels qui la poussent à l’humiliation. La jeune fille plonge doucement dans un refuge nauséabond qui va la faire se perdre et se perdre encore à mesure que les bonheurs et les déconvenues se succéderont. Une histoire, finalement, assez banale où les rêves se transforment en une dure réalité pleine de nuances, qui vient marquer les être qu’ils soient combatifs ou non. Ici l’héroïne ne lâche rien de ce qu’elle veut et même si son bonheur est bien fragile et peut se rompre à chaque instant, elle tient à son ambition pour ne pas retourner ans ce qu’elle a fui.
Et si le scénario est éminemment impeccable, la mise en scène et les choix de narration ne sont pas forcément du goût de tout le monde. Notamment, parce que le montage peut parfois décontenancer le spectateur qui voit devant lui se mélanger, la réalité et la fiction, sans grande transition marquée, bien au contraire, si l’on excepte la fin. Du coup, il apparaît difficile pour le spectateur dans les premières minutes du film, de se repérer dans la narration, et alors qu’il parvient à se sentir en confiance dans l’intrigue, les cartes se mélangent à nouveau, et finissent pas lasser quelque peu le spectateur.
Côté distribution, l’actrice et sociétaire de l’académie française, à l’instar du réalisateur, Adeline D’Hermy (Camille Redouble) impose une rigueur tout académique à la composition de son personnage à la fois tendre, naïve et lunaire qui s’oppose avec les dérives d’une personnalité accro à l’alcool et qui se perd d’une telle addiction. Avec une subtilité et une force évidente, l’actrice porte le film à bout de bas et lui apporte toute cette folie et cette tendresse qui la rende encore plus touchante.
En conclusion, « Maryline », le nouveau long métrage de Guillaume Gallienne est une œuvre qui plonge le spectateur sans fard ni paillette dans les coulisses de comédiens faits d’espoirs et de désillusions, de bonheurs et d’addictions en tout genre qui rendent ce métier tout autant attractif qu’inquiétant. Un seul regret pourtant, une mise en scène décousue qui veut jouer la carte de la déstructuration où se mêlent la réalité et la fiction, la vie et l’œuvre qui s’en inspire. Mais à trop vouloir en faire, le réalisateur à tendance à perdre son auditoire.